NewB: pourquoi le plus gros reste à faire

© photos : Belgaimage

Contre toute attente, la coopérative a finalement réussi à lever les 30 millions d’euros d’argent frais nécessaire à son démarrage. Mais que fera la nouvelle banque si elle reçoit sa licence ?

C’est un gros ” ouf ” de soulagement que peuvent pousser les promoteurs du projet NewB : après des débuts difficiles, pour ne pas dire calamiteux, l’augmentation de capital de la banque coopérative et éthique s’est finalement terminée très positivement, allant jusqu’à dépasser les 30 millions d’euros de capital supplémentaire fixés par la Banque nationale. Reste que si les coopérateurs se félicitent, le pari n’est pas forcement gagné pour autant. Que fera NewB si elle reçoit sa licence bancaire en février lui permettant d’accueillir des dépôts et d’octroyer des crédits : quelle sera son offre de produits, ses tarifs seront-ils avantageux, va-t-elle ouvrir des agences, comment va-t-elle s’accommoder des taux bas, etc. ? Aux gendarmes bancaires (BNB et BCE) de juger si le projet a des chances d’être viable à long terme.

” Pourquoi je n’investis pas dans NewB ”

Car comme l’a écrit le fondateur et ex-CEO de la fintech Edebex, Xavier Corman, dans un récent post sur LinkedIn intitulé ” Pourquoi je n’investis pas dans NewB “, plusieurs zones d’ombre subsistent. ” Dans un monde financier en pleine transformation et sans cesse plus digital, la création d’une nouvelle banque n’est pas simple. Introduire auprès des régulateurs une demande pour devenir une banque prend aussi pas mal de temps et coûte beaucoup d’argent, reconnaît l’entrepreneur. Mais NewB a déjà dépensé 10 millions d’euros et on ne sait pas trop bien pour quoi. Je ne vois pas bien non plus comment elle va pouvoir rémunérer les dépôts de ses épargnants alors que, partout sur les marchés, les taux sont négatifs. Bref, je m’interroge sur la capacité de son équipe à être aussi vertueuse financièrement qu’elle ne le prétend. ”

Comme d’autres observateurs, l’entrepreneur s’interroge également sur l’arrivée dans le capital de la banque en devenir d’investisseurs ” nourris d’argent public “. Outre les dizaines de milliers de coopérateurs, plusieurs institutionnels (syndicats, ONG, associations, Régions wallonne et bruxelloise, etc.) dont l’ULB et l’UC Louvain, ont en effet ouvert leur portefeuille. ” En quoi investir dans NewB participe à la mission d’une université ?, se demande Xavier Corman. Est-ce vraiment cela l’esprit d’une coopérative ? Qu’une université y mette de l’argent ? Surtout qu’elles se plaignent toutes de ne pas avoir assez d’argent pour assurer leur mission. ”

Ne jetons toutefois pas le bébé avec l’eau du bain. ” NewB est une excellente initiative, complète Xavier Corman. Il y a clairement une demande pour davantage de transparence dans le monde bancaire. J’espère ardemment que le projet se concrétisera, simplement parce qu’il n’est jamais bon de voir un projet échouer et qu’il serait triste de voir les investisseurs perdre leur mise. NewB a tout pour réussir, à condition de prendre maintenant les bonnes décisions. ”

NewB: pourquoi le plus gros reste à faire
© bernard bayot, président de newb

70.000 souscripteurs

Président de NewB, Bernard Bayot se félicite du succès rencontré par la levée de fonds qui a, selon lui, largement dépassé les objectifs sur de nombreux aspects. ” Nous avons dépassé le minimum de 30 millions de capital supplémentaire réclamé par la Banque nationale, le nombre de souscripteurs avoisine les 70.000 et la tranche d’âge la plus représentée parmi les souscripteurs est celle des 25-35 ans. Tout cela est réjouissant pour une banque qui se veut être la banque de demain, au service de la sauvegarde de la planète et de la jeune génération. ” Reste que le dernier mot reviendra à la BCE qui donnera son feu vert ou pas d’ici le 24 février au plus tard. Si elle reçoit l’agrément bancaire, NewB devra alors faire ses preuves dans un environnement économique difficile. ” Le contexte est difficile pour tout le monde, mais je ne suis pas sûr qu’il faille être plus pessimiste pour NewB que pour d’autres acteurs bancaires “, selon Bernard Bayot.

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