Levée de fonds: un prêt convertible d’un million pour muscler We Invest

Raphaël Mathieu et Jonathan Pham, les fondateurs de We Invest

D’agence immobilière, la scale-up belge se mue progressivement en une entreprise de marketing et de tech aux services de ses franchisés. Après deux ans de ” pivot “, We Invest compte accélérer sa croissance grâce à une levée de fonds d’un million d’euros, sous forme de prêt convertible.

La crise du coronavirus n’a pas frappé tous les business de la même manière. Si elle a freiné les activités de We Invest, elle n’a pas empêché la scale-up de finaliser une levée de fonds d’un million d’euros. Un processus démarré plus tôt dans l’année, avant le confinement. Avec cette somme, la firme qui déploie un réseau d’agences immobilières franchisées compte structurer ses équipes et lancer le développement commercial en Belgique : d’abord la Wallonie, puis la Flandre, avant d’attaquer la France dans un troisième temps.

Attendre le bon moment

Dans ses bureaux bruxellois, la petite équipe de We Invest se réjouit d’annoncer cette bonne nouvelle malgré le climat morose. Surtout après si longtemps. Car la firme fondée en 2014 pense à lever des fonds depuis pas loin de deux ans. A cette époque, la société avait la forme d’une agence immobilière certes moderne mais avec une stratégie assez classique de développement grâce à des partenaires franchisés. Pour grandir, ses jeunes responsables pensaient à une levée de fonds, processus commun dans l’univers des start-up qui ont besoin de cash pour se développer rapidement. ” Mais, avec le recul, il faut reconnaître que nous n’étions pas du tout prêts “, admet aujourd’hui Raphaël Mathieu, CEO de We Invest. C’est d’ailleurs ce que Joffroy Moreau, consultant en stratégie business et partner au sein du cabinet Ekkofin, avait en son temps fait remarquer aux dirigeants de la scale-up immobilière. ” Pour assurer une création de valeur suffisante pour We Invest, il fallait prendre le temps de lui définir un vrai positionnement stratégique et de structurer cette stratégie en interne “, détaille Joffroy Moreau.

Un travail qui, pour la firme, a fait office de pivot… D’agence immobilière, We Invest allait ainsi progressivement basculer vers une entreprise de marketing et de tech au service d’agences franchisées. C’est en tout cas sous cette forme que la start-up veut se présenter aujourd’hui. Concrètement, elle a développé, en interne, une ” agence marketing ” qui se met intégralement au service de ses franchisés. ” Nous avons une équipe qui accompagne et coache nos agents et nos franchisés sur leurs stratégies locales, notamment à travers la production d’outils marketing et de campagnes digitales, précise Raphaël Mathieu. Nous possédons aussi un e-shop We Invest, en interne, permettant à nos agents de commander automatiquement tous les supports marketing et commerciaux nécessaires à leur métier. Les flux sont totalement automatisés pour leur faire gagner du temps. ”

En outre, We Invest a développé une solution SaaS ( ” software as a service “) qu’elle leur met aussi à disposition pour assurer, en un seul endroit, l’ensemble de leur gestion. ” Cette solution regroupe tous les outils nécessaires à la vie des agents, plaide Joffroy Moreau, leur évitant par exemple de devoir utiliser huit supports différents éparpillés. Sans oublier un coaching poussé et individuel qui va bien plus loin que le dossier de 200 pages qu’un franchiseur classique remet à ses franchisés. ” En résumé, glisse le CEO, We Invest veut se positionner comme un franchiseur qui se met totalement au service de ses partenaires franchisés pour ” leur faciliter au maximum la vie et leur permettre de se consacrer essentiellement à ce qu’ils font de mieux : ce côté humain, relationnel et commercial “.

” L’objectif suivant sera d’aller lever plusieurs millions en Flandre et à Paris, les marchés où We Invest compte se déployer. ” Joffroy Moreau (Ekkofin)© Photos pG

Accélérer le développement commercial

Le business doit, dès lors, ne plus s’opérer essentiellement grâce à la commission sur la vente de biens, mais sur la vente de licences aux franchisés et des services proposés. Un modèle de franchise assez classique où We Invest encaissera 12% du chiffre d’affaires des franchisés. Ce positionnement et cette organisation de la stratégie de la start-up qui compte actuellement 25 collaborateurs en interne et une cinquantaine de commerciaux via sept franchisés, ont été rendu possibles sans financement externe. Comment ? Grâce à l’agence immobilière We Invest de Bruxelles, l’activité historique de la start-up. Celle-ci représente encore l’essentiel de l’activité de la firme : plus de 85% du chiffre d’affaires de 2019 qui s’élevait à 3 millions d’euros. Est-ce à dire que We Invest n’a pas réussi son shift vers la franchise ? Loin de là, mais celui-ci est simplement trop récent. ” Jusqu’ici, nous avons volontairement freiné la croissance de ce positionnement, se défend Raphaël Mathieu. Nous n’avons pas réalisé de prospection active pour recruter des franchisés et avons surtout structuré des partenariats existants. Il fallait d’abord tout bien mettre en place avant de dérouler le plan… ”

Et c’est justement à cette fin que doit servir le million d’euros levé tout récemment auprès de finance&invest.brussels, du fonds privé Seeder Fund ainsi que d’une série de privés dont Jeremy Le Van, figure emblématique de l’écosystème tech (il a revendu Sunrise à Microsoft), et Olivier Witmeur (professeur à Solvay et entrepreneur). De quoi permettre à la société d’encore un peu se muscler : elle compte notamment engager une série de profils marketing, tech et commerciaux. Et investir dans la notoriété de sa marque. C’est qu’elle doit aussi atténuer l’impact de la crise Covid sur la croissance de son business. Pendant les mois de confinement, la vente de biens neufs a, sans surprise, diminué de 40%, la vente de biens existants se révélant elle aussi très faible.

L’option du prêt convertible

Cette levée de fonds a toutefois une particularité : il ne s’agit pas d’une augmentation de capital, mais plutôt d’une obligation convertible. ” L’intérêt de procéder de la sorte, c’est de repousser la grande – et épineuse – question de la valorisation de l’entreprise, précise Joffroy Moreau. Ce qui, en période de crise comme c’est le cas actuellement, est évidemment préférable. ” Cette discussion interviendra au plus tard dans 18 mois, à la fin du terme de cette obligation, ou lorsque We Invest procédera à sa prochaine levée de fonds, en série A. En effet, cette opération serait déjà dans les cartons pour fin 2020 ou début d’année prochaine. ” L’objectif sera d’aller lever plusieurs millions en Flandre et à Paris, les marchés où We Invest compte se déployer, enchérit le partner d’Ekkofin. L’avantage d’avoir déjà levé une partie maintenant, c’est que la scale-up arrivera avec de l’argent en caisse devant les prochains investisseurs, aura déjà l’expérience d’une levée de fonds et des investisseurs qui croient en elle. ” Au moment de la série A, ces derniers pourront alors décider de ” convertir ” leur prêt avec une décote de l’ordre de 20 à 30% sur la valorisation de la firme à ce moment-là…

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