En 2010, paraissait en français Just Kids et des milliers de lecteurs découvraient la Patti Smith écrivaine, sa langue si poétique et ses centaines de références artistiques. Depuis, l’Américaine n’a cessé de publier en français, langue qu’elle ose à peine parler, même si elle lit Baudelaire en version originale et maîtrise notre grammaire. Une grande francophile. Il suffit d’ouvrir la première page de ce dernier texte paru en français fin 2020 pour s’en convaincre, avec cette phrase d’Antonin Artaud en exergue: “Une folie mortelle s’empare du monde”. Ces références, cette nostalgie teintée de noirceur, font partie de l’univers doux et puissant de Patti Smith, encore plus dans cette “Année du singe”, celle de ses 70 ans. Un récit où la mort n’est jamais loin: “Ainsi va le monde. Des cycles de mort et de résurrection, mais pas toujours comme nous l’imaginons. Par exemple, nous pourrions tous ressusciter sous une forme bien différente, vêtus d’habits dans lesquels, même morts, jamais on ne nous aurait vus”. D’une grande beauté.
Patti Smith, “L’année du Singe”, éditions Gallimard, 192 pages, 18 euros.