Des champs bleus à perte de vue

1. LA LAMINATION: Un champ opératoire est ce drap stérile de protection placé sur (et sous) tout patient lors d'opérations médicales. Il est constitué de trois composants : une toile verte appelée " non-tissé " et fixée sur un film en polyéthylène bleu à l'aide d'une colle synthétique chaude, la " hotmelt ". Cette première étape d'association de couches de cellulose et de plastique s'appelle la lamination, indispensable pour conférer aux produits leur haut degré d'étanchéité et d'absorption. La confection, du collage à l'enroulage du laminé en grosse et large bobine, se fait à très grande vitesse. " Jusqu'à 500 mètres à la minute, s'enthousiasme Alain Biston, le directeur général. En temps normal, nous produisons largement plus de 100 millions de mètres par an sur un équipement unique en son genre. " La machine de lamination a nécessité un investissement de 11 millions d'euros. © PATRICK MORIAMÉ

Le groupe suédois Mölnlycke est un leader mondial en fourniture au milieu médical de produits hospitaliers à usage unique. La crise du coronavirus a mis à contribution son usine belge de Waremme, pivot européen de sa logistique et de sa production, notamment pour les champs opératoires stériles. Parcours au coeur de la fabrication kilométrique et ininterrompue de l’étanche et absorbante toile bleue.

Des champs bleus à perte de vue
© PATRICK MORIAMÉ

Soins intensifs

Le groupe suédois Mölnlycke Health Care (MHC, 8.000 personnes dans le monde) est présent depuis 44 ans à Waremme, ayant racheté aux Américains l’usine Arrow qui produisait des chemises. L’usine belge produit aujourd’hui 13% de l’assortiment global des produits MHC mais elle est aussi le siège européen polyvalent en logistique, service clientèle et chaîne d’approvisionnement. Le groupe Mölnlycke est présent sur deux segments. D’une part, les ” soins de plaie “, la première spécialité de la société originelle fondée en 1849. Les ” soins de plaie ” consistent principalement en des pansements et sont produits en Finlande, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. ” Ces produits pèsent plus lourd que le volet chirurgical dans le chiffre d’affaires “, précise Alain Biston. D’autre part, le chirurgical, dont l’usine de Waremme fait partie. ” Mölnlycke produit également des gants chirurgicaux en Malaisie et des casaques en Thaïlande, ajoute le directeur général belge. La gamme est encore complétée par différents équipements de protection : masques, surchaussures, charlottes, etc., tous fabriqués par des sous-traitants en Asie. ” Mölnlycke joue aussi un rôle international important dans l’accompagnement de la pandémie du coronavirus. ” Comme fournisseur d’équipements de protection individuelle, la situation évolutive de la crise sanitaire a mis à rude épreuve nos flux de production et notre logistique, souligne Jenny Johansson, la directrice corporate communications de MHC. Notre priorité absolue est de maintenir en toutes circonstances les livraisons à nos clients et nous assurer que les professionnels de la santé soient correctement équipés. La pandémie a causé des tensions sur l’offre et la production de certains produits en raison de la très forte demande. Nous avons dû adapter notre logistique et accélérer des livraisons par fret aérien. ” L’usine de Waremme qui emploie 350 personnes a, de son côté, continué la production de sa spécialité : les champs hospitaliers et compresses stériles. Mais à une cadence un peu moins soutenue du fait du report des chirurgies électives (non urgentes) entraîné par le recentrage hospitalier sur la crise coronavirale. L’usine belge a continué à produire ses champs, malgré les mesures de confinement, grâce à une spécificité : ” Nous avons 120 opérateurs machines formés en interne. Chacun d’eux fonctionne en solo, par poste, en mode d’autonomie sans management. Chacun est à même de solutionner 80% des éventuels problèmes de sa machine “, explique Alain Biston.

