Olivier Vandooren, directeur du CSTC: “Il faut industrialiser la rénovation du bâti wallon”
La Wallonie doit rénover 1,5 million de logements privés d’ici 2050. Un enjeu colossal. Elle va tester pendant 18 mois une série de procédures standardisées afin d’accélérer les rénovations énergétiques.
1. La stratégie Reno + doit permettre de tripler le rythme annuel de rénovations du parc de logements privés en Wallonie. Comment mettre un tel coup d’accélérateur?
L’objectif est de tester pendant 18 mois une série de procédures standardisées afin d’accélérer les rénovations énergétiques. Et ce, en collaboration avec GreenWin et la Confédération Construction. Un million et demi de logements privés devront obtenir le label énergétique PEB A d’ici 2050 pour rentrer dans les objectifs du Green Deal européen. Le travail est donc gigantesque vu l’état du parc immobilier wallon, dont 70% naviguent entre le F et G. Nous n’avons donc plus le choix, il faut avancer. Nous avons la chance que les planètes s’alignent quelque peu actuellement avec la crise énergétique et la prise de conscience environnementale. Il faut en profiter.
2. Comment procéder pour massifier ces rénovations?
Les recettes du passé ont donné certains résultats mais il faut changer de stratégie si nous voulons multiplier par quatre le nombre de rénovations annuelles. Soit atteindre le rythme de 45.000 logements rénovés par an. Cela ne se fera pas en multipliant la main-d’oeuvre car il n’y en a pas suffisamment. Par contre, c’est possible via des solutions technologiques standardisées. De nombreuses grandes entreprises comme Besix (avec Build Up) ou CFE (via Woodshapers) développent déjà des solutions de type industriel pour actionner une rénovation de masse. L’objectif est vraiment de mettre en place des processus industriels qui donnent une masse critique et permettent de réduire les coûts. Nous ne rénoverons donc pas les maisons une par une mais bien par quartiers ou lotissements en entier. Soit des centaines de rénovations en même temps grâce à la robotisation et la numérisation. La digitalisation du secteur va nous y aider. L’objectif est d’avoir de plus grands chantiers pour diminuer les prix et accélérer les rénovations.
3. La moitié des ménages ne disposent pas des fonds nécessaires pour entamer une rénovation énergétique. Comment soutenir cet élan alors?
C’est une problématique à prendre en compte. Les bas revenus sont les premières victimes d’un logement qui est une passoire énergétique. Amener un logement d’un PEB F vers une norme A coûte entre 40.000 et 80.000 euros. Ce qui fait 2,5 milliards par an jusqu’en 2050! Il faut donc être innovant dans les démarches. Le propriétaire qui vend un bien peut aujourd’hui le vendre très cher. Or, si on peut, par exemple, lier la valeur du bien avec la mise en conformité du PEB, ce coût pourrait être réduit en y ajoutant une obligation de rénovation dans les cinq ans.
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