Histoires belges sur les greens

L'entretien des parcours est souvent très délicat, surtout que les greens sont attaqués par des maladies (ici fusariose froide sur un green en poa annua). © PHOTONEWS

L’inquiétude grandit dans de nombreux clubs belges de golf. Et pour cause : depuis le 1er juin 2018, un décret européen interdit le recours aux produits phytopharmaceutiques pour l’entretien des greens. Dans l’absolu, il n’est donc plus permis d’utiliser le moindre pesticide (insecticide, herbicide ou fongicide).

Histoire de permettre aux greenkeepers de se retourner, les clubs de la Région flamande ont obtenu un moratoire de deux ans qui leur permet de recourir, dans certains cas précis, à une faible dose de produits chimiques. Mais ce n’est pas le cas en Région wallonne où, jusqu’ici, aucune dérogation n’a encore été officiellement accordée. Résultat : dans de nombreux clubs, les greens sont attaqués par les maladies (champignons microscopiques). Un vrai drame à certains endroits qui incite déjà des joueurs francophones à devenir membres de clubs…néerlandophones. Une véritable histoire belge !

Des produits interdits sur les greens sont autorisés pour la culture des fraises !

” Le green est un milieu vivant composé en surface de graminées indigènes, généralement le pâturin annuel (ou poa annua). Il s’agit d’une herbe qui couvre bien le sol mais qui est aussi très sensible aux maladies et possède un faible enracinement “, explique Michel Poncelet, ingénieur agronome et référence dans le greenkeeping et l’entretien de terrains de sports engazonnés.

Le décret a pris de court de nombreux clubs. ” Nous partageons l’objectif zéro phyto mais il est très difficile de se passer complètement de pesticides lorsqu’un green est malade ou lorsqu’un fairway est envahi par des adventices. Et la Région wallonne est la seule, en Europe, à être aussi intransigeante “, remarque Philippe Delhaye, président de l’AFGolf (la fédération francophone).

En coulisses, le monde du golf se demande aussi pourquoi des produits qui sont interdits sur les greens sont autorisés pour la culture des fraises ou dans les exploitations agricoles ! L’ensemble des greens du Royaume représente une superficie de 80 hectares, soit l’équivalent d’une petite ferme. Ce n’est pas énorme. Mais le dossier est sensible et attise les tensions. Mine de rien, le golf (65.000 licenciés dans 91 clubs en Belgique) est créateur de nombreux emplois directs ou indirects. Interpellé à la fois par les professionnels du secteur et par l’opposition, Carlo Di Antonio, ministre wallon de l’Environnement, semble conscient du problème. Des négociations ont lieu avec, en toile de fond, un possible consensus. Car le temps presse !

Histoires belges sur les greens
© PG

Il reste que, tôt ou tard, le zéro phyto sera définitivement d’application sur les terrains de golf et de football. ” Mais le défi peut être relevé, ajoute Michel Poncelet, expert qui entretient le gazon de 25 clubs en Belgique. Il existe en effet des approches mécaniques et biologiques de plus en plus pointues qui permettent de lutter contre les parasites. Je pense à la technique d’inversion de la flore avec l’utilisation de l’herbe agrostis à la place du poa annua. Elle est complexe mais efficace, sous réserve d’un maximum de lumière. Voilà pourquoi il est essentiel, dans de nombreux clubs, de couper les arbres. “

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