L’expert : thomas renard, “senior research fellow” à l’institut egmont

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” Aujourd’hui, la cybersécurité vient à la fin des discussions de sécurité. En 2035, ce sera l’axe central des réflexions. Il y a cinq ans, on ne parlait pas de cyberterrorisme. Il y a deux ans, on pensait simplement à des activités de propagande ou de recrutement via les réseaux sociaux. Dans les prochaines années, nous verrons émerger l’utilisation des outils digitaux pour commettre l’équivalent d’une attaque terroriste : pirater la tour de contrôle pour provoquer un accident d’avion ; pirater le système ferroviaire pour provoquer des collisions ; pirater le traitement des eaux pour contaminer l’eau courante.

La riposte est difficile car, dans le cyber-espace, les outils offensifs sont plus performants que les défensifs. Il faudra donc multiplier les couches de protection, ce qui impliquera la participation du secteur privé. Les producteurs devront renforcer la sécurisation des appareils connectés. Les smartphones bien sûr mais aussi les frigos connectés ou les télévisions intelligentes sont déjà utilisées dans des actions de cyber-hacking sans que nous le sachions. Les coûts de protection devront être intégrés dans les prix.

Plus globalement, je pense que nous allons évoluer vers un monde bipolaire, avec une grande confrontation entre la Chine et les Etats-Unis. Ce ne sera plus une division idéologique comme lors de la guerre froide, mais plutôt une division sur des axes économiques et commerciaux. L’Europe sera moins clairement dans le camp américain qu’aujourd’hui. Les relations transatlantiques sont au plus bas depuis un siècle. Certains pays se rapprocheront de la Chine, d’autres tenteront de représenter une troisième voie, de jouer les spoilers sans choisir définitivement leur camp. La Russie et l’Inde devraient aussi adopter cette posture.

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