L’été sera belge: pourquoi passer ses vacances ici n’est pas qu’une solution de repli

© Montage Getty Images

De nombreuses familles hésitent à prendre l’avion cet été. Une occasion unique pour les opérateurs belges de montrer que les vacances en Belgique, ce n’est pas qu’une solution de repli.

Avions à l’arrêt, séjours annulés, réservations reportées…, le secteur du tourisme traverse la période la plus noire de son histoire. Les projections de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), institution qui dépend des Nations unies, tablent sur une chute de 50 à 78% du nombre de voyageurs à travers le monde. Par comparaison, la crise financière du début du siècle avait à peine entraîné un recul de… 4,2% en 2009. L’OMT qualifiait alors 2009 de ” pire année depuis 60 ans ” !

” Depuis la mi-mars, tout est à l’arrêt. Le secteur survit sous perfusion, résume Jean-Luc Hans, vice-président de l’Association belge des tour-opérateurs (ABTO). Heureusement, nous avons les primes, les droits passerelle, les bons corona pour les clients qui apportent une bouffée d’oxygène. Nous devons panser les plaies mais elles sont encore bien ouvertes. ” La situation est d’autant plus dramatique que, si les clients ont disparu, le travail a dû, lui, continuer avec l’organisation des rapatriements et la gestion des annulations. ” Les choses ne reprendront pas du jour au lendemain, poursuit Jean-Luc Hans. Pendant encore plusieurs mois, les clients viendront avec des reports et des bons à valoir. Nous aurons donc travaillé deux fois pour un même service. Le retour à la normale, pour nous, ce ne sera pas avant 2022. ”

Wallons, Bruxellois et Flamands fondent de grands espoirs sur cet été touristique 2020.

Mais que signifie exactement ce ” retour à la normale ” ? Les envies des voyageurs n’auront-elles pas évolué durant ces longues semaines de confinement qui ont donné un fameux coup d’accélérateur à la tendance circuit-court et retour au local ? ” Je ne suis pas futurologue mais on peut supposer que les gens auront un peu peur de la foule et chercheront à privilégier l’arrière-pays ou la montagne par rapport aux plages bondées, poursuit le vice-président de l’ABTO. Cela dit, je ne pense pas que les grandes destinations en souffriront beaucoup. Venise, Rome et Barcelone auront toujours autant de choses à offrir aux visiteurs. ”

Airbnb : 67% de recherches belgo-belges

Plusieurs coups de sonde tendent toutefois à confirmer le souci de proximité. Prenons les recherches sur Airbnb, par exemple : 67% des recherches effectuées par les Belges entre le 15 avril et le 15 mai concernent des logements en Belgique. En France, cette proportion grimpe même jusqu’à 85%. ” Ces recherches locales sont plus de trois fois supérieures à celles de la même période l’année dernière “, précise Airbnb. Les villes côtières restent les plus demandées mais la plateforme constate une nette augmentation des recherches pour les destinations à la montagne et à la campagne, ” confirmant une tendance déjà forte pour le tourisme rural ces dernières années “.

L'été sera belge: pourquoi passer ses vacances ici n'est pas qu'une solution de repli
© PG/ E. Danhier

Une enquête menée en avril par Dedicated Research pour le compte de la Région wallonne révèle que 27% des Belges envisagent des vacances en Wallonie cet été alors que seulement… 8% d’entre eux avaient prévu de le faire avant le confinement. La proportion est identique dans les deux grandes communautés du pays. Les projets à la côte belge ont eux aussi sensiblement augmenté, passant de 11 à 25% (et même 35% pour les néerlandophones). Ces déclarations d’intention se traduisent déjà dans les réservations estivales. ” L’été se vend très bien et quasi exclusivement à des Belges, confie Joris Vandendooren, responsable du marketing chez Ardennes-Etape, l’une des plus importantes structures de location de vacances en Wallonie. Si la tendance se confirme, nous aurons vraiment un été belgo-belge. ” Succès ne signifie pas jackpot : nombre de ces réservations ne sont en fait que le report de séjours prévus lors des longs week-ends printaniers (moments très forts pour le tourisme ardennais) et qui ont dû être annulés. Les réservations pour juillet-août n’apportent donc pas systématiquement de nouvelles recettes, même si Joris Vandendooren note une nette augmentation de la durée moyenne des séjours. Les semaines complètes devancent désormais les week-ends de deux ou trois nuits.

