” La Crim’, ce n’est pas Les Experts, c’est Maigret… ” La phrase servie à Anne-Cécile Huwart par Natacha Barthel, commissaire à la Police judiciaire fédérale de Bruxelles, a de quoi éteindre certains fantasmes. C’est aussi le but du travail mené par la journaliste qui a eu l’opportunité de suivre les enquêteurs de la section criminelle de la capitale pendant de longs mois. De la découverte des corps au procès, le lecteur marche dans les pas de l’autrice et des policiers dans deux enquêtes menées en parallèle. Si l’on est loin du clinquant des séries américaines, on touche à l’authenticité du travail des investigateurs. Tout n’est pas que tests ADN et autres résultats balistiques, beaucoup de la reconstitution d’un puzzle complet passe par la compréhension d’une vie intime, de l’audition des témoins et suspects. Le temps est ici un précieux allié, sans l’assurance de finalement aboutir à un résultat, ni même à une condamnation du présumé coupable. Opportunité des indices, contraintes budgétaires et techniques sont autant d’obstacles à la découverte d’une certaine vérité. Meurtres d’un quinquagénaire homosexuel dans son appartement et d’un SDF sur une passerelle : les cas retenus dans ce reportage au long cours n’ont rien d’exceptionnel, mais ils illustrent un travail au quotidien finalement peu connu. Anne-Cécile Huwart nous guide à la manière d’un polar en respectant la réalité du terrain. Passionnant et humain !
Anne-Cécile Huwart, ” Mourir la nuit “, éditions Onlit, 250 pages, 18 euros.