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La crise est-elle vraiment finie ?

La crise est finie. Combien de fois n’avons-nous pas déjà entendu ce refrain ? Or, la crise a tout au plus été quelque peu anesthésiée.

La crise est finie. Combien de fois n’avons-nous pas déjà entendu ce refrain ? Or, la crise a tout au plus été quelque peu anesthésiée. Tout comme on administre une dose d’adrénaline à un patient en phase terminale, nous avons injecté une dose de stimulants à notre économie. Ce traitement a préservé l’économie mondiale du pire.

Un regard sur les chiffres de 2010 nous apprend que 90 % de la croissance doivent être mis au compte des exportations. La Chine y joue naturellement un rôle essentiel. Le wagon belge est tiré par la locomotive allemande qui file vers les marchés d’exportation chinois et autres. L’Allemagne a connu une croissance de près de 4 %, la Belgique n’a réalisé que la moitié. Voilà qui remet les choses dans leur contexte.

On oublie en général de dire que le moteur de la croissance chinoise a aussi été dopé par des stimuli publics. Le gouvernement chinois a injecté des centaines de milliards de dollars dans son économie pour combattre la crise. Le miracle de la croissance chinoise présente donc pas mal de points faibles : à côté des impressionnantes réalisations industrielles qu’a connues l’Empire du Milieu, il y a aussi de nombreux projets de prestige et des villes fantômes.

Problèmes mis sous le paillasson

Par bien des aspects, 2011 fait penser à 2007. On perçoit comme une odeur de problèmes financiers sans qu’ils commencent déjà à sentir mauvais. Le Portugal, l’Irlande, la Grèce, l’Espagne, les haircuts (décotes appliquées aux dettes souveraines) et les stress tests… Tout cela flotte dans l’air mais tout comme avec les subprimes en 2007, on s’efforce de balayer ces problèmes sous le paillasson. Cette fois encore, ce ne sera pas une bonne stratégie de nettoyage. La poussée de l’inflation des matières premières est un autre aspect du parallèle qu’on peut établir entre ces deux années : en 2007-2008, il s’agissait surtout de l’énergie et dans une moindre mesure de l’alimentaire, à présent, c’est l’inverse. La confiance des dirigeants d’entreprise aux Etats-Unis et en Europe n’a jamais atteint un niveau aussi élevé.

Les indicateurs de conjoncture sont donc à leur sommet et il n’est pas nécessaire de développer des modèles économétriques pour prévoir un refroidissement logique au cours des prochains trimestres. La cherté du pétrole fait souffler un fort vent contraire. Les stocks des entreprises sont bien renouvelés. Et les pouvoirs publics doivent vivre selon leurs moyens : cela signifie des stimuli en sens contraire ou des freins supplémentaires à la croissance.

Dans les circonstances actuelles, tout nouveau ralentissement de la croissance est dangereux et susceptible de causer une nouvelle crise. Les Etats et les banques centrales ne disposent plus de marge de manoeuvre pour prendre de nouvelles mesures de soutien, à moins qu’ils n’outrepassent encore davantage les limites de l’orthodoxie. Ce qui implique de graves dangers.

Aujourd’hui, plus personne ne veut encore parler de la nécessité de s’attaquer aux véritables causes de la crise, telles que l’obésité du monde occidental en matière d’endettement. La réforme du système financier (y compris l’euro et le rôle des banques centrales, le shadow banking (activités bancaires parallèles – ou fantômes – échappant au contrôle auquel les banques classiques sont soumises) et l’effet de levier encore toujours trop fort des banques) est aussi au point mort.

Nous n’avons pas adapté notre économie pendant la crise et nous n’avons pas préparé l’économie et la société pour la génération suivante. Au contraire, nous avons contracté des dettes gigantesques pour surtout ne pas devoir nous adapter. Et ces dettes seront refilées à la génération suivante. L’écho de cette crise retentira encore dans 20 ans. Elle n’est pas terminée ; nous nous efforçons simplement de la nier et de l’oublier.

Réactions : trends@econopolis.be

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