L'été sera belge: pourquoi passer ses vacances ici n'est pas qu'une solution de repli
© PG

” Cela nous donne une équation bizarre, souligne Miguel Cotton, fondateur de l’agence Continents insolites (revendue depuis) et professeur en Tourisme à l’ULB. D’un côté, il n’y a jamais eu autant de demandes et, de l’autre, la capacité de nombreuses attractions ainsi que des restaurants sera limitée. ” D’où un risque réel de décevoir les attentes. Pour lui, la clé du succès sera de parvenir à donner confiance aux visiteurs, de les rassurer sur les conditions sanitaires, la désinfection des chambres, les règles de service dans les restaurants… Si cette clé fonctionne, l’été 2020 sera alors pour le tourisme belge une ” occasion inouïe de se réinventer “. Et c’est sans doute un peu plus vrai encore pour la Wallonie, qui pourrait tirer parti de l’aspiration aux grands espaces naturels (ça change du confinement ! ) autant que de la vogue du ” local ” et des produits du terroir.

L'été sera belge: pourquoi passer ses vacances ici n'est pas qu'une solution de repli
© PG/ Cayman

En vacances pour ” soutenir l’économie du pays ”

” Ce tourisme de nature et de proximité, c’est vraiment notre marque de fabrique, explique la ministre du Tourisme Valérie De Bue (MR). Nous avons vu ce mouvement de citoyens qui, confinés, ont redécouvert les commerces de proximité et les produits des fermes du coin. Mieux intégrer le commerce local dans la dynamique touristique, c’est un bel enjeu pour nous. Le tourisme, ce n’est pas seulement un hébergement et des attractions, c’est une expérience à vivre avec les producteurs locaux, les fermes pédagogiques, l’artisanat, etc. ” Chercher à alimenter tout un tissu économique et commercial autour du tourisme est d’autant plus pertinent en cette année 2020 que si les Belges ont changé leurs plans de vacances, c’est bien évidemment avant tout en raison des incertitudes et des risques sanitaires mais aussi dans un souci affirmé de soutenir l’économie locale (22% des répondants francophones au sondage Dedicated). Quelque 61% des francophones et 52% des néerlandophones se disent prêts à changer leurs projets de vacances pour soutenir l’économie de leur pays ou région.

Le développement de l’écosystème touristique était esquissé dans l’accord de gouvernement de l’an dernier, la ministre va maintenant y donner un grand coup d’accélérateur. Elle avance l’intégralité des subventions disponibles pour les 27 maisons du tourisme – qui connaissent leur territoire et ses acteurs – afin que celles-ci puissent rapidement proposer des circuits ou produits intégrés répondant à cet enjeu, en croisant balades à vélo, découverte d’une micro-brasserie, visites insolites, séjours dans des cabanes sur pilotis, etc.

Etienne Claude, directeur général de Wallonie Belgique Tourisme
Etienne Claude, directeur général de Wallonie Belgique Tourisme ” On a parfois encore cette image vieillotte de la Wallonie profonde, avec le gîte et son vieux canapé devant la cheminée. Les choses ont bien évolué. “© PG

Coup d’accélérateur sur le digital

Ces actions seront poussées par une vaste campagne de communication touristique sur le thème ” Changer d’air ” qui veut rendre le sud du pays attractif pour toutes les générations et pour tous les types de délassement. ” Le but n’est pas d’identifier des sites en tant que tels mais de montrer une ambiance, une atmosphère, de susciter des émotions, précise Valérie De Bue. C’est une signature qui va perdurer. Cette année 2020 doit être un tremplin pour l’avenir et mettre en évidence la diversité de notre offre touristique. ”

