Orléans

On ne s’étendra pas ici sur la polémique des dessins antisémites de Yann Moix. Mais on ne pourra pas éviter celle qui entoure son nouveau roman, puisqu’elle touche en son coeur. L’auteur y décrit les années de martyre vécues durant sa jeunesse. Violenté par son père, ignoré par sa mère, des géniteurs qui n’hésitent pas à l’abandonner la nuit au fond des bois ou qui le forcent à manger ses excréments devant les invités, voilà quelques-unes des scènes cauchemardesques rapportées dans Orléans. Le lecteur, effaré, avale ces souvenirs consciencieusement classés, de la fin de la maternelle à l’université. En regard des violences au sein du domicile familial (” Dedans “), le romancier fustige, selon une même méthode mais sur un ton moins âcre, un système scolaire (” Dehors “) incapable de tirer vers le haut. La littérature l’a sauvé, en particulier Gide, Péguy et Ponge. Des passages à l’émotion bienvenue dans ce livre abrupt et violent. Malheureusement, la réception familiale de l’ouvrage – Alexandre, le frère, et le père de l’écrivain en nient la teneur et pourraient aller au procès – et la pitoyable défense de Yann Moix ont tôt fait de semer le doute sur la sincérité du roman- confession. Nombre d’auteurs dissimulent dans leurs fictions les effets d’un douloureux traumatisme. La suspicion ici semée, le public se demande si le récit présenté comme authentique n’est au final pas fantasmé.

Yann Moix, ” Orléans “, éditions Grasset, 272 pages, 19 euros.

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