Sébastien Durieux (SRIW): “Il était important de diversifier nos sources de financement”

Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

La SRIW pilote le nouveau fonds d’investissement Amerigo, alimenté aux deux tiers par des moyens extérieurs à la Wallonie, notamment via les assureurs. Un fonds dont Sébastien Durieux présidera le comité de direction.

1. Quand on voit le nombre d’outils financiers, la Wallonie avait-elle vraiment besoin d’un fonds de plus en créant Amerigo?

Nous avons créé ce fonds pour accueillir de nouveaux partenaires. D’une part, le plan de relance fédéral prévoyait une enveloppe de 150 millions (50 par Région) pour soutenir les investissements régionaux. Cela fait longtemps que l’Etat n’investissait plus dans les compétences économiques régionales. Il aurait été idiot de notre part de snober cela. Cela implique de passer par une structure de type fonds d’investissement, comme le font d’ailleurs la Flandre et Bruxelles.

D’autre part, les assureurs ont manifesté leur souhait d’apporter des moyens pour soutenir les entreprises dans cette crise. Une sorte de retour d’ascenseur après qu’eux aussi aient été aidés par le public lors de la crise financière. A nouveau, il aurait été idiot de snober cela. Au total sur les 160 millions d’Amerigo, 105 proviennent d’un périmètre extérieur à la Région wallonne. La Sogepa et nous apportons 30 millions, les invests 25.

2. Dans ces 105 millions, l’essentiel provient d’autres acteurs publics (SFPI, Belfius, Ethias). Manque-t-on à ce point d’acteurs privés en Wallonie?

Les entreprises que vous citez ont effectivement un actionnariat public mais elles se comportent comme des investisseurs privés. Elles sont dans une logique financière mais cela ne les empêche pas d’avoir aussi un objectif de soutien à l’économie locale. Nous avons négocié pour définir notre stratégie d’investissement – cela n’a pas toujours été simple – mais je pense que nous parvenons à un alignement des intérêts et à la mise en place d’une gouvernance commune. Pour nous, c’est un bel exercice de mise en place d’une politique ESG, qui mettra l’accent sur la transition écologique. Amerigo n’investira pas dans les secteurs de l’armement et des énergies fossiles.

3. La première intervention d’Amerigo sera pour I-Care. Une entreprise en aussi forte croissance ne pouvait-elle pas se financer par les outils classiques?

C’est une question d’équilibre. Je ne peux pas garder les bons dossiers pour la SRIW seule et appeler le fonds uniquement pour ceux qui sont plus compliqués. En l’occurrence ici, la SRIW apporte 10 millions et Amerigo en ajoute cinq. Par ailleurs, il est intéressant pour nous de diversifier nos sources de financement. Nous investissons avec nos ressources propres (intérêts, dividendes, plus-values) et l’apport de moyens par la Wallonie. Dans les prochaines années, la Wallonie sera-t-elle toujours en capacité de nous alimenter à la même hauteur qu’aujourd’hui? La question peut être posée. Amerigo, c’était notre première levée de fonds. Peut-être devrons-nous en faire d’autres demain. La SRIW, comme toute entreprise d’ailleurs, ne peut pas compter uniquement sur les apports de ses actionnaires.

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