Trends Impact Awards: Gramitherm, il n’y a plus de mauvaise herbe…

Un hectare d'herbe permet d'isoler sept maisons ce qui revient à piéger 3,6 tonnes de CO2. © PG

A Sambreville, Gramitherm transforme des herbes coupées naturelles en des panneaux d’isolation. La production est vertueuse puisqu’elle ne génère aucun déchet. Le jus récupéré est utilisé pour produire du biogaz et les chutes de panneaux sont recyclées.

L’herbe coupée est la biomasse la plus abondante au monde. Dans certains pays européens, sa valorisation est étudiée de près vu son caractère naturel (elle n’est pas cultivée). Des filières existent déjà dans le secteur du papier en Allemagne ou de l’emballage (les boîtes d’oeufs) aux Pays-Bas. Outre-Moerdijk, la non-valorisation est même désormais taxée: 40 euros la tonne d’herbe coupée. Quand on sait que l’aéroport de Schiphol en produit 50.000 tonnes par an, cela donne à réfléchir. Il n’est donc pas étonnant de découvrir que l’université de Wageningen près d’Utrecht est en pointe de la recherche européenne sur le sujet. Elle n’est pas la seule. Il y a une quinzaine d’années, un ingénieur agronome suisse particulièrement bien nommé, Stefan Grass, a démontré et breveté les propriétés thermiques de panneaux d’isolation à base de fibres d’herbe. Cette technologie est aujourd’hui dans les mains de Christian Roggeman, CEO de la société Gramitherm. “Aujourd’hui, nous sommes les seuls à monde à produire ces panneaux en fibres d’herbe et nous le faisons à Sambreville, explique-t-il. Un choix logique pour trois raisons: je suis Belge et diplômé de Solvay, Sambreville est un merveilleux centre logistique tant routier que fluvial et l’herbe vient de Flandre, principalement des bords de canaux en Campine.” En Flandre, les organisations de collecte récupèrent en effet déjà annuellement environ 1,2 million de tonnes d’herbe perdue qui provient de domaines publics, de parcs, de rives de canaux ou de fleuves, d’aéroports, etc. Pour se lancer, Gramitherm a été aidé par Namur Invest et Invest Sud qui sont entrées au capital.

A pleine capacité, l’usine pourra produire 200.000 m3 de panneaux ce qui correspond à 7.000 tonnes de fibres d’herbe et 35.000 tonnes d’herbe fauchée. La production est vertueuse puisque le jus d’herbe obtenu est utilisé pour la production de biogaz et fournit une partie de l’énergie nécessaire au fonctionnement de l’usine. Cette dernière produit des panneaux de 60 cm sur 120 avec une épaisseur variant entre 45 et 240 mm.

Panneau garanti 50 ans

Des panneaux plus efficaces et plus vertueux que l’ensemble des produits présents sur le marché.

“D’une part, la matière de base n’est pas cultivée. Ensuite, la production est faiblement énergivore puisque les fibres sont brûlées à 160° et passent trois minutes dans le four. Pour la laine de verre, par exemple, le sable est brûlé à 1.300° pendant 48 heures. Le panneau Gramitherm a des propriétés uniques. Il régule l’humidité, il la rejette sans se dégrader. Il est donc garanti 50 ans. Il isole contre le froid évidemment mais aussi contre le chaud. Enfin, il a le meilleur bilan carbone de toute la filière. Un hectare d’herbe permet d’isoler sept maisons ce qui revient à piéger 3,6 tonnes de CO2. Tout est recyclé dans l’usine puisque nous récupérons les chutes de chantier pour refaire de nouveaux panneaux.” Reste la question du prix. L’isolation biosourcée (herbe, lin, chanvre, etc.) a toujours été plus chère que ses concurrents moins vertueux, mais l’inflation énergétique actuelle a infléchi cette réalité.

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