“Ce ne sont plus les concurrents d’hier qui doivent être le point de référence”

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JEAN-PAUL PHILIPPOT. Si nous nous mettons un horizon de moins de cinq ans, je pense que nos principaux concurrents sont les médias audiovisuels de notre marché historique. Si on se place au-delà de cinq ans, on se situe dans un contexte global où il y a effectivement quelques acteurs hégémoniques. Et dans ce monde global, on ne se singularise que quand on propose de la production originale. Voilà notre pari.

Les géants du Net semblent vous inspirer : vous allez lancer une série sur Snapchat et un nouveau format vidéo baptisé Vews qui reprend les codes du Web…

On ne peut pas s’adresser au public qui est aujourd’hui connecté avec le monde entier et on ne peut pas travailler dans un secteur qui s’est mondialisé comme celui des médias sans être en permanence en questionnement de son offre. Donc, oui, nous regardons un certain nombre de choses et nous sommes attentifs à l’évolution des attentes du public francophone belge. Dans ce marché-là, ce ne sont plus les concurrents d’hier qui doivent être le point de référence.

En lançant Auvio et vos autres initiatives numériques, vous avez clairement marqué votre différence avec RTL Belgique qui a traîné sur le terrain digital…

Je pense que calquer sa stratégie sur celle de ses concurrents historiques amène une certitude : c’est qu’on arrivera toujours deuxième. Donc, ce n’est franchement pas eux qui nous inspirent.

RTL Belgique qui se déforce avec cette vague de licenciements, c’est une bonne nouvelle pour la RTBF ?

Je ne peux pas me réjouir de ce qui se passe chez RTL Belgique. Ce contexte de réduction de voilure, il nous parle, on l’a vécu. Ces dernières années, la réduction d’effectifs à la RTBF a touché 700 personnes, il faut le rappeler. On a pris les devants. Nous avons anticipé.

Que vous inspire l’arrivée de TF1 sur le marché publicitaire belge aujourd’hui ?

Cela va être déstabilisateur, c’est certain. On a déjà, a minima, une évasion de richesse dans le secteur audiovisuel de l’ordre de 15 millions par an, soit ce que le groupe RTL remonte vers l’actionnaire, au-delà de ce qu’il achète comme contenus chez M6. Et on va rajouter probablement à cela un montant de 10 à 20 millions avec TF1. C’est une deuxième vague d’évasion. TF1 n’est qu’un copié-collé de ce qu’on a vécu jusqu’à présent avec RTL. La RTBF, en revanche, c’est 88 % de ses moyens qui sont investis dans la production interne. Si les moyens diminuent, ce sont des productions qui seront affectées.

Comment faire alors pour continuer à investir dans la production propre avec moins d’argent ?

Nous plaidons pour une stabilité dans nos modes de financement : cela signifie ne pas modifier ni à la hausse ni à la baisse le mode de calcul de la dotation. Nous ne pensons pas non plus que la réponse à ces bouleversements soit une augmentation de la pression publicitaire en radio ni en télévision. Par contre, nous souhaitons avoir la faculté de mettre certains types de contenus dans un système payant sur les plateformes digitales. C’est un débat que nous souhaitons mettre sur la table. Le modèle de la souscription est une tendance en pleine croissance.

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