Les opérateurs sont invités à s’approprier la campagne et à la décliner sous leur propre nom afin d’en amplifier la portée. Cette communication coïncide avec une refonte de l’offre en ligne grâce au site visitwallonia.be et, plus largement, avec un effort de digitalisation du secteur. ” Nous avions constaté que très peu d’opérateurs étaient vendables en ligne, explique Etienne Claude, directeur général de Wallonie Belgique Tourisme (WBT). Nous avons alors lancé un appel d’offre, à l’époque avec le ministre René Collin (cdH), afin de pouvoir proposer à ces opérateurs une solution de réservation en ligne à un prix avantageux. ” Une anticipation très judicieuse puisque les conditions sanitaires poussent maintenant les réservations en ligne. Cent cinquante opérateurs ont déjà été équipés et WBT espère doubler ce chiffre durant l’été. ” J’ai été positivement étonnée par la réaction des opérateurs touristiques, reprend Valérie De Bue. Ils se mobilisent pour intégrer l’outil régional de commercialisation mais ils ont aussi profité du confinement pour accélérer la concrétisation d’autres projets numériques, comme le lancement d’une application smartphone qui remplacera l’audioguide du mémorial 1815 à Waterloo. La crise, même si elle est très dure, peut aussi être une opportunité de rebondir et de mettre en place les outils qui positionneront mieux nos attractions à l’avenir. ”

Selon une étude, 27% des Belges envisagent des vacances en Wallonie cet été alors qu’ils n’étaient que 8% avant le confinement.

Reste une question cruciale : la Wallonie dispose-t-elle des infrastructures d’hébergement suffisantes pour accueillir dans de bonnes conditions un éventuel afflux de touristes ? Oui, répondent en choeur nos interlocuteurs. ” On a parfois encore cette image vieillotte de la Wallonie profonde, avec le gîte et son vieux canapé devant la cheminée, sourit Etienne Claude. Les choses ont bien évolué. Les Lacs de l’Eau d’Heure, pour ne citer qu’eux, ont investi énormément pour pouvoir proposer un hébergement de qualité. Nous sommes maintenant bien positionnés. ” ” Les propriétaires de gîtes ont compris qu’ils devaient diversifier leur offre afin de faire de leur maison une ‘expérience’ pour le touriste “, ajoute Joris Vandendooren (Ardennes-Etape) qui espère que les budgets publics, très sollicités par le soutien au secteur et l’ambitieuse campagne de communication, permettront néanmoins de prévoir l’animation des places des villages et petites villes, animation essentielle dans la dynamique du tourisme rural.

L'été sera belge: pourquoi passer ses vacances ici n'est pas qu'une solution de repli
© PG/ Les Lacs de l’Eau d’Heure

Vivre l’expérience bruxelloise

Cette recherche d’espaces et de produits de terroir, cela ne fait a priori pas l’affaire de Bruxelles. Selon l’étude de Dedicated, moins de 5% des Belges envisagent la capitale comme destination de vacances cet été. Bruxelles doit pourtant attirer des voyageurs pour compenser, ne fût-ce que partiellement, l’arrêt total des congrès et salons, qui génèrent désormais la moitié de ses recettes touristiques. ” Nous avons 360 musées et sites à visiter, pour tous les publics et toutes les générations, mais on le sait peut-être mieux à l’étranger qu’en Belgique, concède Patrick Bontinck, CEO de visit.brussels. La perception internationale de Bruxelles est souvent plus positive que dans le pays. L’enjeu pour nous est de capitaliser sur cet été un peu spécial pour réconcilier les Belges avec leur capitale, de leur faire découvrir un Bruxelles qui a très fort changé. ” Comment ? Le gouvernement régional vient de débloquer un premier budget de 7 millions d’euros pour financer une campagne de promotion touristique, les investissements numériques et sanitaires des opérateurs ainsi que la réduction de la Brussels Card 48 h. L’objectif de cette dernière mesure est d’inciter les touristes wallons et flamands à passer la nuit à Bruxelles plutôt que d’effectuer des allers-retours. ” Pour comprendre Bruxelles, il faut vivre Bruxelles, insiste Patrick Bontinck. En quelques années, c’est devenu la ville la plus cosmopolite d’Europe. C’est cela aussi l’expérience bruxelloise : vivre avec les Bruxellois dans une grande diversité de personnes et de cultures. ”

