Facebook crée la nouvelle monnaie mondiale: demain, vous payerez tout en Libra

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Le réseau social lance sa propre monnaie virtuelle, avec l’ambition de réussir là où le bitcoin a échoué. Le Libra s’apprête à devenir la première cryptomonnaie grand public utilisée à l’échelle mondiale. Les banques et les Etats peuvent commencer à trembler.

Le plus grand réseau social au monde lance sa propre monnaie. Facebook, qui compte 2,7 milliards d’utilisateurs dans le monde via l’ensemble de ses applications, crée le Libra, une cryptomonnaie aux ambitions globales démesurées. C’est un événement planétaire sans précédent.

L’intégration de cette nouvelle cryptomonnaie au coeur même des applications de Facebook implique que les utilisateurs pourront s’en servir au sein de leur réseau personnel.

” La mission de Libra est de favoriser le développement d’une devise et d’une infrastructure financière mondiales simples, au service de milliards de personnes. ” La première phrase du livre blanc du Libra, que Facebook vient de dévoiler, pose les bases d’un audacieux plan de conquête mondial du secteur financier par le groupe de Mark Zuckerberg. A la tête d’une entreprise valorisée à hauteur de 545 milliards de dollars, le fondateur et CEO est un des technos-patrons les plus puissants de la planète. Son empire numérique est parvenu à conquérir les smartphones du monde entier, connectant environ un tiers de l’humanité via ses applications ultra-populaires : les réseaux sociaux Facebook et Instagram, ainsi que les messageries WhatsApp et Facebook Messenger.

Pour les exclus du système bancaire

Le Libra, un terme hérité du latin signifiant ” balance “, est une nouvelle monnaie numérique à vocation mondiale. Elle sera disponible à partir de 2020 dans la poche de toute personne possédant un smartphone. Cette nouvelle monnaie se positionne comme une alternative aux services bancaires traditionnels pour les personnes les plus défavorisées qui n’y ont pas accès. L’ensemble des éléments de communication développés autour du Libra (site internet, vidéo promotionnelle, etc.) ciblent clairement les pays émergents, que ce soit en Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud.

L’idée est de fournir de nouveaux services financiers numériques aux populations ” débancarisées “. Le livre blanc du Libra explique que ” 1,7 milliard d’adultes dans le monde sont encore exclus du système financier et n’ont pas accès à une banque traditionnelle, alors qu’un milliard d’entre eux possèdent un téléphone portable et que près d’un demi-milliard ont accès à Internet. ”

Facebook crée la nouvelle monnaie mondiale: demain, vous payerez tout en Libra
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Un concurrent low cost de Western Union

Parallèlement à cette volonté de toucher des populations écartées du système bancaire, le Libra se dresse comme une nouvelle solution rapide, efficace et peu coûteuse pour effectuer des paiements internationaux. Le projet de Facebook a dans son viseur le marché des remittances, ces transferts d’argent effectués par les migrants vers les membres de leur famille résidant dans leur pays d’origine. Cette nouvelle monnaie entrera donc rapidement en concurrence avec des entreprises spécialisées comme Western Union. Cette volonté, d’emblée, de s’attaquer à ce segment particulier des transferts d’argent internationaux peut expliquer le choix technologique qu’a fait Facebook.

Ce choix est celui d’une cryptomonnaie. Le Libra est une monnaie virtuelle dont le fonctionnement est basé sur la technologie de la blockchain. C’est la même technologie que celle utilisée par le bitcoin et les quelques 2.300 cryptomonnaies actuellement en circulation dans le monde. Les cryptomonnaies offrent deux avantages non négligeables lorsqu’il s’agit d’assurer des paiements électroniques.

Tout d’abord, la technologie de la blockchain, sur laquelle reposent les cryptomonnaies, propose un niveau élevé de sécurité. La blockchain est une sorte de registre en ligne qui regroupe un ensemble d’informations ou de données numériques partagées de façon sécurisée et transparente. Dans le cas d’une cryptomonnaie, ces informations sont l’ensemble des transactions réalisées par les utilisateurs. La blockchain est réputée infalsifiable, ce qui est évidemment un atout non négligeable en matière de transfert d’argent. Deuxième avantage : les paiements en cryptomonnaies peuvent être réalisés de manière rapide, ou du moins à des vitesses plus compétitives que celles proposées habituellement dans le cadre de transferts d’argent internationaux.

A ces deux atouts s’ajoute un troisième différenciateur crucial : le prix. La promesse du Libra est de favoriser le développement de services bancaires bon marché. Le livre blanc parle d’une ” avancée vers un système financier mondial low cost ” et d’envoi d’argent ” à faible coût “.

