Jamais rien ne meurt

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Que retient de la guerre la mémoire d’une nation ? Cette vaste question, Viet Thanh Nguyen s’en empare dans une enquête qui mêle autant la grande histoire que son parcours familial. D’une famille de Saigon ayant fui les assauts nord-vietnamiens dans les années 1970, l’auteur s’interroge sur l’héritage de ce conflit perdu par les Etats-Unis. Quel est d’ailleurs son propre rapport à cette histoire, lui le Vietnamien mais aussi néo-Américain ? Pour dénouer les fils de cette pelote mémorielle, l’auteur, révélé chez nous en 2017 avec Le Sympathisant, remonte le cours des récits construits par les deux camps. L’histoire, ce sont les vainqueurs qui l’écrivent. Qu’en font les perdants ? Finaliste du National Book Award avec ce roman, Nguyen appuie souvent là où ça fait mal, mais en extrait une réflexion profonde et posée. Analysant les lieux de commémorations, les créations artistiques (les romans vietnamiens), mais aussi les symboles persistants de la mémoire collective, il tente d’excaver les histoires enterrées. Derrière les noms des ” tombés pour la patrie “, les survivants semblent avoir été oubliés. Il s’efforce de ranimer les fantômes. Des revenants qu’ils convoquent également dans Les Réfugiés, recueil de nouvelles publié simultanément à la sortie d’un ouvrage qui met quelques pages avant de fixer clairement son objectif, mais se révèle une passionnante introspection personnelle et universelle.

Viet Thanh Nguyen, ” Jamais rien ne meurt “, éditions Belfond, 416 pages, 20 euros.

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