Panora.Me : ce qui a poussé les fondateurs à vendre

Antoine Marot et Raphaël de Borman © PG

Ce n’est sans doute pas le ” deal de l’année “. Mais le rachat annoncé, en plein coeur de l’été, de la start-up bruxelloise Panora.Me par Picsolve, le géant mondial de la capture d’images dans les parcs d’attractions et les lieux touristiques, ressemble à une belle histoire entrepreneuriale. Alors que la jeune pousse n’a été fondée qu’il y a trois ans.

Lorsqu’ils lancent leur concept en 2016, le duo d’entrepreneurs Raphaël de Borman et Antoine Marot s’adresse au marché de l’événementiel et du tourisme (les villes). Il invente les ” super selfies ” c’est-à-dire des portraits en mode panorama, avec un recul pouvant aller jusqu’à 150 mètres de distance. Idéal dans des endroits sensationnels ou devant des monuments imposants.

Pénétrer un marché cadenassé

Mais les événements n’offrent pas de récurrence et les villes sont des clientes compliquées : les projets sont souvent soumis à des appels d’offre et les responsables se montrent frileux. Même s’ils se trouvent quelques clients, comme la Ville de Bruxelles, les fondateurs sentent qu’ils doivent explorer d’autres pistes. Soutenus financièrement par l’accélérateur liégeois Leansquare (seul actionnaire extérieur avec 300.000 euros investis en deux fois), les fondateurs veulent faire entrer leur solution dans les parcs à thème et d’attractions. Mais ” cet univers-là, commente Raphaël de Borman, fonctionne sur base de concessions accordées par les parcs à d’autres acteurs. Ce sont des contrats de plusieurs années basés sur un partage de revenus “. Pas simple à pénétrer, pour une start-up qui débarque… Surtout que chaque installation coûte plus de 20.000 euros !

2 exits Panora.Me est la deuxième vente pour l’accélérateur liégeois Leansquare. La première était Peak Me Up en 2016.

Panora.Me décide alors de s’adresser aux gros acteurs du secteur et de leur proposer un partenariat. Il s’agit de la meilleure (sinon la seule) solution d’accéder aux parcs à thème. Quand les deux entrepreneurs les approchent, ils jouent la carte de la transparence : ” Je leur ai clairement expliqué qu’on n’avait pas de modèle économique mais une expérience de terrain, qu’on voulait faire des tests avec eux et mettre notre technologie à leur disposition “, se souvient Raphaël de Borman. Le premier à leur taper dans la main, en 2018, c’était la société britannique Picsolve, spécialisée dans la capture d’images pour l’industrie touristique. Elle a rapidement chargé la start-up belge d’installer son ” super selfie ” au Studio City, un casino resort de Macao. C’est à ce moment que les deux sociétés se sont fiancées : leur partenariat était exclusif et contenait déjà les conditions d’un rachat. Y compris la valorisation de la start-up ! C’est comme cela qu’un an après des fiançailles réussies, les deux parties ont décidé de s’unir pour de bon. Une aubaine pour les fondateurs de Panora.Me qui, visiblement, n’auraient peut-être pas réussi à s’imposer seuls sur ce marché si cadenassé.

Une opportunité techno pour l’acquéreur

Pour Xavier Peters, invest manager chez Noshaq (ex-Meusinvest/Leansquare), ” cette acquisition est une belle opération, à tous les niveaux. Pour Panora.Me, c’est l’occasion de continuer à accélérer. Et pour Picsolve, c’est une opportunité d’acheter une technologie et de continuer à innover. ” D’ailleurs, Panora.Me sera renommée Picsolve Lab et deviendra l’entité d’innovation du groupe.

Les parties ne dévoilent pas le montant de la transaction. ” On n’est pas sur une valorisation comme on peut en voir dans le domaine du SAAS où l’on parle de multiples du revenu mensuel récurrent “, se contente d’admettre Xavier Peters. Mais à l’en croire, l’opération serait ” très positive “. Un observateur se montre un peu plus nuancé : ” Quand on n’annonce pas le montant, c’est souvent qu’il n’est pas flamboyant. Il ne s’agit probablement pas du jackpot pour les fondateurs et les investisseurs. Néanmoins, il y a fort à parier que ces derniers s’y retrouvent, avec une petite plus-value. ” Ce qui n’est déjà pas si mal pour une start-up qui s’adressait essentiellement à un marché verrouillé.

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