Handicap et entreprise: favoriser l’inclusion professionnelle
DiversiCom aide les personnes en situation de handicap à trouver un emploi au travers de conseils, de formations et d’ateliers de sensibilisation à destination des entreprises. L’occasion de montrer que le handicap n’est pas un frein à l’emploi.
“DiversiCom a pour mission et pour rêve que chaque personne en situation de handicap exerce le métier qui lui convienne, que chacun puisse trouver la place qu’il mérite, explique Marie-Laure Jonet qui est à l’initiative de cette ASBL créée en 2014. Il s’agit de faciliter l’accès à l’emploi en se basant au départ sur la compétence que la personne a déjà ou qu’elle peut acquérir et que des entreprises recherchent. Notre but vise à rapprocher les univers du handicap et de l’entreprise. Nous allons explorer en compagnie de la personne en situation de handicap le champ des possibles, sur base de ses qualités, de ce qu’elle peut et surtout de ce qu’elle aime faire.” DiversiCom est opérationnelle en Région bruxelloise depuis 2015.
Le taux d’emploi des personnes en situation de handicap est de l’ordre de 50% à l’échelon européen, il n’est que de 35% au niveau belge.
Coaching des chercheurs d’emploi En l’espace de sept ans, l’ASBL a accompagné 341 personnes en situation de handicap, conseillé 202 entreprises partenaires, facilité 677 projets professionnels et, last but not least, affiché un taux d’emploi pour ses candidats de 58,4%.
L’activité déployée par l’équipe de DiversiCom composée de sept personnes, auxquelles deux nouvelles recrues vont s’ajouter courant de cette année, s’articule autour de quatre axes. Le premier concerne le jobcoaching. “Nous accompagnons la personne en situation de handicap qui recherche un emploi, explique Marie-Laure Jonet. Notre rôle consiste d’abord à restaurer la confiance en soi. Ensuite, il y a la phase d’objectivation. Quelles sont les capacités et les limitations de la personne? Nous allons déterminer ce qui est possible et le traduire dans un parcours professionnel. Par exemple, pour les personnes autistes que nous avons accompagnée, il faut que tout soit bien systématisé et qu’il n’y ait pas d’imprévu. Enfin, nous formalisons avec la personne des outils de recherche et la préparons aux entretiens d’embauche. Nous ne cherchons pas un emploi à sa place mais nous l’aidons dans sa démarche.”
DiversiCom a pour mission et pour rêve que chaque personne en situation de handicap ait le métier qui lui convienne, que chacun puisse trouver la place qu’il mérite.
Marie-Laure Jonet (DiversiCom)
Lorsque l’on songe à une personne en situation de handicap, nous vient directement à l’esprit une personne en chaise roulante qui est d’ailleurs en règle générale le pictogramme qui la représente. Or, ce type de handicap n’intervient que dans 3% des cas. “En fait, 80% des handicaps ne se voient pas, précise Marie-Laure Jonet. Il s’agit, par exemple, de l’autisme, des maladies invalidantes, des déficiences visuelles ou auditives, etc. Par ailleurs, il faut garder à l’esprit que 80% des handicaps arrivent au cours de la vie, et que 15% de la population active se retrouve dans une situation de handicap.” Deuxième axe: le conseil aux entreprises qui souhaitent s’impliquer davantage mais ne savent pas comment s’y prendre. Aujourd’hui, nombre d’entreprises entendent refléter la diversité en leur sein, que ce soit dans le cadre de l’égalité entre les hommes et les femmes, de la lutte contre toute discrimination, etc., mais le handicap demeure souvent un obstacle à l’emploi. Ainsi, alors que le taux d’emploi des personnes en situation de handicap est de l’ordre de 50% à l’échelon européen, il n’est que de 35% au niveau belge.
Conseil aux entreprises
C’est dans ce cadre que DiversiCom apporte son expertise aux entreprises partenaires en leur proposant une large palette de formations et de sensibilisations, conçues sur mesure selon leurs besoins. “Sur les 65% de personnes en situation de handicap qui ne travaillent pas, entre 40 et 45% ont la possibilité de travailler, précise Marie-Laure Jonet. Certaines d’entre elles entreprennent une démarche proactive. En ce qui concerne les entreprises, nous les sensibilisons à cette question au travers des ressources humaines. Ce qui est intéressant car dans le personnel d’une entreprise, vous trouverez toujours l’un ou l’autre collaborateur qui a été ou est confronté au handicap dans son entourage. Nous avons, par exemple, eu dans une société une personne sourde qui a été engagée et avons découvert à cette occasion que la réceptionniste maîtrisait le langage des signes, ce qui a facilité la communication et l’intégration.”
