La sonaca rachète une entreprise américaine

Bernard Delvaux © BELGA IMAGE

“Quand j’ai été expliquer la nouvelle au personnel, j’ai senti un extraordinaire sentiment de fierté, explique le CEO de la Sonaca, Bernard Delvaux. De tels choix apportent du souffle, du dynamisme dans l’entreprise. ” Et sans doute un peu au-delà puisque le succès se répercute sur la chaîne de sous-traitants et de fournisseurs, voire sur tout le pôle de compétitivité aéronautique. La Sonaca et son actionnaire (la Région wallonne) vont débloquer plus de 400 millions d’euros pour acquérir la société américaine LMI aerospace, un fabricant de structures d’avion. Une entreprise qui pèse 375 millions de chiffre d’affaires et emploie près de 2.000 personnes. Cette acquisition va donc doubler la taille de la Sonaca. Un sacré défi mais aussi l’ouverture d’une porte vers Boeing, un client que l’entreprise de Gosselies tenait vainement de séduire depuis des années et dont LMI est un fournisseur.

Cela étant, une telle acquisition comporte bien entendu sa part de risques. Mais ce sont les prises de risque qui font tourner l’économie. En l’occurrence, la décision repose sur la conviction que dans un secteur aéronautique en voie de consolidation, le destin se limite à ” absorber ou être absorbé “. ” Cette acquisition va consolider l’emploi à Gosselies, affirme Bernard Delvaux. Le centre de décision reste ici, c’est crucial pour une région qui n’est pas hyper-compétitive sur le plan salarial. Cela nous apportera la possibilité de saturer nos outils à Gosselies, en étendant l’éventail des clients. ” On songe par exemple à la production de pièces en titane en impression 3D, pour laquelle la Sonaca s’est alliée au groupe Michelin. Dans la même optique, on saluera les diverses acquisitions opérées par CMI (le groupe d’ingénierie qui cultive l’héritage de John Cockerill), qui lorgne actuellement Renault Trucks Defense pour un deal qui se compterait également en centaines de millions d’euros. Ou le groupe Spadel qui a signé en décembre dernier un accord en vue d’obtenir une participation majoritaire dans la société Devin, leader du marché des eaux embouteillées en Bulgarie ” Par le passé, il y a peut-être eu une certaine frilosité face aux développements internationaux, conclut Bernard Delvaux. Ça limite les ambitions et à terme met en péril le maintien des centres de décision. Aujourd’hui, je crois que tout le monde a compris la nécessité de préserver un tissu industriel. ”

C.D.C.

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