Ageas : un brusque moment d’incompréhension

Bart De Smet © BELGAIMAGE

Normalement, une ” journée de l’investisseur ” consiste à expliquer aux actionnaires la stratégie de l’entreprise et ses objectifs. Mais l’ ” Investor Day ” d’Ageas qui s’est tenu le 6 juin à Lisbonne a plutôt brouillé les cartes… pendant quelques heures.

Certains analystes en effet ont cru déceler dans les chiffres fournis par l’assureur l’impossibilité de continuer à payer des dividendes aussi généreux que par le passé. En effet, d’un côté, Ageas estimait générer 359 millions de ” capital libre “, c’est-à-dire de capital excédant ce que la réglementation (Solvency II, pour les initiés) lui impose. Coup de froid immédiat dans le marché : cette somme est bien moins importante que ce que l’assureur dédie aux actionnaires cette année : 423 millions d’euros en dividende et 170 millions en rachats d’actions. Les analystes, qui tablaient en moyenne sur un dividende en progression constante (1,77 euro par action en 2016, 1,86 en 2017, 1,94 en 2018), ont commencé à se poser des questions. Ageas pourrait-il être encore aussi généreux dans les années qui viennent ? Et ces questions ont provoqué la chute de plus de 4 % du titre de l’assureur belge ce jour-là.

Mais le marché s’était emmêlé les pinceaux. Quelques heures plus tard, le patron d’Ageas, Bart De Smet, remettait les pendules à l’heure et confirmait la politique de dividende de son groupe. La génération de capital libre mentionnée par Ageas est en effet un ratio prudentiel qui mesure ce que l’assureur dégagerait encore comme fonds propres excédentaires dans des conditions vraiment très peu propices. On considère, par exemple, que tous les clients détenteurs d’un contrat pouvant être rompu le rompent effectivement. Ce qui n’arrive évidemment jamais. Et donc, dans la réalité, ce qu’Ageas dégage pour payer ses actionnaires est bien plus élevé. On s’est rassuré et le titre a refait son retard. Moralité : il est de plus en plus difficile de démêler l’écheveau réglementaire des institutions financières, même pour des analystes chevronnés…

PIERRE-HENRI THOMAS

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