Il n’en revint que trois

Peu connu chez nous, l’auteur de 85 ans est pourtant une véritable sommité dans son Islande natale où il a reçu le Grand Prix Littéraire de l’île. Il a également traduit une volée d’auteurs hispanophones, comme Cervantes ou Cortázar. Son troisième roman à sortir en français est une merveille d’épure narrative. L’écriture de Bergsson ne s’embarrasse d’aucun effet de style. En un peu plus de 200 pages et à travers le destin d’une famille vivant à la dure dans une ferme perdue au milieu de nulle part, un peu avant le début de la Seconde Guerre mondiale, l’écrivain nous fait vivre de manière minérale et organique l’Histoire – avec un grand H – de son peuple. De son pays et de ses mutations. En gros, de l’âge de pierre à l’apparition d’Internet. Au sein de cette famille, une fois nommés, les personnages s’appellent le père, les filles, le fils, le gamin, afin sans doute d’appuyer sur l’âpreté et la dureté des tâches quotidiennes. Dans cette cellule où végète un vieil homme incontinent, les conflits sont larvés et la rancune tenace. Lorsque la guerre se déclare, l’arrivée des Américains affole les filles du coin, qui se mettent à rêver. Et quand les uns prennent la poudre d’escampette, les autres – l’auteur ne distille aucun repère temporel précis – décident de reconvertir la ferme en hôtel, en harmonie avec cette belle et impétueuse nature. Puissant, beau et tourmenté à la fois.

Gudbergur Bergsson, ” Il n’en revint que trois “, traduit de l’islandais par Eric Bergsson, éditions Métailié, 206 p., 18 euros.

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