La Vie lente

Abdellah Taïa, " La vie lente ", éditions du Seuil, 272 pages, 18 euros.

Mounir est sur le point de devenir fou. Sa voisine du dessus ne supporte plus le bruit qui transperce les murs fins de leur immeuble de la rue de Turenne. A moins que ce soit lui qui n’en puisse plus des complaintes de la vieille femme. Pourtant, tout avait bien commencé entre eux : bon accueil, bienveillance, confidences. Et puis un jour, sans qu’on ne sache pourquoi, la police interpelle Mounir. Que lui reproche-t-on ? Des visites à la mosquée ? Des problèmes de voisinage ? Et pourquoi son interrogateur, un ancien amant, ne le reconnaît-il plus ? Et puis il y a l’appel de sa cousine Majdouline de Bruxelles. Le trop-plein dans la tête de celui qui pensait trouver la liberté en France. Comme à son habitude, l’auteur du Jour du Roi (prix de Flore 2010) joue avec les limites autobiographiques et tente de cartographier les méandres de l’identité, religieuse, culturelle et sexuelle. ” L’enfer chez soi. Le malheur chez soi. Les névroses en pleine explosion. Perdre la tête. Perdre la raison. Perdre la dignité. ” La saccade impulse ce récit qui résonne tantôt comme une plainte, un cri d’amour, tantôt comme une réflexion profonde sur la place que l’on prend, qu’on nous impose aussi. Abdellah Taïa décortique la relation refondée entre Européens de culture chrétienne et musulmans depuis ” les attentats “, même si ” ça vient de loin “. Un texte brûlant dont les flammes lèchent parfois l’excès. ” Il faut toujours exagérer pour arriver à dire quelque chose de vrai, non ? Il ne faut pas trop réfléchir… ” Fiévreux.

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