Le choix de Draghi
Le Premier ministre italien va-t-il rester à son poste ou se présentera-t-il à la présidence?
L’Italie organisera au moins une élection importante en 2022, voire deux. Il faudra inévitablement choisir un président pour succéder à Sergio Mattarella, dont le mandat expire le 2 février. Un président italien passe une grande partie de son temps à couper des rubans, à remettre des prix et à faire des discours pontifiants. Mais il (l’Italie n’a jamais eu de femme présidente) détient également des pouvoirs considérables. C’est le président qui dissout le Parlement et nomme le Premier ministre. Mario Draghi, l’actuel Premier ministre, serait intéressé par le poste, aux dires de son entourage.
Beaucoup d’Italiens souhaiteraient pourtant qu’il conserve celui qu’il occupe déjà. L’Italie a la lourde tâche de dépenser, non seulement judicieusement, mais aussi rapidement, plus de 200 milliards d’euros du fonds de relance post-pandémie de l’UE. Qui de mieux qualifié pour superviser le processus que Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne?
Depuis son entrée en fonction en février 2021 à la tête d’une coalition improbable et hétérogène, allant de la gauche radicale à la droite populiste, Mario Draghi, qui fait preuve d’une retenue supérieure tout en s’exprimant avec clarté, est devenu l’homme politique le plus populaire d’Italie.
Enrico Letta est son plus fervent supporteur. Ancien Premier ministre, Letta est revenu d’un exil volontaire pour prendre la tête du Parti démocratique (PD) de centre gauche, peu après l’entrée en fonction du gouvernement actuel. Si Draghi devait rester jusqu’aux prochaines élections générales, qui doivent avoir lieu avant mars 2023, non seulement pourrait-il tenir la barre d’une main ferme plus longtemps, mais il laisserait également plus de temps à Enrico Letta pour mettre son parti en ordre de bataille. En effet, le PD n’était qu’à 17% dans les sondages lorsqu’il en a repris les rênes. Mais lors des élections locales d’octobre 2021, les candidats du centre gauche à la mairie ont gagné dans la plupart des plus grandes villes d’Italie.
Il est tout à fait possible qu’une élection générale soit organisée en automne.
Jusqu’alors, les voix les plus fortes appelant à la montée en grade de Mario Draghi venaient de la droite: de Matteo Salvini de la Ligue du Nord populiste et de Giorgia Meloni du mouvement d’extrême droite Frères d’Italie (ironie du sort, puisque son parti fait partie de l’opposition). Leur parrainage était toutefois assorti d’une condition: l’accession de Draghi devra être suivie d’élections anticipées.
Avec un score combiné de 40%, la droite croyait en sa victoire et, avec la contribution du parti Forza Italia de Silvio Berlusconi, naguère puissant, en une majorité parlementaire globale. Même si Mario Draghi reste Premier ministre, il est tout à fait possible, compte tenu de l’aversion des politiciens italiens pour la tenue de campagne en hiver, qu’une élection générale soit organisée de toute façon en automne.
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