L’exploration spatiale doit, elle aussi, être écolo

SARAH AL-AMIRI, MINISTRE DES NOUVELLES TECHNOLOGIES ET PRÉSIDENTE DE L'AGENCE SPATIALE DES EMIRATS ARABES UNIS © BELGA IMAGE

Alors que 2020 restera l’année du Covid-19, espérons que 2021 soit celle du post-Covid, où nous appliquerons les leçons que nous avons collectivement apprises. Il existe un consensus croissant autour de l’idée selon laquelle la pandémie n’est pas le plus grand défi auquel est aujourd’hui confrontée l’humanité: le changement climatique est une menace bien plus urgente et potentiellement dévastatrice. Hélas, l’exploration de l’espace pollue l’atmosphère terrestre et l’environnement spatial. Nous semons dans l’espace qui nous entoure tout autant le chaos que sur notre planète.

Les constructeurs mettent au point des véhicules de lancement de moins en moins chers et réduisent les délais entre deux lancements. Aussi l’accès à l’espace sera plus facile que jamais en 2021. Les grands et lourds satellites que nous connaissions sont remplacés par des modèles plus petits et plus agiles, et c’est à présent la norme qu’un lanceur envoie simultanément plusieurs engins dans l’espace. La nouvelle génération de satellites est du reste en train de produire une montagne vertigineuse de données et d’applications.

Le rôle des gouvernements dans l’exploration spatiale évolue: l’accent est mis sur la recherche fondamentale, le financement de l’innovation et le développement de start-up. Les gouvernements vont davantage soutenir le secteur spatial en lui achetant des données et des services analytiques qu’en lui procurant et en développant des systèmes. Le secteur privé étant de plus en plus dynamique, la conception et la production de satellites vont bien plus vite. Par ailleurs, il n’est plus nécessaire d’avoir des systèmes spatiaux de grande taille, d’une fiabilité extrême et d’une durée de vie très longue, ce qui abaisse encore la barrière des prix pour entrer sur le marché et démocratise l’accès à l’espace. Tout cela entraîne une explosion du nombre d’entreprises innovantes et d’opérateurs qui cherchent à exploiter le potentiel économique de l’espace et éclipsent la petite coterie de grandes sociétés qui survivent grâce à de lucratifs contrats avec les gouvernements. sEt le prix des données issues de l’observation de la Terre s’effondre aussi vite qu’explosent les applications pour ces nouveaux flux de données.

Nous ne devons pas oublier notre responsabilité vis-à-vis de l’atmosphère, un élément de notre environnement tout aussi fragile que nos forêts, nos cours d’eau et nos océans.

Avec le développement de nouvelles solutions, nous avons malheureusement créé de nouveaux problèmes. Ce qui est un satellite miraculeusement petit pour les uns est un débris qui pollue l’espace pour les autres. L’exploration spatiale rend ce triste fait évident: de toutes les régions de l’Univers que nous avons pu observer, la seule atmosphère respirable dont dispose l’humanité est celle qui enveloppe cette planète. Et cette couche est très fine: 75% de l’air respirable se situe dans une zone fragile qui s’étend jusqu’à 13 kilomètres en moyenne au-dessus de la surface de la Terre.

Les nouveaux acteurs de l’espace doivent trouver des solutions durables au problème de l’accès à l’orbite terrestre basse ( la zone allant jusqu’à 2000 km d’altitude, la plus fréquentée, Ndlr). Il faut essayer de résorber la couronne de débris, de plus en plus vaste et dense, que nous avons dispersés autour de notre planète. La mise au point d’approches innovantes pour traiter le problème des débris spatiaux et retirer les satellites en orbite (inutilisés) sans augmenter le coût de développement des systèmes spatiaux créera un nouveau modèle économique prospère. Dans la course à l’exploration spatiale, nous ne devons pas oublier notre responsabilité vis-à-vis de l’atmosphère, un élément de notre environnement tout aussi fragile que nos forêts, nos cours d’eau et nos océans.

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