Notre système est-il libéral ?

Il ne se passe pas un jour sans que, dans l’une ou l’autre déclaration d’un politicien ou dans un journal, on lise une critique de notre système ou de notre gouvernement, décrit comme ” libéral “. Souvent, l’opprobre attaché à ce terme est encore accentué par le recours aux néologismes ” ultralibéral ” ou ” néolibéral “.

Une définition communément reconnue du libéralisme est qu’il s’agit d’une doctrine qui ” repose sur l’idée que chaque être humain possède des droits fondamentaux naturels précédant toute association et qu’aucun pouvoir n’a le droit de violer “. En principe, le libéralisme ” veut limiter les obligations imposées par le pouvoir … au profit du libre choix et de l’intérêt de chaque individu indépendamment des autres “. Cela implique une limitation du rôle et du pouvoir de l’Etat.

Sur le plan économique, il est vraiment difficile de soutenir que notre système serait ” libéral “. Certes, depuis quelques décennies, l’Etat a, dans la plupart des pays européens, accepté la privatisation de certains services publics qu’il gérait lui-même. Le plus souvent, comme pour la vieille RTT belge, cela s’est passé au profit de l’efficacité des services pour le consommateur. Mais l’emprise de l’Etat sur l’économie n’a globalement cessé de s’accroître de manière considérable. Aujourd’hui, l’Etat belge dépense plus de 55 % du PIB et prélève sous forme d’impôts et autres cotisations près de la moitié de celui-ci. C’est historiquement plus, et très nettement plus, qu’à toute autre période de l’histoire, et ce n’importe où dans le monde, Etats communistes exceptés.

Les sanctions sont aujourd’hui possibles pour presque n’importe quoi et affectent potentiellement n’importe qui.

Ce régime, et particulièrement le gouvernement actuel, est aussi répressif et conservateur dans son approche des problèmes de société, singulièrement ceux liés à la justice et l’immigration. Cela s’accompagne en outre d’une extrême régulation de la quasi-totalité des activités humaines, même en dehors du domaine économique. Il devient très difficile de trouver un seul domaine où, d’une manière ou d’une autre, l’Etat n’ait pas instauré des réglementations ou un système de régulation, ou des taxations incitatives ayant pour objet de contrôler les comportements.

On ne compte plus les professions soumises à un accès réglementé, à des licences ou autres permis, souvent sujets à renouvellement, dont le refus signifie l’arrêt de mort d’une entreprise. Souvent, les conditions émises à ces autorisations constituent une véritable immixtion dans la gestion de ses affaires.

L’Etat dispose de plus de moyens de surveillance (caméras, contrôle de masse sur Internet, police et services de contrôle en nombre). Il dispose, en outre, de pouvoirs de contrôle sur de multiples agents économiques (banques, assureurs, et de nombreux acteurs professionnels) contraints, sous peine de sanctions souvent dissuasives, d’appliquer sa politique et de lui dénoncer des soupçons d’infractions, en vertu de législations diverses, dont celle, très intrusive, préventive du blanchiment.

Les sanctions sont aujourd’hui possibles pour presque n’importe quoi et affectent potentiellement n’importe qui. Il en est ainsi non seulement dans le domaine économique, mais aussi dans la vie de tous les jours : lorsque le système judiciaire est noyé sous le nombre d’infractions, notre législateur ne trouve rien de mieux, pour sanctionner les délits mineurs, que de prévoir des sanctions administratives communales (SAC) décidées par des fonctionnaires.

En Belgique francophone, il n’y a même plus de parti libéral. Celui qui défendait cette cause se nomme, depuis quelques années, ” réformateur “, préférant une appellation qui ne veut rien dire à une doctrine séculaire. Alors, il faut se rendre à l’évidence : ni notre régime, ni notre gouvernement, tous deux socio-démocrates, ne peuvent raisonnablement être présentés comme libéraux.

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