De l’électricité dans l’air
La concurrence fait rage entre les pionniers des véhicules électriques comme Tesla, les grands constructeurs et même les géants de la tech.
La généralisation des voitures électriques au détriment des modèles à carburant fossile bouleversera autant le secteur automobile que la disparition de la calèche au profit du moteur thermique. En 2020, les ventes de véhicules légers ont avoisiné les 70 millions d’unités, ce qui représente une chute mondiale de 20%, imputable à la crise sanitaire. Elles devraient cependant repartir à la hausse en 2021 et, sous l’impulsion de la Chine, la proportion de véhicules électriques devrait augmenter rapidement.
Cette évolution va redéfinir nos modes de déplacement. L’électrique implique une refonte totale de l’architecture interne des voitures pour les transformer en véritables ordinateurs sur roues. Un éventail de systèmes électroniques innovants assure la connectivité et génère des données, permettant ainsi le développement de nouvelles occasions commerciales, de services de mobilité améliorés et, à terme, de voitures complètement autonomes. En 2021, les entreprises du secteur du véhicule électrique – Tesla, ses disciples, les grands constructeurs et les géants de la tech – seront prêtes à tout pour s’assurer une place dans la course à l’avenir électrique.
Conception de logiciels
La flambée du cours de l’action Tesla, qui est désormais le constructeur le mieux coté au monde, incite vivement ses concurrents et les nouveaux venus sur le marché à rattraper leur retard. Tesla règne en maître sur les logiciels et les technologies de batteries, mais pour conserver son avance, le géant américain doit prouver que ses grandes difficultés de production sont derrière lui. Son patron, Elon Musk, souhaiterait fabriquer 20 millions de véhicules par an, mais en 2019, seules 370.000 voitures sont sorties de ses usines. L’intensification de la production constitue la plus grosse épine dans le pied du constructeur. La mise en service de ses nouvelles méga-usines au Texas et dans la région de Berlin, se déroulera-t-elle aussi bien que celle de son usine de Shanghai, démontrant ainsi que Tesla peut se développer comme bon lui semble?
Si Tesla doit s’adapter à la production à grande échelle, les grands constructeurs, eux, sont confrontés à un autre défi de taille: la conception de logiciels.
Si Tesla doit s’adapter à la production à grande échelle, les grands constructeurs, eux, sont confrontés à un autre défi de taille: la conception de logiciels. Les voitures électriques nécessitent en effet des logiciels intégrés qui garantissent la symbiose des batteries et des moteurs afin de fournir des performances optimales, et qui permettent de connecter le véhicule à son environnement. Les constructeurs historiques s’efforcent d’associer des systèmes électroniques disparates provenant de différents fournisseurs pour égaler les excellentes conditions d’utilisation offertes par Tesla, dont les voitures sont sans cesse améliorées grâce à des mises à jour à distance de leurs logiciels, inspirées de celles des smartphones.
La transition de l’ingénierie mécanique vers le développement de logiciels et la mise en oeuvre de services de mobilité qui répondent aux nouvelles attentes des consommateurs (VTC et covoiturage, notamment) ne constituent pas les seuls enjeux. Les constructeurs doivent également réduire leurs investissements technologiques consacrés aux moteurs thermiques et nouer les partenariats nécessaires pour rattraper leur retard en matière de batteries et de logiciels. Le nombre de joint-ventures et les montants investis par les fabricants dans les start-up devraient augmenter, avec pour objectif de partager les coûts, de se détacher du pétrole et d’adopter de nouvelles façons de penser.
Rester dans la course
Et qu’en est-il des aspirants Tesla, comme les chinois Li Auto, Nio, WM Motor et Xpeng, et les américains Fisker, Lucid Motors ou encore Nikola, qui a récemment été rattrapé par des accusations de fraude? Des investisseurs enthousiastes les ont inondés de financements, et les grands constructeurs eux-mêmes achètent leurs actions, tout comme les géants de la tech, prompts à s’engager face à l’incursion croissante du numérique dans le secteur des transports. Mais parmi ces entreprises, lesquelles tiendront la distance? Ces petits nouveaux parviendront-ils à convaincre les investisseurs qu’ils disposent de technologies exclusives, assurance d’une avance durable sur la concurrence? Le lancement en grande pompe d’un nouveau modèle est une chose. Mais comme le montrent les difficultés du secteur, réussir à produire des véhicules à grande échelle quand les bits et les octets comptent autant que les freins et la carrosserie en est une autre. La mise en place de réseaux de distribution et de maintenance n’est pas non plus une promenade de santé. L’année à venir nous dira quels concurrents de Tesla, qu’ils soient chevronnés ou novices, sont en mesure de rester dans la course.
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