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L’iPad va-t-il tuer le quotidien ?

Si ce qui se passe aux Etats-Unis préfigure la situation future sur le continent européen, alors les choses ne se présentent pas bien pour les journaux. La présence de l’iPad ajoute un nouveau défi.

Si ce qui se passe aux Etats-Unis préfigure la situation future sur le continent européen, alors les choses ne se présentent pas bien pour les journaux. Le secteur des médias a déjà traversé une période agitée et voit le danger se préciser depuis quelque temps. Et la présence de l’iPad ajoute un nouveau défi.

Le mois dernier, à Londres, Arthur Sulzberger Jr, le fils et successeur de l’ancien CEO du quotidien The New York Times a tenu des propos qui ont fait sursauter les rotatives. “Nous cesserons d’imprimer The New York Times à l’avenir, nous devons juste encore fixer la date”, a-t-il déclaré. Cette annonce intervient au moment où tous les journaux expérimentent la construction d’un mur payant autour de leur édition électronique.

Changement de stratégie

L’édition papier est mise à mal par la concurrence numérique et cette situation explique le changement de stratégie des éditeurs de journaux. Pendant 60 ans, la vente de quotidiens est restée assez stable aux Etats-Unis, augmentant de concert avec la croissance de la population. Toutefois, à partir du milieu des années 1990 et à un rythme accéléré à partir de 2000, cette vente a commencéà s’effriter outre-Atlantique. Aujourd’hui, des chutes annuelles de 10 % et plus n’ont rien d’exceptionnel. Au cours de ces 10 dernières années, on a ainsi vu disparaître 35 % du tirage des journaux.

Les éditeurs se sont défendus. Deux contre-mesures importantes ont été prises jusqu’à présent : les quotidiens sont devenus plus chers et les frais ont été réduits. Mais en 2010, l’iPad a fait son apparition sur le marché et en un bref laps de temps, il s’en est déjà vendu plus de 5 millions d’exemplaires.

Similitudes avec l’industrie argentique

Le dernier-né de Steve Jobs ne laisse en effet personne indifférent : certains continuent à défendre le contact quotidien avec le papier, d’autres se montrent enthousiastes à propos de cette nouvelle expérience de la lecture des informations via une page d’ordinateur interactive et numérique.

Il existe pas mal de parallèles à établir avec ce qui s’est produit dans le secteur de la photo voici une décennie. Lorsque la photographie numérique en était encore à ses balbutiements, on en parlait sur un ton quelque peu narquois. Mais brusquement, on a assisté à une véritable rupture de digue : les appareils photo numériques se sont vendus comme des petits pains et l’industrie du film argentique s’est trouvée en péril. Cette similitude entre les journaux et les photos se poursuit d’ailleurs aussi au niveau des magasins : aujourd’hui, les kiosques à journaux et librairies ont du mal à survivre tout comme les boutiques photo il y a cinq ans.

Il est cependant étonnant qu’il y ait d’aussi grandes différences entre les Etats-Unis et l’Europe. Sur le Vieux Continent en effet, les médias papier ne souffrent pas encore autant. Les Européens sont peut-être plus conservateurs. La lettre papier a, elle aussi, tenu bon plus longtemps face au courriel dans nos régions. Mais les USA sont simplement en avance par rapport à l’Europe.

Cela signifie que nous pouvons tirer des leçons de leur expérience. Et là-bas, deux éléments font toutefois obstacle à l’érosion des médias papier.

D’une part, les journaux du week-end ont assez bien résisté et d’autre part, les journaux de qualité prestent mieux que les gazettes à sensation. Mais une autre certitude s’impose : ce sont les agences de publicité qui décideront de la percée de l’iPad. Aujourd’hui, elles s’accrochent fermement au papier et dirigent leurs clients vers ce havre de sécurité. On dirait même que les publicitaires ont davantage peur de la révolution numérique que les patrons de presse.

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