Si le Libra parvient à concrétiser ces promesses de transactions sécurisées, rapides et bon marché, il pourrait faire mal sur le marché des paiements transfrontaliers. Ce marché semble d’ailleurs être un créneau naturel pour l’essor des cryptomonnaies. D’autres organisations ont déjà fait des expérimentations similaires, comme la société Ripple, qui a développé un protocole de paiement basé sur la blockchain et créé une des principales cryptomonnaies en circulation (le XRP). Ripple a déjà réalisé des tests chez Santander, UBS et Crédit Agricole pour accélérer les paiements internationaux. La société vient également de conclure un partenariat et d’investir 50 millions d’euros dans MoneyGram, le numéro deux du transfert d’argent, derrière Western Union.

Petits paiements entre amis

Voilà pour la première couche de services qui seront proposés par le Libra. Mais de nombreux indices disséminés dans le projet de Facebook démontrent que l’entreprise ne s’arrêtera pas en si bon chemin.

Tout d’abord, l’intégration de cette nouvelle cryptomonnaie au coeur même des applications de messagerie de Facebook implique que les utilisateurs pourront s’en servir au sein de leur réseau personnel et familial. ” De la même façon que vous utilisez votre téléphone pour envoyer des messages à vos amis partout dans le monde, Libra vous permet d’envoyer de l’argent instantanément, en toute sécurité et à faible coût “, souligne le livre blanc du Libra. Cette monnaie, disponible directement dans les applications les plus usuelles, comme WhatsApp, permettra de faire rapidement de petits paiements entre amis. ” Ce n’est pas une innovation, objecte Koen De Leus, chef économiste de BNP Paribas Fortis. Un système comme Payconiq permet de faire la même chose. ” L’atout de Facebook sera de proposer une alternative intégrée au sein d’une application à laquelle les utilisateurs sont déjà largement habitués.

La gouvernance unique du Libra est aussi une grande première dans le monde des cryptomonnaies.

Au-delà de ces paiements entre amis, les visées du Libra sont encore beaucoup plus ambitieuses. La nouvelle cryptomonnaie est en effet soutenue par des acteurs majeurs de la technologie et du paiement. La liste des 28 cofondateurs de la Libra Association est particulièrement impressionnante. Facebook est parvenu à embarquer dans cette nouvelle aventure monétaire trois grands opérateurs de paiement : Visa, MasterCard et PayPal. Mais ce n’est pas tout. La plus importante plateforme d’échanges de cryptomonnaies, Coinbase (qui a déjà levé 523 millions de dollars et pourrait bientôt entrer en Bourse) a rejoint l’aventure. Des fonds d’investissement prestigieux comme Andreessen Horowitz (investisseur dans Airbnb, Instagram, Slack, etc.) ou Union Square Ventures (Twitter, Zynga, Kickstarter, etc.) sont aussi montés à bord, de même que des géants des télécoms (Free, Vodafone). Enfin, une série de plateformes technologiques globales ont adhéré au club des investisseurs du Libra : Uber, Lyft, Spotify, Booking, eBay, etc. Chaque entreprise a mis au moins 10 millions de dollars sur la table afin de se tenir aux premières loges lors du lancement de la monnaie en 2020.

Une monnaie numérique pour l’e-commerce

La présence de ces acteurs mondiaux laisse entrevoir les applications futures du Libra. Demain, il sera sans doute possible d’utiliser cette cryptomonnaie d’un nouveau genre pour payer une course en taxi, pour acheter des biens sur une plateforme de commerce en ligne, pour réserver un hôtel ou pour payer un abonnement à une plateforme de streaming musical. Le patron de Spotify a d’ores et déjà annoncé que le Libra pourrait permettre aux utilisateurs de son application de rémunérer directement les artistes qu’ils veulent soutenir.

Les applications de Facebook elles-mêmes devraient contribuer au déploiement de cette nouvelle cryptomonnaie en développant de nouveaux services commerciaux. Facebook a déjà créé une place de marché où il est possible d’acheter des biens et des services. Instagram, l’un des réseaux les plus populaires du moment, où les influenceurs et les marques pullulent, pourrait aussi étendre ses services et devenir une plateforme de commerce en ligne. ” Avec plus de deux milliards d’utilisateurs, Facebook est capable de connecter les consommateurs avec les marchands. Cela pourrait être le début d’un nouveau business model pour l’entreprise “, évoque Siddy Jobbe, portfolio manager chez Econopolis.

La question de confiance

Reste à savoir pourquoi les consommateurs choisiraient du jour au lendemain de faire confiance à cette nouvelle monnaie. Pour le marché spécifique des transferts d’argent internationaux, les avantages technologiques associés à des frais réduits semblent être taillés pour séduire les utilisateurs. Pour s’imposer dans la vie de tous les jours, pour assurer des paiements entre amis ou des achats de biens et services, cela semble moins évident. Si le portefeuille électronique en Libra est effectivement proposé à un tarif plancher, cela pourrait séduire le consommateur. Mais il est cependant difficile d’imaginer que ce dernier décidera du jour au lendemain de quitter sa banque et de faire une croix sur l’euro pour mettre toutes ses économies en Libra.