1. LA LAMINATION: Un champ opératoire est ce drap stérile de protection placé sur (et sous) tout patient lors d'opérations médicales. Il est constitué de trois composants : une toile verte appelée
1. LA LAMINATION: Un champ opératoire est ce drap stérile de protection placé sur (et sous) tout patient lors d’opérations médicales. Il est constitué de trois composants : une toile verte appelée ” non-tissé ” et fixée sur un film en polyéthylène bleu à l’aide d’une colle synthétique chaude, la ” hotmelt “. Cette première étape d’association de couches de cellulose et de plastique s’appelle la lamination, indispensable pour conférer aux produits leur haut degré d’étanchéité et d’absorption. La confection, du collage à l’enroulage du laminé en grosse et large bobine, se fait à très grande vitesse. ” Jusqu’à 500 mètres à la minute, s’enthousiasme Alain Biston, le directeur général. En temps normal, nous produisons largement plus de 100 millions de mètres par an sur un équipement unique en son genre. ” La machine de lamination a nécessité un investissement de 11 millions d’euros.© PATRICK MORIAMÉ
2. LA CONVERSION: Les bobines de laminé sont ensuite converties en champs opératoires selon différents gabarits et spécificités. Le type de
2. LA CONVERSION: Les bobines de laminé sont ensuite converties en champs opératoires selon différents gabarits et spécificités. Le type de ” conversion ” dépend des actes médicaux ou chirurgicaux auxquels sont destinés les toiles bleues. Des variantes peuvent intervenir. Par exemple, au niveau de leur épaisseur. Celle-ci peut être doublée pour des opérations de chirurgie orthopédique générant des pertes sanguines plus abondantes. Pour assurer cette diversification, l’usine de Waremme dispose d’une dizaine de lignes de production. Chacune peut être adaptée à un type de champ nécessitant d’autres matières premières ou d’autres types de coupes et pliages. ” Ces lignes de production sont, elles aussi, uniques, souligne le patron de Mölnlycke Belgium. Elles ont été développées par Mölnlycke Health Care et n’existent nulle part ailleurs. “© PATRICK MORIAMÉ
3. LES CONTRÔLES DE QUALITÉ: La conversion est aussi la phase propice à de nombreux contrôles de qualité. On vérifie notamment leur étanchéité en passant le laminé sur des tables recouvertes d'eau.
3. LES CONTRÔLES DE QUALITÉ: La conversion est aussi la phase propice à de nombreux contrôles de qualité. On vérifie notamment leur étanchéité en passant le laminé sur des tables recouvertes d’eau. ” L’intégrité d’un tel produit est capital en milieu médical, insiste Alain Biston. Imaginons qu’une impureté quelconque soit présente sur le champ. Celle-ci pourrait contaminer le patient lors de l’opération et entraîner des complications très graves. ” Pour les produits et champs non stérilisés, le processus s’arrête là, avant d’être expédiés vers les usines tchèques du groupe.© PATRICK MORIAMÉ
4. L'EMBALLAGE: Le laminé
4. L’EMBALLAGE: Le laminé ” champ de table ” individuel est un classique. Mais Mölnlycke compose aussi des trousses contenant différents composants. Dans ce cas, le champ opératoire empaquète l’ensemble. Dans tous les cas, les colis sont placés dans un emballage plastique dit primaire et sont ensuite automatiquement déposés dans un premier emballage en carton, puis dans un second, et enfin palettisés. ” Même si cela paraît simple, l’étape d’emballage est sans doute la plus délicate du processus. Tout doit rester exempt de défaut, relève le directeur. Une micro- perforation sur l’emballage primaire rendrait, par exemple, le produit impropre à la vente car la stérilisation qu’il doit encore subir serait compromise. D’où l’importance des nombreux tests que nous effectuons tout au long du processus de fabrication. C’est aussi dans la phase d’emballage que les informations concernant la traçabilité du produit sont apposées sur le colis. “© PATRICK MORIAMÉ
4. L'EMBALLAGE: Le laminé
4. L’EMBALLAGE: Le laminé ” champ de table ” individuel est un classique. Mais Mölnlycke compose aussi des trousses contenant différents composants. Dans ce cas, le champ opératoire empaquète l’ensemble. Dans tous les cas, les colis sont placés dans un emballage plastique dit primaire et sont ensuite automatiquement déposés dans un premier emballage en carton, puis dans un second, et enfin palettisés. ” Même si cela paraît simple, l’étape d’emballage est sans doute la plus délicate du processus. Tout doit rester exempt de défaut, relève le directeur. Une micro- perforation sur l’emballage primaire rendrait, par exemple, le produit impropre à la vente car la stérilisation qu’il doit encore subir serait compromise. D’où l’importance des nombreux tests que nous effectuons tout au long du processus de fabrication. C’est aussi dans la phase d’emballage que les informations concernant la traçabilité du produit sont apposées sur le colis. “© PATRICK MORIAMÉ
5. LA STÉRILISATION: Cette étape ultime et essentielle se déroule dans un bunker inaccessible à quiconque d'extérieur - même à notre photographe - dans lequel se trouve un accélérateur de particules. Amenés par palettes, les cartons y sont étiquetés, puis placés un à un sur des tapis roulants pour être stérilisés à 100%.
5. LA STÉRILISATION: Cette étape ultime et essentielle se déroule dans un bunker inaccessible à quiconque d’extérieur – même à notre photographe – dans lequel se trouve un accélérateur de particules. Amenés par palettes, les cartons y sont étiquetés, puis placés un à un sur des tapis roulants pour être stérilisés à 100%. ” Il s’agit d’une stérilisation propre, c’est-à-dire sans utiliser de gaz toxique comme l’ETO ou sans provoquer une réaction en chaîne façon stérilisation gamma, précise Alain Biston. Notre procédé consiste en une projection à grande vitesse d’électrons par des ‘canons’. ” Il n’y a donc ni déchet, ni pollution. Une fois l’opération terminée, les produits sont re-palettisés pour la distribution.© MÖLNLYCKE
Des champs bleus à perte de vue
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