Avec toute ma colère

De Nancy Cunard (1896-1965), on connaît toute sa vie. Rien de plus normal pour cette figure flamboyante des années folles à l’après-guerre. Cultivée, libre et audacieuse, elle fut tour à tour égérie des surréalistes – muse d’Aragon avant Elsa -, inspiratrice de Man Ray et journaliste engagée. De Maud sa mère, par contre, l’Histoire n’aura retenu que la colère qu’elles entretenaient l’une envers l’autre. Spécialiste des portraits féminins ( Fanny Stevenson, Artemisia), Alexandra Lapierre a creusé ce qui avait provoqué ce duel à vie entre deux femmes, qui partageaient au final le goût de la liberté dans leurs idées comme dans leurs amours. Son livre commence telle une enquête et se romance par la suite, pour combler les lacunes d’une bibliographie inexistante. Au fil de dialogues intérieurs, forts de 14 ans de recherches, on découvrira ce qui sépare les deux riches héritières : un homme, mais pas n’importe lequel, un musicien de jazz afro- américain. Le comble pour Her Ladyship, qui voit ainsi sa fille salir son rang.

Malgré quelques procédés narratifs parfois pesants, le roman quasiment épistolaire d’Alexandra Lapierre revient sur un amour filial entaché de questions sociales et raciales ; quand deux personnes aux caractère bien trempés – ça dézingue souvent ! -, s’avèrent plus rancunières que véritablement cruelles.

Alexandra Lapierre, “Avec toute ma colère”, éditions Flammarion, 352 pages, 21 euros.

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