La Wallonie s’attaque à ses friches industrielles

Le site de Carsid, à Charleroi. © Photo News

La Région va racheter d’anciens sites sidérurgiques à Liège et Charleroi. Après réhabilitation, 400 hectares seront disponibles pour de nouveaux projets industriels.

La Wallonie va se lancer dans une ambitieuse politique de reconversion de près de 400 hectares de terrains industriels abandonnés par l’industrie sidérurgique. Le gouvernement vient de donner mandat à la Sogepa pour gérer le futur des sites de Carsid (Duferco) à Charleroi et d’ArcelorMittal à Liège. Il s’agit, estime le ministre de l’Economie Willy Borsus (MR), de sites stratégiques pour la Wallonie, tant en raison de leur étendue que de leur localisation (proximité des axes routiers, fluviaux et ferroviaires, des deux grandes métropoles wallonnes, des aéroports, etc.).

Qu’on ne s’y méprenne pas : les pouvoirs publics n’ont pas l’intention de dépolluer les sites à leurs frais. La facture de l’assainissement sera déduite du prix d’achat des terrains par la Région, quitte à ce que ce prix d’achat soit en réalité négatif. Pour le volet ” reconversion “, la Sogepa se tournera vers des partenaires privés, notamment dans le monde bancaire. ” Il y a de plus en plus d’appétits pour la transformation de ces friches industrielles “, assure-t-on à la Sogepa. C’est en fonction de la discussion avec ces partenaires privés que les contours de la réaffectation de ces sites seront définis. Patience car de tels chantiers de dépollution-reconversion s’étalent facilement sur une dizaine d’années.

22.000 ha de friches industrielles

Cette politique d’assainissement des friches est cruciale pour la Wallonie. En termes d’image évidemment mais aussi d’utilisation des réserves foncières. Longtemps, l’espace a été une richesse de la Wallonie. Les entreprises pouvaient y trouver aisément des terrains industriels susceptibles d’accueillir leurs implantations. Mais cette richesse s’effiloche. Les parcs d’activités économiques sont remplis à 85%, les terrains libres de plusieurs dizaines d’hectares (prisés par les grands groupes) ont quasiment disparu et ils ne devraient pas revenir avec le ” Béton Stop ” décidé à l’horizon 2050.

Ici comme ailleurs, l’avenir est sans doute au recyclage. La Wallonie compte quelque 5.600 sites industriels pollués, pour une superficie totale de plus de 22.000 ha. Largement de quoi héberger les futures usines d’une Europe réindustrialisée. Sauf que l’assainissement de ces terrains coûte très cher et que le dernier propriétaire n’a pas toujours les moyens ou l’envie de financer ces opérations. D’où l’idée de mandater la Sogepa, outil économique dédié aux entreprises en ” redéploiement ” et qui, à ce titre connaît bien les groupes sidérurgiques, au point d’avoir pris des participations dans leurs structures belges ou d’avoir créé des filiales communes avec NLMK, Duferco ou ArcelorMittal. Récemment, la Sogepa et Duferco ont ainsi lancé ensemble le chantier de la reconversion du site de Clabecq qui accueillera du logement, du commerce et des bâtiments pour des PME.

C’est aussi sur la base d’un partenariat public/privé – en l’occurrence la firme Wanty et l’intercommunale Idea – que l’ancien site BASF à Feluy (60 ha) sera réhabilité. L’accord en ce sens a été annoncé en janvier dernier. Il prévoit bien la contribution de BASF, selon le principe du pollueur payeur. Toujours en matière de friches, la firme australienne Telix Pharmaceuticals a acquis le mois dernier les installations d’EZB à Seneffe pour l’euro symbolique. A charge pour elle de financer les opérations de décontamination de cet ancien producteur d’implants thérapeutiques contre le cancer. Telix compte y produire des médicaments radiopharmaceutiques à destination du marché européen.

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