Le magot du renard nazi

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Les légendes fascinent, d’autant plus quand elles prennent racine dans le terreau de la réalité et que les fantasmes humains viennent à combler les blancs de l’histoire. De ces mystères fait partie celui qui entoure le trésor d’Erwin Rommel. Selon la légende, le patron de l’Afrikakorps, fidèle du régime nazi, aurait été chargé de transporter des caisses renfermant or et pierres précieuses, un trésor amassé en Libye en 1942 avant de transiter par la Corse en 1943. Le butin devait rejoindre Himmler en Allemagne, destination qu’il n’atteindra jamais… Si l’existence même de ce trésor est aujourd’hui encore remise en cause, elle n’a pas manqué d’agiter les passions et de susciter l’envie des chercheurs d’épave. Ainsi, en 1948, des millions sont dépensés par l’Etat français pour retrouver ce qui giserait encore dans les eaux corses. Des particuliers, pas toujours recommandables, rêvent aussi de mettre la main sur l’or nazi. Mais 70 ans après, le trésor demeure introuvable.

Seuls les Corses connaissent encore cette légende.

Banque suisse?

Le Suisse Nicolas Feuz en fait le point de départ de son nouvel ouvrage, L’Ombre du renard, s’inspirant du surnom donné au perdant de la bataille célèbre d’El Alamein. ” Je me suis beaucoup intéressé au travail de Daniel Quidor, un ancien de la DGSE ( le service de renseignement extérieur français, Ndlr), explique-t-il. Il a retrouvé la trace de l’ex-SS Peter Fleig qui a été en première ligne lors des campagnes de recherche du trésor. Si Quidor est arrivé à la conclusion que ce trésor existe bien, il n’est pas convaincu qu’il soit encore sous l’eau. Il aurait même dit : ‘Qui sait, ce trésor se cache peut-être dans une banque suisse’. ”

L’Ombre du renard est le second polar d’une série entamée avec Le Miroir des ombres. On y retrouve les mêmes personnages : le procureur Norbert Jemsen, qui se remet tout doucement de l’attentat dont il a été victime, sa greffière Flavie Keller et l’inspectrice Tanja Stojkaj. Rythme soutenu, voire parfois très tendu, la plume de Nicolas Feuz fonce droit au but, celle de l’enquête et de sa résolution, une certaine épure du genre.

Procureur le jour

Une efficacité qui tient aussi à la profession de l’auteur, procureur depuis 20 ans. ” Il me tient à coeur de rester proche de la réalité de ce travail, insiste-t-il. Quand mon éditeur m’a proposé de remplacer l’habituel duo de flics par un magistrat, j’étais d’abord réticent parce que je trouvais que c’était surtout une fonction de bureau. Finalement, je me suis dit, qu’en Suisse, les procureurs allaient quand même sur le terrain, même s’ils se retrouveront rarement au milieu d’une course-poursuite. Mais je peux tout à fait transcrire l’ambiance d’une perquisition et le théâtre d’une scène de crime. ”

L’originalité de cette série tient entre autres à la fonction du héros mais aussi à la dynamique de son trio principal. Le traumatisme qu’a connu Jemsen, la relation tendre mais compliquée entre Keller et Stojkaj sont autant de moteurs à l’intrigue. Reste sans doute à les développer davantage, à creuser encore leurs tourments, la rapidité du roman nous laissant rapidement orphelins de ces personnages. ” C’est un format qui me convient bien, je préfère écrire un livre court plutôt qu’un pavé, fait remarquer Nicolas Feuz. La première chose que je cherche est de surprendre le lecteur, mais il est vrai que j’aimerais susciter plus d’émotions. ” Une cartouche qu’il garde pour d’autres tomes, le troisième volet étant prévu déjà pour l’été prochain.

Nicolas Feuz, ” L’Ombre du renard “, éditions Slatkine & Cie, 216 pages, 19 euros.

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