Tout comme les nez sont capables d’identifier les parfums les plus subtils, les oeils peuvent d’un regard identifier des trésors jusque-là ignorés. Tel ce Christ de Bronzino, l’un des géants de la Renaissance italienne, que l’on croyait perdu alors qu’il pendait, délaissé au fond d’un couloir du Musée des Beaux-Arts de Nice. Dans ce livre qui souvent tient du polar – dès qu’une oeuvre est susceptible d’être attribuée à un grand nom les appétits s’aiguisent ! -, Philippe Costamagna, aujourd’hui directeur du Musée des Beaux-Arts d’Ajaccio, retrace son itinéraire ainsi que celui de quelques-uns de ses grands prédécesseurs : Berenson, Longhi et Zeri. Les oeils, explique-t-il, ” sont les seuls historiens d’art qui s’enrichissent “. Mais le métier est dangereux. Courtisés par des marchands peu scrupuleux, ils fournissent quelquefois des ” expertises plus que bancales “, explique ce livre qui défend avec pugnacité la peinture italienne du 16e siècle et invite à se méfier des restaurateurs anglo-saxons qui, pour répondre aux attentes du marché de l’art ” rendent clinquantes des oeuvres vieilles de plusieurs siècles “.
Philippe Costamagna, Histoire d’oeils, éditions Grasset, 274 pages, 20 euros.
Par Guillaume Capron