Bootblack

© PG

A croire que Mikaël n’avait pas envie de quitter New York de sitôt après son excellent dyptique Giant, une immersion parmi les bâtisseurs de gratte-ciel. Rarement les années 1930 américaines n’avaient été aussi bien dessinées, les cases vertigineuses ayant impressionné les amateurs de bande dessinée. Pour Bootblack, que l’on pourrait considérer comme une spin-off du précédent, le dessinateur franco- canadien redescend dans la rue et suit le quotidien des jeunes cireurs de chaussures (les bootblacks) tentant de survivre dans la jungle urbaine. Au pied des buildings, la vue est moins belle, mais les affaires tournent bien pour le jeune Altenberg et ses camarades. Sous l’oeil de ” Diddle ” Joe, les gamins du quartier servent de petites mains à la pègre tout en continuant de poursuivre leur rêve américain. A moins d’être cueillis au sortir de l’adolescence par la délinquance. Au choix pour s’en sortir : la prison ou l’armée, car la guerre appelle les jeunes hommes en Europe. Par ce récit qu’on espère davantage se déployer dans le deuxième tome, l’auteur transcrit avec force les conflits de clans selon les origines (ah, ces Irlandais ! ) pour diviser les blocks en territoire de chasse et les espoirs des petites gens venues ici chercher une terre promise qui n’en a pas la couleur au final. A la brume de l’Hudson laissant passer les flèches du Chrysler et de l’Empire State, le crayon de Mikaël privilégie cette fois le clair-obscur des ruelles de Brooklyn et de Manhattan, une atmosphère à la Sergio Leone dans Il était une fois en Amérique. Le cliffhanger en dernière page laisse poindre une explosion émotionnelle dans les planches à venir.

” Bootblack “, Mikaël, éd. Dargaud, 64 pages, 14 euros.

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