L’artiste Catherine Grasser : “L’honnêteté est une qualité aussi importante dans la vie professionnelle que dans la sphère privée”

VOODOO par Catherine Grasser © Justin Paquay

Dans cette rubrique, nous interrogeons un·e entrepreneur·se sur sa manière de concilier style (de vie) et carrière. Cette semaine, nous découvrons la magie blanche et l’obsession des textures de l’artiste Catherine Grasser.

Rendez-vous est pris avec Catherine Grasser. Je vois arriver au loin sa silhouette gracile vêtue d’une longue robe et d’un perfecto noirs. Une couleur qu’elle trouve raffinée à l’instar du blanc omniprésent dans ses collections de pièces uniques ou en séries limitées. Céramiques, broderies et travail de la feuille d’or sont sa marque de fabrique après un cursus en arts plastiques, peinture et restauration d’objets d’art. Elle a deux minutes de retard. Elle s’excuse. Sa politesse et sa fraîcheur n’ont d’égal que son talent.

Pour Catherine Grasser, l’art est un moyen d’expression, une manière d’être et de vivre. Artiste pluridisciplinaire, elle réinterprète les codes en laissant parler son instinct. Dans son dernier projet d’art contemporain VOODOO, on retrouve la pureté et la simplicité des matériaux naturels comme le coton, la corde et la porcelaine. Son obsession des textures aussi. Ici la symbolique bouddhiste se mêle aux codes vaudous pour créer un brassage de symboles dans une démarche positive.

VOODOO par Catherine Grasser
VOODOO par Catherine Grasser© Justin Paquay

Comment conciliez-vous vie privée et activité professionnelle ?

Catherine Grasser : “La question ne s’est jamais vraiment posée. J’ai commencé de manière assez instinctive. J’ai la chance de travailler chez moi, ce qui m’offre une autonomie et une spontanéité totales. La maison remplit le rôle d’atelier. Je n’ai pas de pièce dédiée car je recherche la lumière à chaque instant de la journée. Je travaille sur fond de musique soul. J’aime beaucoup les sets de Nicola Cruz et je suis une inconditionnelle de Serge Gainsbourg aussi. Ma fille, mon compagnon et moi-même gravitons dans cet univers où il règne en permanence une impression de lieu en mouvement.”

Face à la généralisation du numérique, parvenez-vous à vous offrir des moments hors ligne ?

CG : “J’apprécie le côté spontané et direct d’Instagram. Ce réseau est mon principal moyen de communication. Il me permet de présenter mon travail ainsi que mes sources d’inspiration. Mais lorsque je suis en voyage, j’aime me déconnecter pour me rapprocher des gens et m’imprégner des lieux.”

Comment vous habillez-vous pour travailler ?

CG : “Je me sens bien à pieds nus. Je vis à la campagne et je passe ainsi de l’intérieur au jardin. Mes tenues sont cools. Je travaille au sol et je me sens vite entravée par mes vêtements. Alors j’enfile souvent un débardeur et un short en jeans, voire un bikini par fortes chaleurs. Le reste du temps, j’aime porter du Zadig & Voltaire. Leurs robes me plaisent énormément car elles me permettent de me rendre à un rendez-vous professionnel puis privé sans devoir me changer. Et quand je sors, j’adore les talons.”

VOODOO par Catherine Grasser
VOODOO par Catherine Grasser© Justin Paquay

Que souhaiteriez-vous atteindre professionnellement ?

CG : “Vivre uniquement de mes créations tout en allant à la rencontre des artisans à l’autre bout du monde. Le grand luxe ne m’attire pas. J’ai juste besoin d’une case au soleil et d’un espace pour créer, les pieds dans le sable. Je rêve de me rendre à Bali et de découvrir le travail du tissage du rotin ou du bambou. C’est par ailleurs l’île de Saint-Barth qui a inspiré ma première collection.”

Quel est le plus grand luxe à vos yeux ?

CG : “La liberté, sans aucun doute ! Au soleil de préférence. J’aime voyager et découvrir de nouveaux horizons hors des sentiers battus, loin des lieux touristiques. Prendre le temps de me poser et de partager. Découvrir l’autre et s’enrichir mutuellement de notre rencontre. Et fuir la routine à tout prix.”

Comment retirez-vous de la satisfaction de votre travail ?

CG : “Tout d’abord, mon travail me procure un sentiment fou de bien-être. Lorsque je réalise mes pièces, plus rien n’existe, hormis la musique. L’envie de créer m’habite. Il faut que je l’exprime par le biais de la toile, de la porcelaine, du papier, de la photo… Peu importe le vecteur, mon travail devient un moyen de communication. Ensuite, lorsque je le présente et qu’il touche quelqu’un, que le message ou l’intention passe, je me sens comblée. J’essaie de transmettre de bonnes énergies. Je veux que mes pièces procurent ce même bien-être aux personnes qui me les achètent. C’est un véritable échange.”

L’envie de créer m’habite

Quelle est la meilleure leçon que vous a enseignée votre carrière ?

CG : “Être sincère et rester soi-même. L’honnêteté est une qualité aussi importante dans la vie professionnelle que dans la sphère privée. Elle permet d’éviter les regrets, d’avancer et d’évoluer. De plus, il ne faut pas redouter de ne pas savoir. Il n’y a aucun mal à passer pour un ignorant dans certains cas de figure.”

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