Valérie De Bue, ministre du Tourisme:
Valérie De Bue, ministre du Tourisme: “Ce tourisme de nature et de proximité, c’est vraiment notre marque de fabrique.”© Belgaimage

Cette année, cette expérience bruxelloise ne pourra évidemment pas inclure de grands rassemblements comme le BSF ou Bruxelles-les-Bains. Mais cela ne signifie pas qu’il n’y aura aucune activité culturelle ou festive en extérieur. Le projet ” Bruxelles en vacances ” prend en effet le relais cet été. Il vise le soutien et la coordination d’une myriade de petites initiatives récréatives dans les quartiers et les espaces publics. ” Il y a un effort collectif pour dynamiser la ville “, résume le CEO de visit.brussels.

Wallons, Bruxellois et Flamands fondent donc de grands espoirs sur cet été touristique 2020, qui doit permettre de poser des jalons intéressants pour les prochaines années. On notera avec intérêt que les trois Régions, et même les quatre entités puisque la communauté germanophone assume également la compétence touristique, semblent agir avec une certaine harmonie. Toutes les quatre ont ainsi adopté des règles sanitaires identiques et elles avancent ensemble sur des mesures de relance structurelles, à moyen et long terme. ” Nos produits touristiques sont très différents et très complémentaires, explique Valérie De Bue. Cela facilite une approche de coopération. ” Les prochains mois diront si cette bonne entente perdure au moment de décrocher et de répartir les fonds européens nécessaires pour investir dans des infrastructures de tourisme durable.

Faire redécouvrir aux Belges les collections permanentes des Musées royaux

Michel Draguet (MRBA)
Michel Draguet (MRBA)© PG/ A. Jeanneret

” Beaucoup de mes amis vont visiter des musées dans d’autres pays mais ne mettent plus jamais un pied dans un musée en Belgique. Cet été constitue une magnifique occasion d’inverser la tendance. ” Directeur général des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Michel Draguet espère attirer dans les mois qui viennent un nouveau public provenant de Wallonie, de Bruxelles et de Flandre. ” visit.brussels ( l’Office du tourisme de Bruxelles, Ndlr) a d’ailleurs mis au point une nouvelle stratégie qui consiste à mettre en évidence la destination au niveau local et transfrontalier. ”

En temps normal, le public belge se rend essentiellement aux Musées royaux des Beaux-Arts de septembre à juin, et surtout dans le cadre d’expositions temporaires. Cet été sera du coup l’occasion de revaloriser les collections permanentes auprès du public national.

Pour le moment, parmi les six collections (ancien, fin-de-siècle, Magritte, moderne, Wiertz, Meunier), seul le Musée d’Art ancien est accessible. ” Mais la demande est très forte pour une ouverture du Musée Magritte “, assure Michel Draguet, qui espère pouvoir rouvrir ce dernier début juillet, dans une configuration cependant un peu particulière. Son bâtiment ne permettant pas de respecter les mesures de distanciation, le musée verra une sélection de ses oeuvres déplacée dans l’espace normalement dévolu aux expositions temporaires. Viendront s’y ajouter des oeuvres issues de la collection d’Art moderne. Car l’institution ne peut malheureusement pas ouvrir l’ensemble de ses collections, faute de personnel pour assurer les mesures de sécurité. ” Nous allons tout de même essayer de proposer un maximum d’oeuvres au même endroit “, assure le directeur général.

L’homme reste toutefois bien conscient que les Musées n’atteindront pas les taux de fréquentation de l’an dernier. C’est que les lieux accueillent en moyenne 60% de visiteurs étrangers. Pas sûr que les Belges compensent… ” Nous verrons ce que donnera la réouverture des frontières “, souffle notre interlocuteur, qui pointe aussi la question de la météo. ” Un été pluvieux, un bel été ou un été caniculaire, et tout peut changer ! ”

Etendre les horaires d’ouverture du Domaine des Grottes de Han

Brigitte Malou (Domaine des Grottes de Han)
Brigitte Malou (Domaine des Grottes de Han)© Belgaimage

