Immobilier à la côte: “Il est difficile de trouver un immeuble vide aujourd’hui”

Marc Vanden Bussche, bourgmestre de Coxyde. © BELGAIMAGE

A Coxyde, les biens disponibles sur le marché sont rares car la pandémie a renforcé l’achat des résidences secondaires et les projets sont très limités, faute de place. La commune est désormais face à un choix crucial: trouver des solutions pour s’étendre ou se contenter de ce qu’elle a.

TRENDS-TENDANCES. Coxyde fait partie des communes côtières les plus prisées en matière d’immobilier. Selon vous, pourquoi tant de personnes désirent y acheter?

MARC VANDEN BUSSCHE. Nous sommes une ville balnéaire avec de nombreux atouts et animations. En plus des larges plages façon “Champs-Elysées”, Coxyde possède plus de 70 hectares de dunes et de nature. Les gens aiment s’y balader, manger, ou encore profiter des nombreuses infrastructures sportives et culturelles comme le golf, les clubs nautiques, le casino, le cinéma, etc. Bref, il y a chaque jour comme un sentiment de vacances. Je remarque aussi qu’il existe souvent un attachement, un lien familial avec Coxyde. Lorsque j’étais notaire, je demandais aux gens pourquoi ils achetaient de l’immobilier dans la commune et beaucoup me répondaient que c’était parce que leurs enfants ou petits-enfants aimaient passer leurs vacances à Coxyde. D’où l’attrait pour les résidences secondaires dans la commune.

Notre expansion est notamment limitée par le fait que Coxyde est catégorisée par la Flandre comme zone rurale.

Justement, quelle est la proportion entre résidences secondaires et principales dans votre commune?

Coxyde compte environ un tiers de résidences principales et deux tiers de résidences secondaires. On préférerait bien sûr que les résidents secondaires s’installent à l’année pour faire vivre davantage la commune, mais la situation a toujours été comme ça, Coxyde reste avant tout une station balnéaire. Il existe néanmoins des incitants fiscaux pour ceux qui s’installent dans la commune. Il n’y a, par exemple, pas de taxe communale additionnelle si l’on se domicilie dans la commune ou si l’on loue son bien à une personne qui y est domiciliée.

Le covid a-t-il poussé plus de gens à s’installer dans la commune, ou du moins à y passer davantage de temps?

Oui, depuis le début de la pandémie, le télétravail s’est répandu et beaucoup de gens ont (re)découvert les avantages de vivre à la côte. Alors qu’auparavant, les touristes venaient passer deux semaines ou un mois chez nous pendant les vacances, ils viennent sur de plus courtes périodes mais plus souvent.

Le covid a aussi eu pour effet d’augmenter les achats de résidences secondaires puisqu’il était plus difficile de voyager à l’étranger à cause de la pandémie. Enormément de biens ont été vendus ces deux dernières années, à tel point qu’il est difficile de trouver un immeuble vide aujourd’hui à Coxyde. Cela a aussi fait grimper les prix de l’immobilier.

Quels sont les principaux profils des acheteurs immobiliers à Coxyde?

Ce sont en premier lieu des personnes qui ont passé leur jeunesse dans la commune. Elles ont un lien spécial ou familial avec Coxyde parce qu’elles y venaient en vacances. On remarque aussi que beaucoup de gens rêvent de passer leur retraite à la côte et ils anticipent en achetant un bien immobilier chez nous quelques années plus tôt pour déjà en profiter en tant que résidence secondaire. Pour certaines personnes, cette acquisition est parfois un troisième bien immobilier, par exemple après une maison de vacances en Espagne. Je dis que c’est toujours un bon investissement d’acheter à Coxyde car la valeur de l’immobilier continue d’augmenter et toute la famille peut profiter de l’appartement ou de la maison. Cependant, vu l’augmentation des prix, il faut un certain budget. Donc, ce sont majoritairement des personnes d’un certain âge qui investissent. Les plus jeunes, elles, consacrent d’abord leur argent à leur résidence principale. Et puis, ceux qui travaillent préfèrent s’installer plus près des villes car nous n’avons pas d’industries à Coxyde et les connexions ferroviaires ne sont pas à la hauteur. Ces quelques inconvénient ne nous empêchent toutefois pas d’attirer du monde, donc on ne se plaint pas.

Quels sont les quartiers ou endroits les plus prisés en matière d’immobilier?

Ce sont avant tout la digue et les biens avec vue sur mer, et cela se fait ressentir par des prix plus élevés. Les appartements d’angle sont aussi plus recherchés, de même que les terrasses bien exposées par rapport au soleil. Ce qui se trouve derrière les première et deuxième lignes est un peu moins prisé mais aujourd’hui, il y a tellement de pénurie et de terrains exploités que tout se vend.

Y a-t-il d’importants projets neufs? La commune favorise-t-elle les nouvelles constructions?

Dans quelques années, la base aérienne militaire va déménager à Ostende. Nous sommes donc en train de planifier le futur de ce site de 350 hectares. Le paysage sera préservé au maximum et nous prévoyons notamment d’y déménager nos services techniques. Cela permettra de libérer de l’espace dans le centre-ville pour plusieurs petits terrains à bâtir qui seront destinés en premier lieu au marché local, avec des facilités pour les habitants de Coxyde.

Comme dans d’autres villes, les promoteurs sont attirés par notre commune car beaucoup de personnes veulent y acheter de l’immobilier. Hélas, il est devenu très difficile d’obtenir des permis à cause des nombreux recours et il n’y a plus vraiment de place pour les grands projets ; tout est construit.

Faute de pouvoir construire de grands projets, les rénovations sont-elles privilégiées?

Oui, il y a déjà pas mal de rénovations mais nous veillons à les encadrer car la commune compte beaucoup de maisons des années 1920-1930 avec un style normand remarquable et qui sont signées par des architectes connus comme Gaston Lejeune. Nous avons une liste régulièrement mise à jour de maisons à préserver et qu’il est interdit de démolir ou de diviser. En échange, nous avons mis en place des subsides pour aider à restaurer ces villas qui font partie de notre patrimoine.

Nous sommes par contre très ouverts par rapport au style des nouvelles constructions. Le célèbre promoteur Rietveld a, par exemple, construit dans la commune des logements dans un style très moderne et très recherché.

D’un point de vue immobilier, quel futur envisagez-vous pour Coxyde?

Je vois un avenir brillant car les gens aiment venir chez nous. Ils ont redécouvert les plages et la côte belge, qui était un peu mal vue il y a quelques années alors qu’il y a énormément de belles choses à voir. Le revers de la médaille est peut-être qu’il n’y a presque plus rien à vendre à Coxyde et que les possibilités de construire sont restreintes. Peut-être que, comme à Courchevel, on va arriver à un stade dans lequel on arrête les projets et on se contente de ce qu’on a. Notre expansion est notamment limitée par le fait que Coxyde est catégorisée par la Flandre comme zone rurale. C’est une décision qui remonte aux années 1970 et qui n’a pas de sens car avec nos 22.000 habitants, nous devrions avoir le statut de petite agglomération comme Blankenberge qui a une population similaire, ou même Nieuport qui ne compte pourtant que 10.000 habitants. Après, peut-être vaut-il mieux que ça reste comme ça et que Coxyde préserve son côté familial plutôt que de s’étendre encore et encore…

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