Les vacances relancées par un certificat?

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Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

Un vent d’optimisme souffle sur le monde du voyage. Brussels Airlines va mettre en service tous ses avions et ses équipages à partir de juillet. L’aéroport de Charleroi espère arriver cet été à 90% de sa fréquentation de 2019. Ils misent tous sur le certificat covid européen.

A l’aéroport de Zaventem, les tentes sont prêtes pour accueillir les files qui pourraient s’allonger hors de l’aérogare d’ici quelques semaines, dilatées par la distanciation sociale. Trois structures provisoires attendent les voyageurs devant le bâtiment des départs. Brussels Airport n’espère pas un été “normal” à 90.000 passagers par jour, comme avant la pandémie, mais une hausse significative.

L’appétit pour les voyages devrait revenir avec l’arrivée, à partir du 1er juillet au plus tard, du certificat covid européen. Ce document devrait faciliter les voyages dans l’Union européenne en uniformisant les contrôles sanitaires pour éviter les quarantaines. Un QR code (papier ou sur smartphone) attestant soit une vaccination complète, soit un test PCR récent, soit une preuve de guérison du covid, devrait suffire pour voyager.

Toute la flotte en service

L’aéroport de Charleroi va également installer des tentes devant ses bâtiments. “Nous mettons en place un filtrage pour nous assurer que les passagers auront tous les documents sanitaires nécessaires pour voyager, décrit Philippe Verdonck, CEO de BSCA. Ce contrôle avant les contrôles classiques vise à perdre le moins de temps possible dans l’aérogare et à enlever de la pression sur les check-in.”

Les compagnies aériennes qui desservent Charleroi (Ryanair, Wizzair, TUI Fly, etc.) espèrent faire le plein cet été. “Selon les indications qu’elles nous ont fournies, le trafic de l’aéroport devrait arriver à 90% du niveau de l’été 2019”, continue Philippe Verdonck. C’est plus important que le niveau espéré par Brussels Airport. “Nous espérons arriver à 40/45%”, déclare Nathalie Pierard, porte-parole de l’aéroport, lequel est pénalisé par la reprise lente des longs-courriers (inexistants à Charleroi). En mai, Brussels Airport tournait à 18% de son trafic passager “normal”. Brussels Airlines espère faire le plein car elle va mettre en service la totalité de sa flotte de 38 avions et de ses équipages à partir de juillet. La compagnie pensait y arriver en août mais a avancé son programme. Cela représente en fait une capacité d’environ 70% de la compagnie telle qu’elle fonctionnait en 2019 car, sous la pression de la pandémie, la flotte et les effectifs ont été réduits.

A Brussels Airport, trois structures provisoires attendent les voyageurs devant le bâtiment des départs. En prévision des files dilatées par la distanciation sociale.
A Brussels Airport, trois structures provisoires attendent les voyageurs devant le bâtiment des départs. En prévision des files dilatées par la distanciation sociale.© getty images

Pour attirer les touristes, les acteurs du marché se montrent très souples. Brussels Airlines et TUI Fly acceptent les changements des tickets sans frais (rebooking) pour les réservations jusqu’à la fin juillet. “Les voyagistes sont aussi très flexibles”, ajoute Pierre Fivet, porte-parole de l’ABTO, l’association belge des tour-opérateurs.

Tickets plus chers?

Les vols sont-ils plus chers cet été? C’est l’impression qu’ont certains spécialistes du voyage, comme Jean-Christophe Weicker, de Voyages Copine. Il est difficile de faire des comparaisons car tout dépend des destinations. Pour juillet-août, un aller-retour à Malaga avec TUI Fly, bagage de soute compris, se paie facilement 320 euros, contre la moitié en juin. La comparaison est difficile car les systèmes de réservation des compagnies gèrent les prix selon l’offre et la demande. Si un avion est bien rempli, les dernières places sont chères. Si la compagnie ajoute une fréquence, les premières places seront bon marché. Les compagnies expliquent qu’elles ajoutent régulièrement de la capacité. Test-Achats ne confirme ni n’infirme la réalité d’une hausse, elle ne dispose pas d’outils pour mesurer les variations des tarifs aériens, complexes à comparer. Mais elle envisage de s’y mettre.

Premier frétillements

Un premier frétillement de la demande était déjà perceptible en avril, quand l’interdiction des voyages non essentiels a été levée en Belgique (même s’ils étaient déconseillés), puis le passage à l’orange d’un pays comme le Portugal et d’îles grecques et espagnoles. Jusqu’à présent, ces voyages restent soumis aux exigences changeantes des Etats, qui demandent souvent des test négatifs, et le risque de devoir subir une quarantaine au retour si le pays devient rouge. Cela reste sportif. “L’Espagne a récemment changé la règle, passant d’un test PCR de maximum 72 heures à un test de 48 heures”, précise Jean-Christophe Weicker, administrateur délégué des agences Voyages Copine, à Namur. Cela impose pas mal de travail pour informer les clients dont les tests risquaient de ne pas être valables.

Le certificat européen devrait changer tout cela. Pour l’heure, beaucoup de candidats au soleil s’abstiennent, embrouillés par les règles différentes selon les pays et les moments. Le mois de juin est encore compliqué. “Plusieurs pays comme la France acceptent maintenant l’accès sans quarantaine pour les personnes vaccinées mais à l’heure actuelle, la Belgique ne donne pas de certificat aux personnes vaccinées”, relève Julie Frère, porte-parole de Test-Achats. Il faut alors continuer, vacciné ou non, à réaliser des tests PCR, en attendant que le certificat européen soit disponible.