” Les hébergements touristiques en Ardennes vont être pleins à craquer cet été, se réjouit Brigitte Malou, la directrice générale du Domaine des Grottes de Han. ” La responsable est persuadée que beaucoup de Belges vont prendre le temps de redécouvrir le pays. ” Les gens vont rechercher des activités près de chez eux et de plein air, dit-elle. Nous répondons donc clairement à un besoin. ”

Depuis qu’il a rouvert le 21 mai, uniquement les week-ends dans un premier temps, le parc animalier a déjà vu défiler pas mal de familles avec enfants. Les grottes, elles, seront accessibles à partir du 13 juin, d’abord le week-end également. Le Domaine ouvrira quotidiennement à partir du 1er juillet. ” Nous sommes assez contents car nous avons quand même enregistré une bonne fréquentation dès le premier jour de réouverture, assure Brigitte Malou. On voit bien que les gens ont besoin de prendre l’air. ”

La responsable pense accueillir cet été une clientèle essentiellement belge et frontalière : des touristes français, flamands et néerlandais en villégiature dans les Ardennes, ainsi que des excursionnistes d’un jour. Les mesures de sécurité liées au Covid-19 ne devraient pas la forcer à accepter moins de monde. ” Nous pourrons accueillir autant de visiteurs que l’an dernier, si pas plus, lance notre interlocutrice. Non seulement nous avons la chance d’avoir des espaces très grands, mais les réservations en ligne vont nous permettre de lisser les visites au cours de la journée. Il n’y aura pas de risque de cohue. ”

Le fait de voir débarquer des visiteurs qui n’étaient jamais venus auparavant est évidemment une occasion à saisir. Il va falloir leur en mettre plein la vue. Et pour cela, Brigitte Malou a tout prévu. ” Nous sommes en train de développer le sentier pédestre ainsi que d’autres circuits, explique-t-elle. Nous prévoyons également des visites matinales et crépusculaires plus intimes. Nous sommes assez flexibles. S’il le faut, nous étendrons également les horaires d’ouverture. ”

Attirer une clientèle belge et transfrontalière dans les hôtels

François et Olivier Cayman
François et Olivier Cayman© PG

En temps ordinaire, les mois qui viennent sont plutôt calmes pour l’hôtelier wallon Cayman. Premier franchisé Accor en Belgique avec des marques comme Ibis, Ibis Budget et Novotel, le groupe familial carolo accueille dans ses 14 établissements une clientèle surtout axée business. Mais cet été, ses deux administrateurs, François et Olivier Cayman, espèrent attirer des touristes locaux. ” Le groupe Accor a mis en place tout un marketing destiné à capter au maximum cette clientèle touristique locale “, explique le second. Nous allons tenter de capter une clientèle belge, même si tout cela est difficile à monitorer. ”

Pas sûr, en effet, que beaucoup de Belges séjournent à l’hôtel à quelques dizaines de kilomètres seulement de leur domicile. ” Un Flamand qui vient séjourner trois jours dans notre hôtel de Charleroi, j’ai du mal à l’envisager, sourit Olivier Cayman. Il est clair que pour certains de nos établissements, cela sera plus compliqué. En revanche, j’ai bon espoir en ce qui concerne notre Ibis situé à Dinant. En temps normal, nous y accueillons beaucoup de clients provenant des pays limitrophes, essentiellement des Néerlandais. Nous espérons cette année y accueillir également des Belges qui y resteraient deux ou trois jours. ”

De manière générale, les deux frères misent tout de même beaucoup sur la réouverture des aéroports ” pour capter une clientèle internationale “. ” Nous espérons aussi avoir une clientèle business plus importante car des entreprises vont certainement vouloir récupérer le retard pris pendant le confinement. Ajoutez à cela une clientèle belge et transfrontalière, cela devrait nous permettre, je l’espère, d’enregistrer des taux d’occupation plus importants. ”

Le groupe suit en fait la situation au jour le jour. Au plus fort de la crise, ses responsables ont dû fermer tous leurs hôtels, sauf un. Ils n’en étaient absolument pas obligés, mais les annulations tombaient les unes après les autres. A ce jour, le groupe hôtelier a pu rouvrir cinq établissements, essentiellement au gré de chantiers qui redémarrent à proximité et qui amènent des professionnels à réserver des chambres, mais les taux d’occupation restent toutefois assez faibles. ” Nous espérons que cela bouge davantage à présent avec la troisième phase du déconfinement “, conclut Olivier Cayman.

