Le miracle économique allemand, qui fait tellement d’envieux, est fragile. Il n’est pas tenable à long terme car l’Allemagne a un problème de démographie.
Depuis que la crise a éclaté, c’est le modèle allemand qui apparaît comme le meilleur modèle économique aux yeux des marchés financiers. Pour preuve, le taux de chômage en Allemagne est très faible, sous la barre de 7 % ; le pays est le plus grand exportateur au monde avec la Chine ; ses finances publiques sont relativement en ordre.
Résultat de tous ces bons points : les Allemands peuvent financer leur dette publique à du 1,6 %, alors que d’autres pays, comme l’Espagne et l’Italie, doivent emprunter à du 6 %. Et encore, quand les investisseurs acceptent d’acheter leurs dettes publiques !
Ce miracle économique allemand, qui fait tellement d’envieux, est fragile, cependant. Il n’est pas tenable à long terme car l’Allemagne a un problème de démographie. C’est un pays de personnes âgées, le taux de fécondité des femmes y est l’un des plus faibles d’Europe.
Premier résultat de cette absence de bébés allemands en suffisance : l’Allemagne est en pénurie de main-d’oeuvre qualifiée. Il manque à l’industrie quelque 400.000 travailleurs qualifiés. Les entreprises en sont conscientes, à tel point qu’une firme comme BMW, par exemple, chouchoute ses travailleurs plus âgés, que ce soit sous la forme de cours de physiothérapie ou d’outils de travail ergonomiques. Bref, BMW sait que les plus de 53 ans représenteront environ 50 % de sa force de travail d’ici 10 ans.
Angela Merkel se rend compte du problème et souhaite y remédier. Enfin. Je dis “enfin” car, en Allemagne, les gouvernements qui se sont succédé n’ont jamais osé préconiser une véritable politique nataliste comme c’est le cas en France, où le troisième enfant est fortement aidé par l’Etat. Cette timidité s’explique par les mauvais souvenirs liés aux Nazis et à leur politique nataliste.
L’une des manières d’y remédier serait de favoriser l’immigration qualifiée. Mais c’est un peu tard pour l’Allemagne : en 2004, lorsque l’Europe a ouvert ses portes à huit nouveaux pays d’Europe centrale, l’Allemagne a demandé un moratoire de sept ans avant d’ouvrir ses frontières à ces nouveaux travailleurs. Résultat : tous ces Tchèques, Slovaques et autres Lituaniens qualifiés sont partis qui en Grande-Bretagne, qui en Suisse, qui en Irlande, car les salaires y sont élevés et la connaissance de la langue n’y est pas obligatoire.
Résultat des courses : à présent que l’Allemagne veut ouvrir ses portes, ce sont surtout les ouvriers les moins qualifiés qui sonnent à sa porte, avec le risque de peser encore plus sur les bas salaires. Ce qui prouve que les miracles, fussent-ils allemands, n’ont qu’un temps.