L’Ever Given ou le grain de sable de la mondialisation

Amid Faljaoui

‘Ever Given a été remis à flot début de semaine et le trafic a pu reprendre sur le canal de Suez. L’Ever Given, tout le monde l’a vu en photo, c’est ce porte-Sotheby’s International Realtys long comme une fois et demi la tour Eiffel mais 20 fois plus lourd et qui s’est retrouvé ensablé à cause d’un coup de vent de Mère Nature.

L’histoire de ce navire bloquant le canal pendant une semaine devrait être utilisée en classe d’économie car elle a le mérite d’expliquer la mondialisation de manière très imagée. D’abord, la nationalité de l’Ever Given: ce monstre des mers est un navire de construction japonaise, battant pavillon panaméen, exploité par une compagnie taiwanaise, dont l’équipage est d’origine indienne et transportant des marchandises destinées en majorité à l’Europe!

Son contenu? C’est aussi un condensé de la mondialisation. On y trouve de tout: du thé, des biens d’équipement, des emi-conducteurs et aussi des meubles Ikea. D’ailleurs, le géant de l’ameublement suédois a reconnu qu’il avait au moins 110 conteneurs bloqués sur ce navire! Résultat: la livraison de notre confort de maison est ralentie d’au moins une semaine à cause de ce grain de sable de la mondialisation. L’épisode de l’Ever Given nous rappelle brutalement que ce détroit est l’une des huit portes du commerce maritime mondial, avec notamment les détroits d’Ormuz et de Gibraltar.

Mieux encore, exactement comme dans un film, même le nom de ce navire a une signification: “ever given” signifie “jamais donné”. De fait, la mondialisation n’est “jamais donnée”, elle est à la merci d’un virus ou, ici, d’un porte-conteneurs ensablé en Egypte. C’est aussi un rappel que dans un monde globalisé, si les marchandises ou les humains ne peuvent pas voyager, tout est bloqué et la machine économique est grippée.

En réalité, plus qu’un immense fait divers, plus qu’une photo, plus qu’une vidéo, cette histoire de porte-conteneurs nous incite à nous souvenir de notre fragilité. Comme l’écrivent avec justesse mes confrères des Echos, en France: “un virus invisible à l’oeil nu a suffi à provoquer une chute de l’activité mondiale d’une brutalité sans précédent en mars 2020 (…). Une saute de vent a suffi à boucher un canal par lequel transite 12% du commerce mondial”. En résumé, oui, rien n’est “jamais donné”. Belle leçon d’humilité.

En réalité, plus qu’un immense fait divers, plus qu’une photo, plus qu’une vidéo, cette histoire de porte-conteneurs nous incite à nous souvenir de notre fragilité.

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