Le Prince à la petite tasse

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Emilie de Turckheim craignait la réaction de son mari et de ses fils. Mais quand elle leur propose d’accueillir un migrant qui, sans eux, serait à la rue, la maisonnée ne cache pas son enthousiasme. C’est ainsi qu’atterrit Reza, jeune Afghan ayant fui la guerre et venant d’être reconnu réfugié. La romancière va saisir l’occasion pour tenir le journal de cette cohabitation particulière. Au fil des jours, elle décrit le parcours du combattant de ce discret et passionnant colocataire qui se débat avec des jobs pénibles, tout en s’inquiétant de l’expiration de son passeport. ” Veiller sur les papiers comme sur un feu qui ne doit jamais s’éteindre. ” Ses propres questionnements transcrivent notre propre difficulté à appréhender l’autre : comment lui parler de son passé ? Dans quelle langue échanger ? L’auteure de L’Enlèvement des Sabines nous dresse en creux le portrait d’un système d’accueil qui peut fonctionner quand la volonté populaire s’en mêle. Que les pythies extrémistes aillent voir ailleurs ! Ce n’est pas en accueillant l’autre que notre monde est en danger mais bien en lui fermant notre porte. Avec des sentiment presque maternels, Emilie de Turckheim dresse ce constat de fraternité en mots simples et quotidiens et se permet aussi de douces incursions poétiques. Neuf mois plus tard, la cohabitation a cessé mais des pages blanches attendent encore l’histoire de la poursuite d’une belle amitié. La bienveillance a encore droit de cité.

Emilie de Turckheim, ” Le Prince à la petite tasse “, éditions Calmann-Lévy, 216 pages, 17 euros.

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