L’atout majeur de la nouvelle monnaie, c’est l’expérience utilisateur unique que seul un champion des applications grand public comme Facebook peut proposer. Les applications mobiles des banques risquent d’être totalement ringardisées. ” Le modèle que l’on connaît, ce sont les banques traditionnelles qui développent pour leurs clients des services numériques annexes, un nouvel écosystème, des applications bancaires. Avec l’arrivée du Libra, c’est exactement l’inverse qui se produit. Une entreprise technologique globale va proposer des services bancaires traditionnels à ses 2,7 milliards de clients potentiels “, analyse Bruno Colmant, professeur d’économie à l’ULB et l’UCLouvain.

Un épouvantail pour les banques

Du côté des banques, c’est la circonspection qui domine, teintée d’une certaine inquiétude : ” Ce n’est pas une bonne nouvelle pour les banques. Ce que nous craignons, c’est que Facebook puisse proposer des services bancaires au niveau mondial mais que l’entreprise ne soit pas sur pied d’égalité avec les banques, explique Koen De Leus, chef économiste de BNP Paribas Fortis. Nos marges sont sous pression et nous devons respecter toute une série de régulations très strictes, par exemple en matière de lutte anti-blanchiment et de KYC ( “Know Your Customer” ou vérification de l’identité des clients, Ndlr). Si Facebook n’est pas régulé comme les banques, ce sera de la concurrence déloyale “.

Le chef économiste de BNP Paribas Fortis va même plus loin : il estime que le Libra porte les germes d’une certaine forme de déstabilisation monétaire. Le bitcoin et la plupart des cryptomonnaies en circulation ont un cours qui leur est propre et qui est soumis à une importante volatilité. Le Libra, au contraire, sera adossé à un panier de devises solides comprenant l’euro, le dollar, le yen et la livre sterling. Pour Koen De Leus, cette garantie de stabilité du Libra pourrait en faire une valeur refuge plus intéressante que certaines monnaies locales soumises à une forte inflation : ” Cela pourrait nuire aux monnaies les plus faibles et, par ricochet, nuire à certaines économies “, craint Koen De Leus.

S’il vient à être adopté massivement à travers le monde, l’impact du Libra sur l’ordre monétaire mondial pourrait être considérable. ” C’est une révolution monétaire, assène Bruno Colmant. C’est en quelque sorte l’aboutissement du capitalisme : c’est une privatisation de la monnaie. Le Libra pourrait être la première monnaie privée universelle. ”

Mark Zuckerberg Son empire numérique est parvenu à conquérir les smartphones du monde entier, connectant environ un tiers de l'humanité.
Mark Zuckerberg Son empire numérique est parvenu à conquérir les smartphones du monde entier, connectant environ un tiers de l’humanité.© BELGAIMAFGE

Facebook, nouvel Etat numérique ?

Une organisation privée à vocation mondiale qui contrôle une monnaie globale, c’est effectivement une première. Et cela ne manque pas d’inquiéter les Etats, qui sont jusqu’à présent les seuls à pouvoir battre monnaie. Le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, a déjà marqué son opposition à toute forme de création de monnaie ” souveraine ” par Facebook ( lire l’encadré “Ils tirent à vue sur la crypto de Facebook”).

Si les banques et les Etats s’arc-boutent, c’est qu’ils s’apprêtent à subir un véritable tsunami venu d’un acteur inattendu. ” L’ambition du Libra n’est pas de créer une banque ou un système bancaire parallèle, mais un véritable système financier parallèle au niveau mondial, pointe Julie Van Buylaere, senior manager financial services chez PwC Belgium. La perspective d’une désintermédiation des banques, d’une mise à l’écart des banques centrales et d’une diminution du rôle des monnaies fiduciaires pourrait être renforcée si les autres big techs américaines comme Google, Amazon ou Apple rejoignent le partenariat Facebook ou, ce qui est plus probable, si elles le reproduisent. ” Le secteur financier pourrait être le prochain champ de bataille des géants du Net, les tout puissants Gafa.

Pour l’instant, Facebook se défend de vouloir concurrencer les Etats. L’entreprise se positionne ” simplement ” comme intermédiaire de paiement et prestataire de services financiers. Quant à la gouvernance de cette future monnaie, elle a été déléguée à une organisation de droit suisse qui comprend les 28 co-investisseurs du Libra (Facebook, Uber, Visa, etc.). Ces 28 associés disposent chacun d’un droit de vote au sein du groupement. La volonté de l’association est de s’ouvrir à une centaine de membres. Mais en attendant de connaître les nouveaux entrants, cette future monnaie globale est bien entre les mains d’un consortium d’entreprises technologiques majoritairement américaines.