En mettre plein La vue aux résidents de villages de vacances

Christine Spaenjers (Vallée Les Etoiles)
Christine Spaenjers (Vallée Les Etoiles)© PG

” Depuis la dernière conférence de presse de la Première ministre, notre système de réservations est en train de chauffer. Les demandes de familles avec enfants affluent. ” Park manager du village de vacances Vallée les Etoiles, à Blaimont, dans les Ardennes, Christine Spaenjers est plutôt optimiste. Les 190 chalets sous sa gestion devraient plus que jamais se remplir cet été. En temps normal, l’endroit accueille environ 80% de Néerlandais et 15% de Flamands, les 5% restants étant composés de Wallons, de Bruxellois et de quelques Français. Mais les choses pourraient bien changer cet été. ” Pour l’instant, nous avons beaucoup plus de Belges que les années précédentes, essentiellement des Flamands, explique la responsable. Beaucoup passent d’habitude leurs vacances en France, en Espagne, etc. Ils connaissent davantage les Ramblas de Barcelone que les Ardennes belges. Cet été va être l’occasion de leur faire découvrir à quel point la région est magnifique. ”

Afin de fidéliser ces nouveaux clients locaux, le village a décidé de mettre les petits plats dans les grands. ” Nous voulons que les Bruxellois, Flamands et Wallons qui viendront pour la première fois soient émerveillés “, lance notre interlocutrice. Les responsables du centre de vacances ont renforcé les liens avec leurs partenaires, histoire de permettre aux visiteurs d’effectuer beaucoup plus d’excursions externes pour découvrir la région, ce qui devait les inciter à revenir. ” Nous travaillons avec Dinant Evasion, les Grottes de Han, la Brasserie Caracole, les draisines de la Molignée, etc. pour voir s’il leur est possible de fournir à nos clients de petites réductions, ou pour permettre à nos visiteurs de réserver leurs activités externes directement via notre réception. ”

A côté de ce large programme d’activités, le village de vacances a également décidé de mettre le paquet sur la sécurité, gage de satisfaction des clients. Les locataires ne souhaitant pas se rendre au restaurant pourront se faire livrer leurs repas directement dans leur chalet.

” Les Lacs de l’Eau d’Heure sont une brochure à ciel ouvert “

Jean-Jacques Cloquet, président de l'ASBL Les Lacs de l'Eau d'Heure
Jean-Jacques Cloquet, président de l’ASBL Les Lacs de l’Eau d’Heure© PG/ J.-J. Cloquet

” Dans les grandes crises, il y a toujours des opportunités, lance le président de l’ASBL Les Lacs de l’Eau d’Heure. Si la météo est clémente, il est certain que nous enregistrerons d’importants taux de fréquentation. Je m’attends à atteindre 20 à 30% de visiteurs en plus, avec des visiteurs n’étant jamais venus auparavant. ”

En fonction depuis 2017, Jean-Jacques Cloquet s’est attelé à redresser les comptes de l’association, annonçant – il faut bien le dire – un important plan social fin 2018. Depuis lors, Les Lacs de l’Eau d’Heure ont sorti la tête de l’eau, et le responsable s’apprête à annoncer fin du mois juin les mesures stratégiques qui seront mises en place dans les cinq ans pour redynamiser les lieux. ” L’été qui s’annonce, avec beaucoup de Belges qui resteront au pays, est un solide coup de pouce à notre plan stratégique “, se réjouit le responsable.

Depuis quelques semaines déjà, les promeneurs sont de retour sur les lieux et il est possible de faire du ski nautique. En cette deuxième semaine de juin, ce sont tous les partenaires économiques des Lacs (l’ASBL agit comme coordinatrice de partenaires indépendants) qui ont rouvert leurs portes. Hôtels, villages de vacances, etc. ” Ceux-ci enregistrent une hausse de leurs réservations de 20% “, assure Jean-Jacques Cloquet. Parmi ces réservations, on compte à ce stade environ 65% de Belges, un pourcentage en augmentation par rapport à l’an dernier.

