La stratégie “populaire” du MR

Georges-Louis Bouchez, président du MR, ne cesse de flirter avec les limites dans ses sorties médiatiques. De plus en plus, il dérange les centristes ou sidère carrément à gauche. Une question de génération dans le ton, mais un choix conscient sur le fond. Il imprime au parti une stratégie de droite “populaire” (ne dites pas “populiste”, précise son entourage) qui vise à toucher les dégoûtés de la politique ou ceux qui seraient tentés par les extrêmes. Il s’agit aussi de mettre à l’agenda des questions qui fâchent ou de soutenir des causes politiquement incorrectes. De bousculer pour initier les réformes nécessaires à la Belgique et, singulièrement, à la Wallonie. Jusqu’au sein de son parti, il met de côté les principes. Chaque soir, ce feu follet visite des sections locales pour faire passer ses idées et les imposer aux cadres dès le moment où elles passent la rampe. Après quelques crises internes sévères, il a aussi renforcé son assise avec la nomination d’Adrien Dolimont au ministère wallon du Budget.

Stratégiquement, Bouchez espère élargir les bases du MR: au vu des sondages, cela semble davantage fonctionner à Bruxelles (où le parti est dans l’opposition) qu’en Wallonie. L’option “populaire”, musclée aussi en matière de sécurité, entend tailler des croupières au PTB. Mais la stratégie revêt une autre facette: omniprésent en Flandre où il devient un bekende Waal, le président du MR veut se rendre incontournable auprès du patronat flamand. Objectif? Devenir un partenaire obligé de la N-VA alors que Bart De Wever garde une rancune tenace après avoir été écarté du pouvoir en 2020. Le bourgmestre d’Anvers pourrait être tenté par une nouvelle négociation avec le PS. Le libéral francophone, lui, met davantage le cap sur une coalition le plus à droite possible en 2024. Un peu en mode: ça passe ou ça casse.

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