Fusion délicate

Vincent Blondel, recteur de l'UCL, a réussi là où son prédécesseur avait échoué. © BELGA IMAGE

Le mariage, philosophiquement cohérent, est un couac pour le décret Paysage qui organise l’enseignement supérieur et universitaire francophone en pôles géographiques. L’opération doit être validée par un décret.

Cette fois c’est voté : les administrateurs de l’UCL et l’assemblée générale de l’Université Saint-Louis ont approuvé la fusion entre les deux institutions. L’institution bruxelloise sera fondue dans la structure juridique de l’UCL et l’ensemble prendra le nom d’UCLouvain. Qui passera ainsi de 30.184 à 34.072 étudiants, confortant sa première place parmi les universités en francophonie. L’université bruxelloise sera identifiée sous le nom d’UCL-Saint-Louis-Bruxelles et gardera une autonomie financière. Un régime transitoire de trois ans est prévu.

L’opération semble naturelle car les deux institutions catholiques sont proches. Elles se partagent des enseignants. Les étudiants passent souvent de l’une à l’autre : baccalauréat à Saint-Louis, master à Louvain-la-Neuve. La fusion permettra aux deux établissements de développer des enseignements communs, d’améliorer le positionnement international, et de donner plus de poids à l’UCL à Bruxelles. Toutefois, la fusion ne correspond pas à la logique géographique qui régit l’enseignement supérieur et universitaire depuis 2013, avec la publication du ” décret Paysage ” qui avait créé une académie unique, l’ARES, et cinq pôles géographiques, avec chaque fois une université de référence. A Bruxelles, l’ULB (27.000 étudiants) tient ce rôle. Ce décret visait à favoriser le partage d’infrastructures et les collaborations, sans forcément suivre la logique des réseaux. L’ULB, peu ravie de voir l’UCL se développer à Bruxelles, a du reste tenté une proposition alternative de rapprochement avec l’Université Saint-Louis, en vain.

Le retour de la méga fusion ?

L’UCL, cantonnée au rôle d’université de référence du Brabant wallon, avait arraché la création d’instances ” interpôles ” pour éviter une sorte de tutelle de l’ULB sur sa faculté de médecine basée à Woluwe-St-Lambert, et pour conserver des liens avec d’autres institutions catholiques bruxelloises. La fusion avec l’Université Saint-Louis s’inscrit dans ce contexte. Au passage, le recteur de l’UCL, Vincent Blondel, semble réussir là où son prédécesseur, Bruno Delvaux, avait échoué. Voici une décennie, ce dernier avait tenté une vaste fusion entre l’UCL, la Fucam (Mons), l’Université de Namur et l’Université Saint-Louis. Seule la Fucam avait accepté pour devenir UCL-Mons. Le refus de Namur, en 2010, avait stoppé net le projet.

La fusion UCL-Saint-Louis va sans doute créer un embarras politique car elle n’est pas applicable telle quelle. Le décret Paysage, dont l’auteur, le ministre Jean-Claude Marcourt, est toujours ministre de l’Enseignement supérieur, devra être adapté : il ne prévoit pas la fusion d’universités. Un refus pourrait toutefois créer une crise indésirable entre Jean-Claude Marcourt et la première université du pays. ” Je ne vois pas pourquoi il refuserait, explique le recteur d’une université non impliquée dans cet accord, mais je me demande ce qui sera demandé en échange d’une signature. ”

ROBERT VAN APELDOORN

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