L’Iran, espoirs et risques du nouvel eldorado boursier du Moyen-Orient

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Les investisseurs s’intéressent au pays depuis la levée des sanctions économiques. En quatre ans, la Bourse de Téhéran a grimpé de 88 %.

L’Iran a longtemps été exclu de la scène internationale. Sans surprise, le marché boursier iranien a payé le prix de cet isolement géopolitique. De nombreuses entreprises ont préféré quitter le pays par mesure de sécurité. Les investisseurs restent encore frileux. Pourtant, l’Iran s’apparente à un véritable eldorado pour les investisseurs. Il a de quoi séduire de par sa richesse naturelle (deuxième réserve mondiale de gaz, quatrième de pétrole), sa démographie (80 millions d’habitants) ou encore son PIB (412 milliards de dollars, soit le deuxième du Moyen-Orient derrière l’Arabie saoudite, selon la Banque mondiale). Si l’économie iranienne est loin d’être rentière à l’image du Venezuela ou de l’Algérie, elle n’en demeure pas moins concentrée sur quelques secteurs. La chimie représente près de 20 % de la capitalisation boursière du Tehran Stock Exchange (TSE). Les matériaux de base pèsent pour près de 10 % et les télécommunications pour près de 7,5 %. D’autres secteurs se développent, à l’image du secteur technologique, qui a particulièrement progressé dans la période récente.

Une nouvelle ère

Arrivé au pouvoir en 2013 et réélu en mai dernier, Hassan Rohani, plus modéré et libéral que ses prédécesseurs, a engagé une modernisation du pays. La levée des sanctions contre l’Iran pourrait permettre au pays de récupérer 50 milliards de dollars d’actifs gelés à l’étranger. La Bourse a commencé à anticiper le retour du pays sur la scène internationale. L’indice de la place de Téhéran, le Tedpix (ou TSE) a progressé de 29 % en 2016, et de 88 % en quatre ans. La Bourse de Téhéran s’est classée au septième rang des meilleures performances boursières mondiales l’année passée d’après les statistiques du World Federation of Exchanges. C’était la troisième meilleure performance du Moyen-Orient derrière les Bourses du Caire et de Casablanca. Selon le groupe financier Turquoise Partners, les performances de la Bourse iranienne dépassent celles de la plupart des pays émergents. En effet, la performance sur 10 ans du TSE est de 9 % contre 2,3 % pour le MSCI Emerging Markets et – 0,9 % pour l’indice MSCI des pays frontières, qui regroupe les pays peu développés qui n’ont pas encore atteint le statut de marché émergent. Le poids des banques dans le TSE est quasi nul (0,15 % de la capitalisation totale de l’indice) alors que ce secteur pèse pour 24 % de l’indice MSCI émergents et même pour 43 % de l’indice des pays frontières. Selon Turquoise Partners, le deuxième mandat de Hassan Rohani privilégiera certainement une restructuration du secteur bancaire. Une telle décision permettra une baisse des taux d’intérêt et dopera ainsi les marchés de capitaux iraniens.

Mais il reste difficile de tirer un trait sur trois décennies d’isolement. Investir en Iran demande du temps et du courage. En effet, les démarches administratives sont lourdes malgré la levée des sanctions. Certains groupes français ont cependant franchi le pas : Total a signé un accord en juillet dernier pour développer un champ gazier d’une valeur de 5 milliards de dollars. ” Il faut vivre avec un certain degré d’incertitude “, avait déclaré le PDG de Total, Patrick Pouyanné. En outre, des entrepreneurs français ont ouvert au début de l’année la première boulangerie française, Tartine, à Téhéran. Les investisseurs gardent tout de même à l’esprit que l’élection de Donald Trump s’apparente à une épée de Damoclès pour l’Iran.

AINÉE NAIT-RABAH (“LES ÉCHOS” DU 9 AOÛT 2017)

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