Secondes résidences: Georges-Louis Bouchez, la brique et le fisc
N’en déplaise à certains au sein de la Vivaldi, le président du MR se dit très clairement opposé à la suppression de l’avantage fiscal sur les secondes résidences.
“Un petit indépendant qui achète une deuxième maison pour financer sa pension ou pour son enfant n’est pas riche.” La punchline est de Georges-Louis Bouchez. Interrogé par nos confrères de la VRT dimanche dernier dans l’émission De Zevende Dag, le président du MR réagissait aux propos tenus par le Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld) dans le cadre du budget 2022 et qui considère l’avantage fiscal pour une résidence secondaire comme une anomalie. “C’est une anomalie parce que la Flandre a modifié son régime fiscal”, a fait valoir le chef libéral, faisant référence à la suppression du woonbonus en Flandre. “C’est donc une lecture très flamande. Sur un premier logement, il n’y a plus de déductibilité des intérêts d’emprunt en Flandre. En Wallonie et à Bruxelles, il existe encore des mécanismes fiscaux pour l’acquisition de la première maison.”
Une seconde résidence? “Un petit avantage qui permet d’avoir une pension plus assurée.” Georges-Louis Bouchez
Selon Georges-Louis Bouchez, de nombreux petits indépendants possèdent une résidence secondaire parce que “c’est un petit avantage qui permet d’avoir une pension plus assurée”, a souligné le président du MR, estimant que quelqu’un qui a une famille et qui gagne entre 3.000 et 6.000 euros par mois n’est pas forcément riche et doit pouvoir investir ses économies sans se voir systématiquement pénalisé par l’impôt. Et cela, n’en déplaise à Conner Rousseau, son alter ego chez Vooruit. Egalement présent sur le plateau de la VRT dimanche dernier, le jeune président des socialistes flamands continuera à se battre, a-t-il dit, pour que la mesure “disparaisse”, estimant qu’il fallait d’abord aider ceux qui veulent acquérir un premier logement.
Vaste réforme
Bien que partenaires au sein de la majorité fédérale, libéraux francophones et socialistes flamands ne sont donc pas d’accord sur cette question de la déductibilité fiscale des résidences secondaires. Force est pourtant de constater que pour les indépendants prévoyants, il ne reste guère plus que la brique pour compenser leur faible pension légale, dès lors que le compte d’épargne ne rapporte plus rien et que les investissements en Bourse ne sont pas donnés à tout le monde.
Outre des perspectives de rendements appréciables, l’immobilier demeure un placement intéressant dans la mesure où il est aussi globalement “peu taxé en Belgique”, acquiesce Etienne de Callataÿ (Orcadia). Certes, il faut payer un précompte et des droits d’enregistrement qui sont élevés (sauf en Flandre où ce n’est plus le cas). Mais les revenus tirés d’un bien mis en location sont imposés de manière forfaitaire sur la base du revenu cadastral et non sur les loyers réellement perçus. Quant aux plus- values, elles sont en principe exonérées.
C’est d’ailleurs précisément à cause de cette fiscalité avantageuse qu’Etienne de Callataÿ ne suit pas Georges-Louis Bouchez dans son raisonnement. “Il n’y a aucune raison de traiter différemment l’épargne investie dans l’immobilier que toute autre forme d’épargne. Si Monsieur Bouchez était réellement libéral, il se scandaliserait d’une telle distorsion. Une distorsion qui, par ailleurs, alimente la bulle immobilière et pénalise les jeunes dans l’accès à la propriété.” Manière pour l’économiste de rappeler que c’est d’une vaste réforme visant à réduire la taxation des revenus du travail dont notre fiscalité a d’abord besoin. Loin de la question de savoir si on est riche avec 6.000 euros nets par mois ou quand on possède un, voire deux appartements, pour financer ses vieux jours.
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