80% des handicaps ne se voient pas
Le matchingconstitue le troisième axe. DiversiCom crée le maximum d’opportunités de rencontre entre son vivier de candidats accompagnés et son réseau d’entreprises partenaires. Avec à la clé parfois des résultats inattendus, comme en témoigne l’histoire de Nasrallah. Sourd, muet, d’origine étrangère et illettré, il cumulait tous les handicaps au départ mais il disposait d’une compétence: la couture. C’est ainsi qu’avec le concours de DiversiCom, il a pu trouver un job au sein de l’équipe couture des pompiers bruxellois. “C’est un vrai changement pour la personne quand elle entre dans le monde du travail, souligne Marie-Laure Jonet. Elle doit créer de nouveaux liens au sein de l’entreprise. Nous suivons aussi bien la personne que l’entreprise lors de chacune des étapes (stage, formation, adaptation, stabilisation) et nous nous efforçons de répondre aux questions que se posent également les employeurs notamment concernant les aspects administratifs et financiers. Il faut savoir que le fait qu’il n’y ait pas de garantie de récupération de l’allocation de personne handicapée constitue un frein à l’emploi. D’autant que les critères d’octroi sont très stricts. Le message que nous souhaitons faire passer au fédéral est qu’avec un filet de sécurité, tout le monde sera plus audacieux.”
Partager les bonnes pratiques
Le quatrième et dernier axe de DiversiCom est la sensibilisation à la question du handicap dans le monde de l’entreprise, notamment via le partage des bonnes pratiques qui contribuent à faire bouger les lignes et à changer les comportements. De nombreux exemples d’intégration réussie, les DiversiStories, sont consultables sur le site de DiversiCom et illustrent le travail effectué par l’ASBL. Le financement de cette dernière est double: public et privé. Elle est ainsi soutenue de longue date par Actiris et la Cocof. Grâce à cet appui, elle offre un jobcoaching gratuit pour les personnes en situation de handicap et en quête d’un emploi. L’activité de conseil aux employeurs est financée par les entreprises elles-mêmes “à des tarifs raisonnables, visant à créer une activité viable et autosuffisante et non à créer du profit”. Après sept ans d’activité, les résultats du travail effectué par la petite équipe de DiversiCom sont déjà plus qu’appréciables et ne cessent de s’améliorer. Si sa mission s’inscrit pleinement dans un registre social, elle est aussi totalement immergée dans l’univers des entreprises et des affaires. Pour preuve l’étude d’impact “cinq ans d’inclusion professionnelle” réalisée pro bono par une équipe de la société de consultance Bain & Company, complétée ensuite par une équipe de BNP Paribas Fortis qui s’est dédiée au calcul de l’impact économique.
Le plus important, ce sont toutes ces personnes qui ont mis le pied à l’étrier professionnel et ont retrouvé confiance en elles.
De cette étude, ressortent quelques enseignements intéressants, tant du point de vue qualitatif que quantitatif. Ainsi, il appert que DiversiCom a changé la vie des candidats et de leur entourage, sur le plan professionnel mais aussi personnel. Nonante pour cent des candidats déclarent que les coachings individuels et collectifs de DiversiCom ont été utiles pour leur recherche d’emploi. DiversiCom a donné un nouvel élan à leur carrière et tous déclarent qu’ils n’auraient pas pu accéder à leur emploi actuel sans DiversiCom. Suite à l’accompagnement de l’ASBL, 55% des candidats reconnaissent avoir changé de regard sur leur handicap et 65% déclarent avoir amélioré leur vie sociale, leur bien-être et leur autonomie (notamment financière). Pour 20% des candidats rencontrés, DiversiCom a radicalement changé leur vie. Relais essentiel pour l’entourage, elle a accéléré l’emploi de personnes en situation de handicap dans les entreprises, où beaucoup reste encore à faire. Mais pour celles qui sont partenaires, le retour est positif comme en témoignent les chiffres.
Impact économique positif de l’inclusion
En effet, 90% des entreprises qui entament une démarche de recrutement avec DiversiCom engagent via l’ASBL et 100% d’entre elles déclarent vouloir engager plus de personnes en situation de handicap. Par ailleurs, 65% soulignent que les recrutements récents n’auraient pu être possibles sans l’aide de DiversiCom et surtout 95% ont observé un effet positif sur les équipes suite à l’embauche d’une personne en situation de handicap. Petit bémol toutefois, seules 48% des entreprises ont offert un CDD ou un CDI via DiversiCom. Pointons également qu’en l’espace de cinq ans, l’impact cumulé pour l’Etat grâce aux emplois facilités par DiversiCom s’est élevé à 3 millions d’euros (20.350 euros par personne mise à l’emploi et par année travaillée). “En d’autres termes, si l’on compare avec notre financement public et privé, 1 euro versé à DiversiCom a fait gagner 3 euros à l’Etat”, ajoute Marie-Laure Jonet.
Au-delà de ces chiffres, le plus important ce sont toutes ces personnes qui ont mis le pied à l’étrier professionnel et ont retrouvé confiance en elles. En outre, elles ont également par leur exemple et leur motivation prouvé que l’on pouvait franchir les barrières qui existent encore entre l’univers du handicap et celui du business. Et ainsi contribuer au développement d’entreprises en quête de compétences. Des compétences qu’elles peuvent trouver parmi un public auquel elles ne songent pas spontanément mais qui est plus riche qu’elles ne l’imaginent.
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