Quand l’hôpital devient un incubateur de start-up

Les hôpitaux pourraient devenir les locomotives du secteur. © BELGAIMAGE

Des cellules d’innovation médicale seront organisées dans plusieurs hôpitaux wallons. Objectif: développer les medtechs en misant sur les collaborations entre médecins et ingénieurs.

Les implants ophtalmiques d’Eyed Pharma, les orthèses en 3D de Spentys, les dispositifs de prévention des apnées du sommeil de Nyxoah… De plus en plus de sociétés émergent en Wallonie dans le secteur des medtechs (technologies et appareils médicaux) et il serait sans doute opportun d’accentuer le mouvement. C’est la mission confiée par le gouvernement wallon au pôle de compétitivité MecaTech (sciences de l’ingénieur) chargé d’accompagner la création de cellules d’innovation médicale au sein des hôpitaux. Celles-ci réuniront du personnel médical et des entreprises medtechs et d’ingénierie, avec l’ambition affichée de faire émerger de nouveaux projets industriels grâce à la collaboration entre les différents acteurs.

Le secteur des medtechs n’a pas de grandes entreprises structurantes comme c’est le cas dans la pharmacie.” Anthony Van Putte (MecaTech)

Au début de la crise sanitaire, on a découvert qu’en collaborant, des entreprises wallonnes pouvaient parfaitement produire, par exemple, des respirateurs. “Beaucoup ont alors pris conscience des compétences du tissu économique, explique Anthony Van Putte, directeur général de MecaTech. Les hôpitaux ont formulé de plus en plus de demandes concrètes.” L’idée est maintenant de systématiser ces collaborations entre médecins et ingénieurs pour que les seconds planchent sur les innovations dont les premiers ont besoin et pour accélérer les processus de validation clinique des nouvelles technologies. “Nous avons des entreprises réputées dans la mécanique de précision ou l’électronique qui pourraient parfaitement réorienter leurs activités vers les medtechs, estime Karim Zouaoui, directeur du Laboratoire de médecine expérimentale de la faculté de médecine de l’ULB au CHU de Charleroi. La collaboration avec l’ingénieur facilite le processus de traduction de nos idées d’innovation en un cahier des charges technique. Ensemble, nous matérialisons l’idée en innovations technologiques tangibles et agiles.”

Essentiellement des PME

Le secteur des medtechs représente une centaine d’entreprises en Wallonie (250 sur l’ensemble du pays). Le chiffre d’affaires de ces sociétés a doublé en 10 ans et l’emploi y progresse de 10% par an (3.200 travailleurs). “Pour l’instant, même si quelques entreprises grandissent très bien, cela reste un tissu essentiellement de PME, reprend Anthony Van Putte. Il n’y a pas de grandes entreprises structurantes comme c’est le cas dans la pharmacie. Les hôpitaux, qui sont de grandes entreprises, peuvent jouer ce rôle et devenir les locomotives du secteur.”

Concrètement, l’histoire va démarrer avec un modeste budget de 250.000 euros, tout juste validé par le gouvernement wallon, et qui servira au lancement de cellules d’innovation médicale aux CHU de Charleroi et de Liège, ainsi que dans un hôpital du Brabant wallon. S’il répond aux espoirs, le système devrait ensuite essaimer dans les réseaux hospitaliers de Wallonie et distiller cette culture d’innovation et d’entrepreneuriat dans tous les établissements.

Anthony Van Putte
Anthony Van Putte© PG

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