L’Arbre d’obéissance

Etrange ouvrage que ce nouveau roman de Joël Baqué. L’auteur de La Fonte des glaces se glisse dans la peau de Théodoret de Cyr, évêque du 5e siècle. Habitant le nord de la Syrie, celui-ci fait partie de ces chrétiens des premiers temps qui tâchèrent d’établir le corpus théologique de leur religion. Ce narrateur est aussi le témoin de l’incroyable vie de Syméon le Stylite, moine comme lui à Téléda (monastère réputé pour ses conditions de vie dures), figure bien connue des chrétiens orthodoxes et syriaques, que son attitude rebelle conduisit à l’exil. Survivant à l’ascèse que le désert, ” miroir où nous cherchions la face de Dieu “, impose, Syméon se perche sur une colonne et prodigue son enseignement, attirant les foules voyant en lui la cause des bonnes récoltes et de paix. Pointant l’admiration de l’un envers l’autre, Joël Baqué semble vouloir questionner la notion d’engagement. Et ici, en l’occurrence, la foi. Celle-ci se vit-elle dans les écrits et par leur étude, comme la trajectoire de Théodoret ? Ou bien impose-t-elle un mode de vie extrême où guette de toute part la tentation, tel Syméon, berger devenu guide vers la plénitude ? Si son sujet peut laisser en bord de chemin (de pèlerin) par son ton parfois mystique, le romancier s’empêche la distance et joue les passeurs d’histoire, persuadé d’avoir assisté à un miracle. A l’instar de Syméon, ” les mots peuvent franchir les déserts et se mouvoir dans les silences les plus absolus, c’est là la démonstration de leur nature mystérieuse. ”

Joël Baqué, ” L’Arbre d’obéissance “, éditions P.O.L, 176 pages, 17 euros.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content