Voyages simplifiés au 1er juillet

  • A partir du 1er juillet, les pays de l’Union européenne vont harmoniser les règles de contrôle sanitaire et accepter un certificat covid numérique standardisé. Il est délivré par les autorités nationales, sous forme d’un code QR qui porte une signature numérique. Il sera présenté aux contrôles sous forme de papier ou numérique (sur un écran de smartphone). Il certifiera soit la vaccination du porteur, soit la réalisation d’un test positif, soit la guérison du covid. La Belgique pourrait mettre ce certificat à la disposition du public dans les derniers jours de juin. Les pays s’engagent à ne pas mettre en place des restrictions supplémentaires, sauf si elles s’avèrent nécessaires et proportionnées pour préserver la santé publique, en cas de variant par exemple, moyennant notification de la Commission européenne et justification.
  • La Belgique a annoncé qu’à partir du 1er juillet, la quarantaine obligatoire au retour des pays “rouges” sera supprimée pour les personnes vaccinées complètement (+ 15 jours), ou qui ont un test PCR négatif dans les 72 heures, ou présentent un certificat de guérison.

Un certificat disponible plus tôt?

Les pouvoirs publics belges avaient indiqué la disponibilité du certificat covid avant l’échéance du 1er juillet, vers le 18 juin. “Nous n’avons encore reçu aucune indication à ce sujet, assure Nathalie Pierard (Brussels Airport). J’ose espérer que le certificat sera mis en place chez nous avant cette date, ce qui est possible car la Belgique participe au projet pilote européen”, espère Julie Frère. A l’heure où vous lirez ces lignes, il l’est peut-être même déjà. Selon notre confrère Le Soir, ce certificat avait des chances d’être disponible à partir du 16 juin, sur le site www.masanté. be ou via une application, CovidSafe.

De toute manière, les test PCR resteront de rigueur durant l’été pour beaucoup de monde, ceux qui n’auront pas été vaccinés complètement, les jeunes, etc. “Notre souci, c’est que les tests PCR sont chers, jusqu’à un millier d’euros pour une famille”, continue la porte-parole de Test-Achats ( lire l’encadré ci-contre). Le gouvernement belge a donc décidé que ce test sera gratuit pour ceux qui n’ont pas pu être vaccinés complètement et les jeunes (deux fois maximum).

Si les vacances reviennent, elles seront sans doute concentrées sur quelques pays, principalement de l’Union européenne. “Les destinations sont surtout celles du bassin méditerranéen, essentiellement l’Espagne, le Portugal, la Grèce, un peu moins l’Italie”, déclare Jean-Christophe Weicker (Voyages Copine) qui observe que le prix des tickets est souvent plus élevé que naguère. “Les compagnies sont encore frileuses sur les plans de vol”, ajoute-t-il. L’administrateur délégué a rouvert prudemment une partie de ses agences pour accueillir les candidats au voyage, qui se multiplient doucement. “Pour le moment, le frein est la quarantaine au retour d’un pays rouge”, note-t-il. Une quarantaine qui ne sera plus exigée à partir de juillet.

Le prix des tests

Les précieux tests, en général PCR, sont payants quasi partout (sauf en France) pour les voyageurs. Selon Test-Achats, une famille peut arriver à payer un millier d’euros en comptant les tests avant chaque départ, plus ceux exigés actuellement à l’arrivée en Belgique (deux tests successifs). Le tableau montre la disparité des prix. Le certificat covid européen va régler la situation pour les personnes vaccinées complètement: elles ne devront plus faire de test PCR (en principe) dans les pays de l’UE. Mais une bonne partie des voyageurs ne seront pas vaccinés complètement: ceux qui n’ont pas encore reçu leur deuxième dose et les jeunes. En Belgique, les tests pour les voyages sont payants, mais le gouvernement a accepté d’en attribuer deux gratuitement à ceux qui n’ont pas eu la possibilité d’être complètement vaccinés, de juillet à septembre.

Les vacances relancées par un certificat?

Surtout l’Europe

L’accès hors de l’Europe reste encore flou. “La Turquie, qui était une destination importante pour nous, en général la deuxième, n’est pas très accessible actuellement”, indique Piet Demeyere, porte-parole de TUI en Belgique. Les voyageurs se reportent alors sur la Grèce ou l’Espagne. Les destinations lointaines comme les Caraïbes, les Etats-Unis ou la Thaïlande sont encore difficiles d’accès. Brussels Airlines va néanmoins reprendre ses vols vers New York et Washington à la mi-juin.

Les compagnies sont prêtes, mais prévoir le volume de voyageurs cet été reste difficile. “Il n’y a pas encore énormément de réservations actuellement”, reconnaît Philippe Verdonck (BSCA). Beaucoup de vacanciers pourraient se décider une fois que le dispositif du certificat européen sera en place et montrera son efficacité à simplifier les voyages.

L’association des tour-opérateurs, l’ABTO, a relevé une croissance dans les intentions de la population. Elle réalise tous les trois mois avec GFK et le GFG (Fonds de garantie) un baromètre des intentions des voyageurs. Entre le sondage de février et celui de mai, la proportion des personnes prêtes à partir en séjour (au moins une nuit) dans les 12 mois est passée de 73% à 76%, contre 84% avant le covid (février 2020).

“Ce qui est intéressant, c’est la proportion des personnes prêtes à partir selon les mois: 21% pour juillet, 16% en août, et, surtout, 23% en septembre, déclare Pierre Fivet, porte- parole de l’ABTO. Pour septembre, c’est bien plus qu’avant le covid: c’est le double.” Ceux qui peuvent partir hors saison préfèrent attendre. Cela montre un certain appétit pour les voyages mêlé à une prudence certaine.

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