” Beaucoup de Belges qui viennent pour la première fois sont assez surpris, explique notre interlocuteur. Ils ne se rendaient pas compte des atouts de l’endroit. ” Afin de séduire les visiteurs locaux, les Lacs ont mis en place une communication ciblée. ” Nous avons développé la philosophie du ‘tous pour un, un pour tous’. Chaque partenaire s’engage à faire la promotion des autres partenaires. Nous sommes par ailleurs intégrés dans le plan de relance du Commissariat général au tourisme. Mais de manière générale, les Lacs communiquent d’eux-mêmes. Nous sommes une brochure à ciel ouvert ! ”

Le tourisme en Wallonie, c’est…

13 millions de nuitées

Les hôtels empochent la moitié de ce gâteau, devant les gîtes, chambres d’hôtes et autres logements de terroir (3,2 millions de nuitées), les villages de vacances (2 millions) et les campings (1,5 million). Plus de la moitié des touristes viennent de Belgique (sauf dans les campings où les Néerlandais tiennent la palme avec 47,7%).

318 attractions

L’administration wallonne recense 181 musées, 37 centres et parcs récréatifs, 26 châteaux, 23 attractions nautiques, 11 parcs animaliers, 26 grottes, parcs et réserves à visiter à travers la Wallonie. La province qui offre le plus d’attractions est… le Hainaut (103). Ces attractions ont attiré l’an dernier 12,4 millions visiteurs (plus d’un tiers dans les centres et parcs récréatifs)

7,9 milliards de chiffre d’affaires

Les touristes en visite en Wallonie ont dépensé 2,8 milliards euros, principalement dans l’hébergement (32%), la restauration (33%) et le commerce (23%). Avec les fournisseurs, sous-traitants et autres activités indirectes, cela conduit à un chiffre d’affaires de 7,9 milliards d’euros pour l’industrie touristique, pour une valeur ajoutée brute de 3,6 milliards.

84.000 emplois

Quelque 84.000 personnes (59.000 ETP) ont un emploi en lien avec l’activité touristique. Elles travaillent d’abord dans le transport (25%) et la restauration (21%), bien avant les attractions proprement dites (10%) et l’hébergement (6,7%).

Source : Rapport 2018 du Commissariat au tourisme

Le tourisme à Bruxelles, c’est…

9,5 millions de nuitées

Les visiteurs logent essentiellement dans les hôtels (7,8 millions de nuitées en 2019, soit une hausse de près de 6%), bien avant les locations privées. Dans ce cas, deux tiers des visiteurs optent pour la location d’un logement entier.

Les nuits d’hôtel sont réservées par des Belges (22%). Viennent ensuite les Français (11 %), les Espagnols, les Allemands, les Américains et les Britanniques (6 à 7 % chacun).

336 attractions

Le capital touristique de Bruxelles est fort de 216 sites et monuments et de 120 musées. Ils ont attiré l’an dernier 5 millions de visiteurs (+14%). Les touristes ont suivi 154.000 visites guidées. Celles-ci séduisent surtout les Français (38%), les Belges (17%), les Américains et les Canadiens (15%).

2 milliards de recettes

Les visiteurs ont dépensé 2 milliards d’euros à Bruxelles en 2018. Un peu plus de la moitié de ce montant émane de visiteurs étrangers. Les dépenses profitent essentiellement au secteur horeca : 30% pour les repas et boissons, 28% pour le logement. Les déplacements et les activités récréatives représentent respectivement 10 et 8% du total des dépenses.

64.000 emplois

Sur la base des Comptes satellites du tourisme, de l’OMT, on estime que le secteur occupe plus de 64.000 personnes à Bruxelles, dont 7.000 indépendants. Cela représente 9,3% de l’emploi salarié à Bruxelles et 6,5% de l’emploi indépendant. Les travailleurs salariés se répartissent comme suit : 35% dans les cafés et restaurants, 35% dans le transport, 10% dans l’hébergement, 10% dans la culture et le solde dans les services de loisirs, les agences de loisirs et le commerce touristique.

Source : baromètre touristique 2019 de visit.brussels

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