Un ersatz du bitcoin

Cette gouvernance unique est aussi une grande première dans le monde des cryptomonnaies. La plus connue de ces devises virtuelles, le bitcoin, s’est en effet construite sur la base d’un principe de décentralisation totale. Le bitcoin n’appartient à personne, il est créé par des ” mineurs ” qui mettent leurs capacités informatiques en commun pour valider les transactions et émettre de nouveaux bitcoins. Cette monnaie virtuelle, qui a fêté ses 10 ans, ne dépend d’aucune autorité ou organisation centrale.

C’est tout le contraire du Libra, qui est une cryptomonnaie centralisée. Dans son livre blanc, elle prévoit une évolution progressive vers un modèle décentralisé similaire à celui du bitcoin. Mais cela reste un développement hypothétique. Dans l’état actuel des choses, le Libra est donc extrêmement différent du bitcoin.

Ce qui ne veut pas dire que son arrivée est rejetée en bloc par le secteur des cryptomonnaies : ” C’est une excellente nouvelle, estime Marc Toledo, CEO de Bit4You, première plateforme belge d’échange de cryptomonnaies. La monnaie de Facebook, qui a un très bel avenir, va contribuer à populariser les paiements en cryptomonnaie. On va vers une adoption massive des ‘crypto’ par la population. Tout va s’accélérer. ” Conseiller stratégique sur les questions de blockchain et spécialiste du bitcoin, Jacques Favier est moins emballé : ” Ce n’est pas parce que le Libra sera disponible dans les smartphones de milliards de personnes qu’il va cartonner. Le Libra n’est pas une cryptomonnaie. C’est une monnaie électronique indexée sur une ou plusieurs devises existantes. Ce n’est pas plus innovant que des tickets-restaurants “.

Analyste pour le fonds d’investissement crypto B40Lux, Mathieu Jamar est beaucoup plus enthousiaste. L’arrivée de cette nouvelle monnaie va bousculer le secteur crypto, mais renforcera le bitcoin, estime ce spécialiste. ” Le Libra est une vraie cryptomonnaie, compatible avec le bitcoin, dit-il. Ce dernier reste pertinent dans le sens où il s’agit d’une réserve de valeur, une sorte d’or numérique. Par contre, l’arrivée du Libra va démontrer qu’un grand nombre de cryptomonnaies alternatives n’ont, en fait, aucune valeur. ” Mathieu Jamar vise toutes les monnaies virtuelles qui promettent de devenir un nouveau moyen de paiement dans un univers dédié, par exemple celui des jeux vidéo en ligne. Un grand ménage de printemps pourrait subvenir parmi les quelques 2.300 cryptomonnaies en circulation.

Le Libra pourrait-il balayer le bitcoin lui-même ? En 10 ans d’existence, le bitcoin n’est pas parvenu à s’imposer comme une monnaie numérique pratique pour acheter des biens et des services. Sa forte volatilité, ses frais de transaction parfois élevés et la lourdeur de son infrastructure ont découragé les commerçants les plus téméraires. Toutes ces difficultés semblent pouvoir être résolues par la monnaie de Facebook. Le Libra pourrait réussir là où le bitcoin a échoué et devenir la première cryptomonnaie grand public à usage planétaire.

Un plan machiavélique pour siphonner vos données ?

Pour assurer les transactions en Libra, Facebook a mis sur pied l’application de paiement Calibra. Cette interface sera disponible sur tous les smartphones. Elle sera également intégrée dans les applications de Facebook (Messenger, WhatsApp, Instagram). Si le Libra est gouverné par une association rassemblant 28 cofondateurs, Calibra est bien une filiale de Facebook à 100 %.

Cela signifie que Facebook aura la main sur l’ensemble des données de paiement en Libra passant par l’application Calibra. Le réseau social se veut rassurant : le livre blanc du Libra assure qu’il y aura une séparation entre les données collectées par Facebook et celles collectées par Calibra. L’historique plutôt défavorable affiché par l’entreprise de Mark Zuckerberg en matière de protection de la vie privée incite cependant à la prudence en la matière. Il faut dire que les données de paiement sont particulièrement attractives pour une entreprise comme Facebook : elles permettent de retracer très précisément les comportements d’achats des consommateurs, ce qui vaut de l’or auprès des annonceurs.

Par ailleurs, ce ne sont pas les seules données que possédera Calibra. Pour se conformer aux règles en matière de vérification d’identité en ligne (KYC), Calibra devra demander à ses utilisateurs les données extraites de leurs cartes d’identité : ” Ce sera le plus grand recensement mondial jamais organisé “, remarque Bruno Colmant, professeur à l’ULB et à l’UCLouvain.

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