La dépendance au pétrole du rouble russe

Fin 2014, la Banque centrale de Russie décidait de ne plus tenir en bride le rouble russe (RUB). La monnaie a presque immédiatement perdu un tiers de sa valeur. La baisse du cours du pétrole n’y a pas été étrangère. Mais depuis, le baril s’est redressé. Voyons si les obligations émises en rouble sont intéressantes pour les investisseurs belges.

Sanctions

Les Etats-Unis et les pays de l’Union européenne ont récemment annoncé une quatrième vague de sanctions à l’encontre de la Russie. Elles se destinent aux entreprises qui traitent avec des compagnies russes actives dans la défense et l’énergie. Les pays occidentaux reprochent aux Russes l’annexion de la Crimée et les combats en Ukraine. Les Américains n’ont pas apprécié l’ingérence (encore à prouver) de Moscou dans leurs élections présidentielles.

Mais lesdites sanctions n’inquiètent pas les Russes. Ils sont passés maîtres dans le contournement des lois et autres réglementations. Ils ont d’ailleurs réagi aux sanctions occidentales. Le président Vladimir Poutine a décidé l’an dernier de prolonger jusqu’en 2017 le boycott des importations de produits occidentaux comme les fruits et légumes, la viande et le poisson. Des mesures qui, dans la pratique, n’ont cependant guère d’effet. Ainsi les tomates néerlandaises ont-elles été remplacées par des tomates marocaines, lesquelles sont transportées… dans des camions néerlandais.

Dépendance au pétrole

Le rouble a perdu près de la moitié de sa valeur entre la fin 2014 et les premiers mois de 2015. L’économie russe était en récession. En 2015, le produit intérieur brut (PIB) russe a reculé de 3,7 %. Les incertitudes quant à l’avenir du pays ont pesé sur la monnaie russe. Et la forte correction des cours du pétrole ne l’a pas aidée.

Au regard de l’ampleur du malaise économique, on a craint que la crise dure longtemps. A tort. Pour cette année, le FMI s’attend à nouveau à une croissance de 1,4 %. Les dirigeants russes sont manifestement intervenus rapidement et avec fermeté. La Banque centrale russe n’a pas tout mis en oeuvre pour préserver le rouble, pas même quand la monnaie se dépréciait à vue d’oeil et que l’inflation galopait. Gagnant en compétitivité, les entreprises russes ont ainsi pu exporter à moindre coût. Ce qui, en fin de compte, a assaini la monnaie. L’inflation, qui atteignait encore 15,7 % en 2015, est retombée à 4 % cette année et semble sous contrôle.

La Banque centrale russe dispose de plus de 150 milliards de dollars de réserves issues de la vente de pétrole et de gaz. En dépit des sanctions renforcées contre la Russie, les investissements étrangers sont en hausse. En effet, il demeure des manières légales d’investir dans le pays.

Abaissements du taux directeur

La Russie dispose des plus grandes réserves de gaz au monde. Ses stocks de pétrole la placent en revanche en huitième position. Le pays est l’un des plus grands producteurs et exportateurs de pétrole au monde. La hausse du cours de l’or noir donne donc des ailes à l’économie russe. Le pétrole et le gaz représentent près de 70 % de ses exportations.

Au cours de ces derniers jours, le cours du pétrole a bondi à plus de 60 dollars le baril. C’est, pour l’heure, son plus-haut de l’année. Pour autant, le pétrole n’est pas particulièrement cher. Début 2008, il se négociait encore au cours record de 144 dollars le baril. Celui-ci a ensuite rapidement baissé. Ensuite, entre 2012 et 2014, il s’est longtemps maintenu au-dessus des 100 dollars. Les cours actuels sont donc loin d’être exceptionnels.

Ce sont dès lors plutôt les taux russes qui pourraient affaiblir le rouble. La Banque centrale russe a déjà procédé à quatre abaissements de son taux directeur cette année. L’évolution du cours du rouble en porte les stigmates. Et de nouvelles baisses de taux ne sont pas à exclure.

Concrètement

Les investisseurs qui ne craignent pas les fluctuations de change peuvent investir dans la monnaie russe une part limitée de leur portefeuille de produits à revenus fixes. Deux obligations de Russian Railways, l’une des plus grandes entreprises de transport au monde, se traitent sur le marché secondaire. La première arrive à échéance le 2 avril 2019 et porte un coupon de 8,3 %. A un cours de 100,85 %, elle procure un rendement de 7,33 %. Il en existe en coupures de 5 millions RUB (environ 71.200 euros). L’obligation qui arrive à échéance le 19 octobre 2014 offre un rendement de 7,80 % sur la base d’un coupon de 7,90 % et d’un cours de 100,06 %. Les coupures sont deux fois plus élevées que celles de l’émission à court terme. Les obligations sont notées BBB-, ce qui signifie qu’elles ont un caractère spéculatif.

Avec la Banque mondiale, vous éliminez presque complètement le risque débiteur. L’obligation émise sous le nom BIRD arrive à échéance le 23 novembre 2020. Avec un coupon de 7,25 % et un cours de 102,41 %, son rendement s’établit à 6,35 %. Elle est disponible en coupures de 100.000 RUB.

La Banque centrale russe a déjà procédé à quatre abaissements de son taux directeur cette année.

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