Le fabricant de palettes PGS, de plus en plus vert: “Les déchets, chez nous, n’existent pas”
Les cours du bois flambent, les matières premières se raréfient et le Pacte vert européen prône une économie propre et circulaire. Ces tendances concernent jusqu’au secteur des palettes. Le Groupe PGS a bien l’intention de relever les défis qu’elles impliquent.
Vous pensez que les palettes en bois n’ont pas évolué depuis des décennies? Détrompez-vous: ce secteur innove lui aussi très largement. Le Groupe PGS n’a pas attendu, pour aller de l’avant, l’émergence de la tendance verte et les tensions sur le marché des matières premières. L’entreprise franco-belge compte parmi les sociétés du secteur des emballages en bois européen qui affichent la croissance la plus rapide. Elle est l’un des deux producteurs belges de palettes EPAL, les plus connues, les plus certifiées et les plus contrôlées des modèles en bois. Elle produit et répare par ailleurs plus de 500 types de palettes en bois, dont 70% à la mesure des souhaits du client. Chez PGS, le travail manuel n’est plus de mise depuis longtemps: très automatisé, l’appareil de production est du matériel de haute technologie.
Après une vingtaine d’utilisations, les palettes sont recyclées en aggloméré, qui continue d’emprisonner le CO2.”
Luc Grauwet (CEO)
Créé en France en 1993, le Groupe PGS (pour Palettes Gestion Services) réparait initialement des palettes en bois en vue de les revendre. Il a conclu en 2014 une joint-venture avec l’entreprise belge Rodanar Pallets, que dirigeait alors Luc Grauwet. Le groupe, dont le siège central se trouve à Rouen, est désormais actif dans les modèles neufs et d’occasion. Luc Grauwet en est l’un des trois principaux actionnaires. Il dirige le groupe depuis le siège de Gistel, en Flandre- Occidentale, qui accueille à la fois le site de production et l’usine de clous. PGS a récemment repris le fabricant de palettes Caisserie Maton, à Saint-Ghislain, et la scierie Demey, à Ypres.
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Contrôle de la chaîne de production
Collaboration, développement durable et innovation sont les piliers de la politique de l’entreprise. “En tant qu’ingénieur, je me suis toujours intéressé aux améliorations, relate Luc Grauwet. Je cherche à produire d’une manière aussi lean que possible. Ce qui permet d’obtenir une qualité supérieure, une production plus efficace et des avantages concurrentiels.” Par rapport aux producteurs de palettes plus petits, PGS bénéficie en effet pleinement des avantages de l’intégration verticale. Il contrôle une part importante de sa chaîne de production, qui va de l’exploitation de forêts à la fabrication de palettes et à l’enlèvement et la réparation d’exemplaires usagés, en passant par les scieries.
500 sortes
de palettes en bois sont produites ou réparées chez PGS.
“40% de nos produits sont fabriqués à partir de nos propres bois de sapins et de peupliers, poursuit le CEO. Pour les 60% restants, nous achetons du bois débité. Cette répartition nous permet d’être moins dépendants du marché. Si la chaîne d’approvisionnement se rompt, la flexibilité de nos scieries compense les retards.”
Ce qui, en pleine crise des matières premières, confère un atout certain à l’entreprise, qui peut continuer à livrer alors que ses concurrentes ont des difficultés d’approvisionnement. PGS est par ailleurs en mesure d’innover et de promouvoir le développement durable à tous les stades de la chaîne de production. NoTech, sa branche ingénierie, est le pivot de sa politique d’innovation. “Très performant, notre département recherche et développement nous permet de devancer le secteur. Nous pouvons concentrer le savoir-faire au sein du groupe et tirer pleinement profit des partenariats. Notre partenaire américain, par exemple, achète nos machines et notre technologie.”
PGS n’a pas attendu le Pacte vert pour l’Europe pour privilégier une approche circulaire: “Nous fabriquons les palettes dans un bois certifié PEFC, poursuit Luc Grauwet. Le secteur plante davantage d’arbres qu’il n’en abat. Nous tentons de rendre les palettes utilisables aussi longtemps que possible. Notamment au travers de notre service PGS Reverse, qui enlève les produits usagés, les restaure et les remet en circulation. Le CO2 absorbé par le bois reste dans les palettes. Lorsque, après une vingtaine d’utilisations, celles-ci sont bonnes à mettre au rebut, elles sont recyclées en aggloméré, qui continue d’emprisonner le CO2. Les déchets, chez nous, n’existent pas.”
Objectifs de développement durable
Reste que la stratégie de développement durable pouvait être améliorée, et elle l’a été. “Nous avons reculé pour mieux sauter, résume notre interlocuteur. Cela s’est fait au début de cette année. Compte tenu de la multiplicité des possibilités qui s’offraient à nous, nous avons eu des difficultés à définir les priorités ; nous n’y sommes parvenus qu’au terme d’une étude poussée et d’une consultation de nos parties prenantes.”
Luc Grauwet ajoute qu’aucune entreprise ne peut mener de politique de développement durable à elle seule. “Les sociétés doivent collaborer entre elles, avec leurs clients, leurs fournisseurs, les organisations sectorielles, les pouvoirs publics et les ONG. PGS se base sur les Objectifs de développement durable des Nations unies.” Le CEO et son équipe en ont sélectionné trois et ont engagé un manager chargé des énergies renouvelables et un manager RSE (pour “responsabilité sociétale des entreprises”).
“Tous nos sites belges sont équipés de panneaux photovoltaïques, détaille le CEO: en produisant et en utilisant de l’énergie renouvelable, nous contribuons à l’objectif numéro 7 des Nations unies. Pour ce qui est de l’objectif 8, qui consiste à promouvoir une croissance économique soutenue et un travail décent, nous créons de nombreux emplois, nous collaborons avec des ateliers protégés et nous aménageons nos ateliers d’une manière plus ergonomique, en réservant le travail lourd aux robots.” L’objectif 12, enfin, vise à établir des modes de consommation et de production durables: “Nous nous sommes dotés d’une politique éthique, nous utilisons du bois provenant de forêts gérées durablement et nous réparons et recyclons les palettes”, énumère Luc Grauwet.
Position renforcée
Pour PGS, développement durable et croissance sont parfaitement compatibles. L’entreprise n’est d’ailleurs pas peu fière d’avoir considérablement renforcé sa position sur le marché ces dernières années. Elle compte bien poursuivre sur sa lancée, après avoir pris le temps de procéder à une consolidation et de rationaliser ses processus internes et ses systèmes informatiques. Elle envisage de s’étendre à d’autres pays et conclut des joint-ventures, notamment en Allemagne. Elle ouvre de nouvelles scieries, entre autres en France, et rachète des scieries et des producteurs de palettes belges, allemands, et d’autres pays européens encore.
L’explosion du prix du bois et la raréfaction de cette matière première vont-elles mettre un frein à l’expansion? Nul ne le sait. Le prix de certaines palettes étant vraisemblablement appelé à doubler, les PME qui en utilisent devraient repenser leur distribution, voire, peut-être, l’interrompre. Le marché est nerveux. “Ce n’était jamais arrivé, et ce n’est pas fini, constate Luc Grauwet. La pression haussière devrait se maintenir jusqu’à la fin de l’année au moins. Mais la crise sanitaire et celle des palettes devraient selon moi avoir des retombées positives. L’utilisation unique de certains modèles devrait connaître un sérieux coup de frein. L’organisation et l’écologisation des chaînes logistiques font l’objet d’une réflexion de plus en plus intense. Tout le monde a bien compris la valeur intrinsèque des palettes.”
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