L’hydromel, un futur carton
” En Afrique, les abeilles nichaient dans les cavités des baobabs. Les chasseurs-cueilleurs – les premiers à avoir récolté du miel – se sont retrouvés un jour devant un arbre foudroyé. L’arbre était coupé en deux et la ruche était sous eau, le miel avait fermenté. Ils ont ramené la ruche au village, ils ont goûté et apprécié… Voici comment, selon la légende, est né l’hydromel “, raconte Xavier Rennotte.
L’hydromel est une des premières boissons alcoolisées que l’homme ait bu. ” Les premières traces d’hydromel remontent au néolithique. Mais les premiers à l’avoir utilisé de façon industrielle, ce sont les Egyptiens, car il s’agissait de la boisson des divinités. Les Grecs et les Romains en ont consommé aussi, tout comme les Gaulois. ”
Titrant entre 10 ° et 18 °, l’hydromel est produit à base d’eau et de miel, par fermentation. Une fermentation naturelle, grâce aux levures présentes dans le miel, ou à base de levures exogènes, brassicoles ou vinicoles. ” Hydromel est le mot générique car on trouve des hydromels à base de fruits, comme le chouchen breton, obtenu par la fermentation du miel dans du jus de pommes. Le metheglin (un vieux mot gaulois) est un hydromel auquel on a ajouté des herbes ou des épices. Tandis que le braggot est un mélange de miel, de houblon, d’orges et d’épices proche de la cervoise. On vient d’ailleurs d’en faire un avec le Brussels Beer Project “, s’enthousiasme l’apiculteur.
En janvier dernier, Forbes prédisait qu’après le cidre, l’hydromel serait la prochaine boisson tendance. Ce qui s’explique par la volonté de redécouvrir de vieilles traditions mais aussi de fabriquer des boissons artisanales avec des ingrédients bios et le plus souvent locaux. Sans compter que l’hydromel représente une alternative intéressante aux intolérants au gluten, sans cesse plus nombreux…
” La Belgique a toujours été une terre d’hydromel, précise Xavier Rennotte. Pour produire 1 kg de miel, il faut une ruche ; pour produire 1 kg de sucre de betterave, il faut des tracteurs, des machines, des pesticides, etc. Produire de l’hydromel, cela a donc du sens. C’est une boisson noble, locale et durable. Je suis toujours sidéré quand je vois le foin que l’on fait autour des bières belges, alors que l’orge vient du Canada, le houblon de Chine… ”
En fait, dès la création de Nectar & Co en 2009 (qui produit entre autres un miel de ville, 14 miels monofloraux européens bios, trois hydromels, un vin de miel, du vinaigre), l’objectif de l’apiculteur a été de faire de l’hydromel son produit phare. ” J’ai fait mon mémoire en sciences commerciales à l’Ichec sur la création d’une entreprise viable autour de l’hydromel. Cela fait 26 ans que je suis apiculteur. Le miel, c’était la vache à lait de l’entreprise ; il fallait vivre. Cela fait trois ans qu’on a lancé la production d’hydromel. Aujourd’hui, on produit 5.000 bouteilles et trois sortes d’hydromel. C’est encore anecdotique ; le but est d’arriver à 20.000 bouteilles ! Le rêve, ce serait de faire des hydromels monofloraux, que l’on ferait fermenter séparément et puis de réaliser des assemblages de cépages, comme pour le vin. Personne ne fait ça aujourd’hui, nous serions les premiers ! “
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