A perdu des gallons

© GF

Fondé en 1987, Gilead Sciences est spécialisé dans les maladies infectieuses. La première maladie dans laquelle les Américains ont pris une position de leader est le virus HIV (sida). Sous l’impulsion des blockbustersAtripla et Truvada (des combinaisons de médicaments), son chiffre d’affaires a progressé en 2011 à 8,1 milliards de dollars (USD). Gilead était alors déjà actif dans les affections du foie, mais a réalisé un coup de maître fin 2011 avec l’acquisition, pour 11 milliards USD, de Pharmasset. Cette jeune entreprise avait développé le traitement qui permet de guérir de l’hépatite C causée par le virus VHC. Jusqu’ici, le VHC était soigné avec l’interféron (injection) et la ribavirine. Fin 2013, Sofusbuvir (nom commercial : Sovaldi) a été approuvé, et en octobre 2014, Harvoni, une thérapie sans interféron associant Sofusbuvir et Lédipasvir. Le succès fut énorme, et la part de marché de Gilead sur le marché en forte croissance du VHC s’est hissée à 90 %. En 2014, le chiffre d’affaires (CA) du groupe a explosé de 122 %, de 11,2 milliards à 24,9 milliards USD, et sous l’impulsion de Harvoni (CA de 13,9 milliards USD), il s’est même établi à 32,6 milliards USD en 2015. L’action a ainsi sextuplé, de 20 USD début 2011 à un sommet de 123 USD en juin 2015. À l’époque, le débat s’ouvrait sur les prix élevés des médicaments. Gilead a baissé ses prix début 2016 sous la pression des assureurs-maladie et de la concurrence qui s’intensifiait. Le marché craint par ailleurs un recul du nombre de patients VHC, dans la mesure où ils peuvent désormais être soignés.

L’action a donc reflué de plus de 40 % depuis son sommet en 2015. L’échéance imminente du brevet, en 2021, de Viread, un composant actif des médicaments HIV à succès, est compensée par une nouvelle génération de médicaments (Genvoya, Odefsey et Descovy) sur la base de TAF, une version améliorée de Viread. En conséquence, le CA de la franchise HIV a progressé après neuf mois de 18 %, à 9,5 milliards USD, ce qui est insuffisant cependant pour compenser le repli (-31 %, à 11,6 milliards USD) du VHC.

Le consensus concernant le CA annuel 2016, à 30,2 milliards USD, et pour 2017 et 2018, respectivement à 28,2 et 26,5 milliards. Le bénéfice net par action pourrait s’élever en 2016 à 11,33 USD (8,91 USD après neuf mois ; -10 % par rapport à 2015), et en 2017 et 2018 reculer encore à 10,69 et 10,38 USD. Depuis 2012, Gilead a racheté plus de 297 millions d’actions propres (19 %) et verse un dividende brut, sur une base annuelle, de 1,88 USD par action (2,65 %). La direction est sous pression pour acheter du chiffre d’affaires, mais a pour l’heure conservé une grande partie des moyens disponibles – trésorerie nette fin septembre à 4,4 milliards USD. Gilead nourrit également de grandes ambitions par rapport à sa propre étude sur la stéatose hépatique (NASH).

Conclusion

Nous démarrons le suivi de Gilead Sciences avec un conseil d’achat. L’ancien chouchou de la Bourse a perdu les grâces des investisseurs du fait des doutes entourant l’évolution du CA. La valorisation actuelle représente à peine 6,7 fois le bénéfice attendu pour 2017, et la valeur d’entreprise (EV) de 5 fois le cash-flow opérationnel attendu (EBITDA) pour 2017 escompte un scénario trop sombre. Nous tablons sur un redressement de cours vers 90 à 100 USD.

Conseil : digne d’achat

Risque : moyen

Rating : 1B

Paru sur initiedelabourse.bele 30 janvier

LA DIRECTION EST INVITÉE À ACHETER DU CHIFFRE D’AFFAIRES.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content