La galère de Jason Day

Jason Day, un champion en souffrance, ici au Detroit Golf Club en juillet. © Belgaimage

Voici à peine plus de cinq ans, Jason Day occupait la première place de la hiérarchie du golf mondial et semblait lancé vers une carrière exceptionnelle. Aujourd’hui, en pleine déprime, le champion australien, 33 ans, est sur le point de quitter le top 100 et envisage même, à mots couverts, d’arrêter sa carrière. Sa dernière victoire sur le PGA Tour remonte désormais à 2018 et, surtout, il a manqué la bagatelle de 14 cuts en 37 tournois depuis le début 2020. Une véritable descente aux enfers.

La vie de Jason Day n’a jamais été un long fleuve tranquille. La mort de son papa, qui l’avait initié aux joies du golf, lui a fait perdre ses repères à l’âge de l’adolescence. “Je me suis mis à boire et j’ai sombré au point que ma maman a été obligée de me placer dans un internat. Heureusement, il y avait un parcours de golf pas loin où je me ressourçais dès que possible. Il m’a sauvé. Et le soir dans ma chambre, je dévorais des bouquins sur Tiger Woods, mon idole”, raconte-t-il.

Doué sur les greens, l’enfant prodige brûle les étapes dans les catégories d’âge et signe une belle carrière comme amateur avant de passer professionnel en 2006, à 19 ans à peine. C’est le début d’une folle ascension. Entre 2010 et 2018, il s’adjuge 12 victoires sur le circuit américain et remporte son premier Major lors du PGA Championship de 2015 à Whistling Straits avec un score de 20 sous le par. Parallèlement, il collectionne les places d’honneur dans les autres Grands Chelems (13 tops 10, dont deux deuxièmes places à l’US Open et au Masters). Avec Rory McIlroy et Jordan Spieth, il incarne le champion moderne par excellence, solide dans tous les secteurs du jeu. Rien ne semble pouvoir l’arrêter.

Mais en golf, les vérités d’un jour sont rarement celles du lendemain. Des maux de dos chroniques freinent soudain la marche en avant du héros australien d’origine philippine. C’est le début d’une véritable galère. Plusieurs fois, il pense être rétabli. Mais, chaque fois, les douleurs reviennent. Perdu, il demande même conseil à Tiger Woods, devenu son confident. En vain.

Aujourd’hui, relégué au 88e rang mondial, il tente – sans grande conviction – un énième come-back. Pour atténuer les douleurs, il a modifié son swing. Mais de son propre aveu, son mental est encore très fragile et il ne sait s’il pourra relever le défi. “Honnêtement, je ne suis pas sûr d’avoir l’énergie et le moral pour revenir au plus haut niveau, pour gravir de nouvelles montagnes.” Lors du récent tournoi de Las Vegas, il a passé le cut de toute justesse. Un bon signe? Secrètement, il veut y croire. Mais il est conscient qu’il n’a pas toutes les cartes en main. Le golf a ses raisons que la raison ignore.

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