Au fil du temps

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Il faut d’autant plus (re)découvrir la splendide Maison des arts de Schaerbeek qu’elle présente actuellement une belle expo d’artistes travaillant les matières textiles.

On peut passer des dizaines de fois devant le 147 chaussée de Haecht sans jamais repérer la Maison des arts de Schaerbeek, planquée derrière une porte cochère en plein coeur du quartier turc. Lovée dans un endroit privilégié, comme détachée de la ville, cette élégante construction néoclassique est édifiée dans les années 1820 à l’initiative des époux Eenens, riches drapiers, alors que la commune est encore semi-rurale. D’où un parc qui comptera initialement plusieurs hectares, aujourd’hui rabotés par l’urbanisation. Depuis quelques années, cette propriété classée nichée dans un bel espace vert et au vaste rez-de-chaussée précieux rénové en 2018, se positionne dans le domaine des arts plastiques, contemporains et numériques. Acquise par la commune en 1950, la maison propose ainsi à des artistes de s’emparer du lieu via leurs créations contemporaines. Un principe qui trouve une nouvelle illustration avec l’actuelle exposition simplement baptisée Fil, titre qui renvoie évidemment aux premiers propriétaires, dans laquelle neuf artistes utilisent le fil au sens large (corde, textile, etc.) pour une variété de techniques ou supports: installations, dentelles, tissages, broderies, vidéos ou tapisseries. On coche notamment les tissus mobiles aux motifs géométriques du Français Erwan Mahéo qui découpe l’espace au gré du placement de ses créations. Autre Française, Ethel Lilienfeld est amateure de vidéos aux langueurs suspendues mais aussi de broderies peu ordinaires, comme cette phrase apposée sur une lampe généreuse. Dans un registre toujours différent, l’Allemande Maren Dubnick présente ses obsessions: entourer et envelopper des objets, allant de l’infiniment petit comme une épingle de sûreté à des pièces architecturales, par exemple les piliers qui se trouvent à l’entrée de la Maison des arts. Et puis, il y a forcément des Belges, comme Hélène De Gottal qui rebondit sur le présent contexte Covid, mettant à mal la communication via une matière brute de pierres qu’elle enserre de fils, matériau fragile par essence.

Jusqu’au 25 avril, www.lamaisondesarts.be. Entrée gratuite

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